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  • Les « héritiers » d’aujourd’hui: Une mise à l’épreuve empirique du concept soixante ans après Les Héritiers
    No 134 (2024)

    Résumé
    Ce cahier poursuit deux objectifs complémentaires. Le premier vise à définir la notion d’héritiers, popularisée en sociologie de l’éducation par l’ouvrage éponyme de Bourdieu et Passeron, pour aboutir à un concept opératoire. Fort de celui-ci, le second objectif de cet article est d’interroger ce que deviennent les héritiers dans les contextes socioculturels et scolaires contemporains. L’évolution du paradigme de la culture classique au cours des dernières décennies suggère en effet que les héritiers actuels se différencient de leurs prédécesseurs. Pour saisir la manière dont évolue leur rapport à la scolarité et à la culture, leurs attitudes scolaires et pratiques culturelles nous présenterons les résultats d’une enquête par questionnaire menée auprès d’étudiants de l’UCLouvain.
    Mots clés : Héritiers, capital culturel, université, reproduction sociale, transformation des inégalités


    Summary
    This paper is intended to serve two complementary purposes. The first is to define the notion of inheritors, popularised in the sociology of education by Bourdieu and Passeron’s work of the same name, in order to arrive at an operational concept. With this in mind, the second aim of this article is to examine the situation of inheritors in contemporary socio-cultural and educational contexts. The evolution of the paradigm of classical culture in recent decades suggests that today’s inheritors are different from their predecessors. In order to understand how their relationship with schooling and culture has changed, as well as their attitudes and practices at school, we will present the results of a questionnaire survey conducted among students at UCLouvain.
    Keywords: Inheritors, cultural capital, university, social reproduction, transformation of inequalities

  • Quelle structure d’opportunités pour les étudiants adultes ? Une analyse de l’Enseignement de promotion sociale en Belgique francophone
    No 133 (2024)

    Historiquement, en Europe, les finalités de l’éducation des adultes ont oscillé entre la promotion de l’employabilité et de l’émancipation. En vue d’appréhender la tension entre ces deux finalités, cet article cherche à saisir la structure d’opportunités qu’un dispositif d’éducation pour adultes singulier, l’Enseignement de promotion sociale (EPS) en Belgique francophone, offre aux adultes en situation précaire. L’approche par les capabilités, cadre théorique de justice sociale, est convoquée pour analyser les textes préparatoires et législatifs relatifs à l’EPS afin d’identifier la structure d’opportunités mise à disposition des étudiants adultes et les conceptions des adultes mobilisées dans ces textes. Ces conceptions sont analysées à l’aide d’un développement de l’approche par les capabilités, les conceptions anthropologiques proposées par Bonvin et Laruffa (2018), en considérant les individus à la fois comme bénéficiaires (êtres vulnérables), acteurs (êtres capables de contribuer à la société) et juges (êtres capables de prendre des décisions et de s’exprimer concernant ses besoins).
    L’analyse montre que ces textes invitent l’EPS à créer une structure d’opportunités permettant aux étudiants adultes de développer principalement leur employabilité sans toutefois négliger leur émancipation.


    Mots clés : Enseignement de promotion sociale, éducation des adultes, analyse documentaire,
    politiques sociales, approche par les capabilités

  • Une vérité qui ne dérange pas ? Pour une sociologie de l’éducation au changement climatique
    No 132 (2023)

    Hugues Draelants

    L’objectif de cet article est d’esquisser les contours d’une sociologie de l’éducation au changement climatique. Pour ce faire, nous discutons du récit paradoxal sur l’urgence climatique, selon lequel nos sociétés ne réagissent pas alors qu’elles entendent l’alerte. Notre hypothèse est que ce récit d’(in)action publique, devenu leitmotiv, cadre de manière inadéquate la manière dont nous pensons l’éducation au changement climatique. En examinant la manière dont l’éducation au changement climatique a été traditionnellement pensée et pratiquée, nous constatons qu’elle est le plus souvent basée sur un modèle inadéquat qui rend les gens réticents à recevoir des informations sur le changement climatique et crée un fossé entre les attitudes et les comportements. Cependant, nous identifions aussi la montée en puissance de nouvelles façons d’envisager l’éducation au changement climatique. Recourant souvent à l’art, celles-ci semblent prometteuses car rendant sensibles et tangibles les transformations en cours elles peuvent susciter un engagement émotionnel. De manière complémentaire, nous suggérons que la sociologie pourrait contribuer de manière pratique à l’éducation au changement climatique en rendant visible tout ce que la société moderne a masqué et soustrait à notre expérience directe, en raison des grands systèmes complexes qui structurent nos modes de vie.

  • Le Service Citoyen en Belgique : une expérience qui s’inscrit dans les parcours juvéniles
    No 131 (2023)

    Joseph Vaessen et Marc Zune

    Dans un contexte sociopolitique où la question de l’institutionnalisation d’un Service Citoyen en Belgique est de plus en plus soulevée, à l’image des dispositifs similaires de grande ampleur établis dans d’autres pays européens, ce cahier a pour objectif de présenter les résultats d’une étude portant sur l’expérience des volontaires ayant participé au dispositif de Service Citoyen mis en œuvre actuellement par la Plateforme pour le Service Citoyen. Ce dispositif, destiné aux jeunes adultes de 18 à 25 ans, n’a cessé de croitre au cours des dix dernières années et est voué à servir de modèle pour l’institutionnalisation visée par la Plateforme pour le Service Citoyen. En vue de combler l’absence d’étude sociologique indépendante et approfondie sur l’expérience des volontaires qui réalisent un Service Citoyen, cette étude s’appuie sur une méthode compréhensive articulant des entretiens rétrospectifs avec des ancien·ne·s volontaires (n=25), des entretiens compréhensifs avec des responsables du programme et de sa mise en œuvre (n=10) et des séances d’observation des activités constitutives du programme (n=14). Les résultats portent à la fois sur ce qui conduit les jeunes adultes à s’engager en Service Citoyen, sur la façon dont ils·elles vivent leur participation à ce dispositif et sur leurs expériences à la sortie du Service Citoyen. Ce cahier aboutit sur une discussion visant à clarifier la position du Service Citoyen par rapport à des logiques expressives et citoyennes d’une part et des logiques issues du marché de l’emploi d’autre part.

  • Quels sont les programmes efficaces à large échelle pour prévenir le harcèlement à l’école ? Une revue ciblée de la littérature
    No 130 (2023)

    Benoit Galand, Charlie Devleeschouwer, Morgane Senden

    Il n’est pas toujours facile de savoir vers quelles actions de prévention du harcèlement à l’école se tourner. Cette note vise à identifier, décrire et analyser des programmes de prévention du harcèlement qui ont fait l’objet d’évaluations à large échelle. Cinq programmes ont été retenus. L’ensemble des publications relatives à chacun d’entre eux ont été passées en revue afin de présenter ses fondements théoriques, son contenu, et les résultats concernant son efficacité. Notre synthèse met en évidence que certains programmes sont plus efficaces que d’autres, mais qu’il est aussi important de choisir un programme qui correspond au contexte et aux ressources locales de chaque établissement. Il est donc préférable de mettre à disposition des acteurs éducatifs plusieurs programmes validés de lutte contre le harcèlement.

     

  • L'évaluation des compétences des élèves en histoire. Étude des pratiques déclarées des enseignants du secondaire en Belgique francophone
    No 129 (2022)

    Mathieu Bouhon et Jean-Louis Jadoulle

    Près de vingt ans après l’implantation d’une pédagogie de l’intégration, nous avons voulu apprécier dans quelle mesure les enseignants d’histoire de l’enseignement secondaire belge francophone se sont approprié, sur le plan de l’évaluation des compétences, les principes-clés de l’approche situationnelle qu’implique cette pédagogie. Nous avons également voulu identifier les facteurs susceptibles d’expliquer en quoi les pratiques d’évaluation déclarées par les enseignants sont plus ou moins conformes à ces principes.

    L’étude se base sur un questionnaire en ligne administré à 73 enseignants de la 3e à la 6e secondaire. Elle montre que ces enseignants adhèrent majoritairement aux recommandations censées assurer la validité et la fiabilité de leur évaluation. La pratique des rétroactions et, dans une moindre mesure, les pratiques d’auto-évaluation sont également présentes. La proximité de leurs pratiques déclarées avec les principes recommandés est liée, pour une part, aux perceptions qu’ils ont de l’approche par compétences, mais aussi aux perceptions qu’ils ont de la motivation de leurs élèves ainsi que de l’homogénéité et du niveau cognitif de leurs classes. Elle est également corrélée avec leur sentiment d’efficacité en matière d’évaluation des élèves.

    Au-delà de la question spécifique de l’évaluation des compétences dans le cadre d’une pédagogie de l’intégration, cette recherche s’interroge sur l’évolution de la perception de l’approche par compétences par les enseignants d’histoire entre 2001 et 2019. Ceux-ci seraient de moins en moins convaincus qu’elle favorise l’appropriation par les élèves des connaissances et renforce leur motivation ; par contre, la majorité d’entre eux serait plus convaincue qu’elle favorise la capacité des élèves à identifier leurs acquis et leurs difficultés.

  • L'enseignant et le redoublement. Au-delà des idées reçues
    No 128 (2022)

    Caroline De Pascale & Hugues Draelants

    On entend souvent dire qu’il existe une culture du redoublement en Belgique francophone, que le redoublement est une décision prise à la légère, ou que l’enseignant déciderait seul et arbitrairement du sort de ses élèves. L’observation de conseils de classe ainsi que des entretiens avec des professeurs et des responsables de trois établissements très différents permettent de remettre en question ces affirmations encore tenaces. L’enquête, menée en 3e secondaire durant l’épidémie de Covid, montre plutôt que les enseignants n’adhèrent pas sans restriction au redoublement, que leur choix s’inscrit dans un processus longitudinal d’accompagnement de l’échec scolaire et est le fruit d’une délibération collective dont les enseignants ne sont pas les seules parties prenantes. Cette analyse montre ainsi que le contexte est un élément crucial pour comprendre le sens de l’agir enseignant par rapport au redoublement. Elle met en évidence que les études sur la question intègrent trop rarement la dimension sociale de la décision des équipes, les contraintes effectives que celles-ci subissent et les fonctions latentes que remplit le redoublement.

  • Les enseignants face aux missions historiques de socialisation. Vers une fragmentation du champ scolaire ?
    No 127 (2021)

    Dzifanu Nelike K. Tay, Mathieu Bouhon, Branka Cattonar et Vincent Dupriez

    Les changements culturels et structurels qui affectent nos sociétés invitent à renouveler l’intérêt porté à la mission socialisatrice de l’École, et notamment aux possibles variations de cette mission selon les établissements. Pour les analyser, un questionnaire a été adressé aux enseignants d’une quarantaine d’écoles secondaires de Belgique francophone au cours de l’année 2019. Les questions qui leur étaient posées portaient notamment sur leur interprétation et leur priorisation des différentes missions, leurs pratiques de mise en oeuvre de ces missions ainsi que le rapport aux normes qu’ils privilégient. Les résultats montrent que le modèle moderne de formation d’un sujet critique et émancipé reste prégnant, surtout chez les enseignants donnant cours dans l’enseignement de transition ou à des publics favorisés. Pour autant, le sujet à former n’est plus unidimensionnel : non seulement critique et autonome mais aussi épanoui et entrepreneur de lui-même. La mission d’intégration socioculturelle s’est quant à elle complexifiée pour intégrer l’ouverture à la diversité, au pluralisme des valeurs et aux différences individuelles, tandis que la mission de distribution a intégré la construction de compétences et la préparation à l’instabilité. Ces résultats invitent à penser que, surtout dans le qualifiant, les enseignants ont dépassé l’horizon normatif de la modernité classique pour se saisir d’une variété d’orientations normatives. Du côté des pratiques, on observe la coprésence de trois types de rapports aux normes (transactionnel, impersonnel et critique), dosés de manière variable selon la section et les caractéristiques socioéconomiques du public d’élèves. Ainsi la fonction socialisatrice de l’école apparait-elle liée à l’organisation du système éducatif en sections et à la ségrégation de ses publics, dès lors exposés à des expériences de socialisation différenciées. Notre étude n’a en revanche pas mis en évidence de différence significative entre équipes enseignantes opérant dans une même section ou auprès d’un public similaire. Et pas davantage de différences significatives entre réseaux d’enseignement.

  • Processus d’appropriation par les enseignants d’un dispositif d’éducation au politique
    No 126 (2021)

    Robin Dumont et Bernard Delvaux

    L’utilisation croissante par les enseignants de dispositifs conçus par des acteurs externes pose la question de l’appropriation de ces dispositifs par ceux qui ne les ont pas conçus. Cet article analyse le processus d’appropriation d’un projet d’éducation au politique impliquant 60 classes d’écoles secondaires bruxelloises et s’étendant sur plusieurs mois. Identifiant les adaptations effectuées aux différentes phases du projet, les auteurs s’attachent à comprendre ce qui a conduit les enseignants à alléger, étendre ou transformer le dispositif pédagogique. Ils mettent en évidence le rôle que jouent les écarts 1) entre les prérequis de certaines activités du projet et les compétences réelles ou supposées des élèves ; 2) entre la forme des activités proposées et des activités scolaires habituelles ; 3) entre la conception de l’éducation au politique sous-jacente au projet et celles des enseignants. De ces observations, ils dégagent certaines recommandations pour l’adaptation du projet analysé et plus généralement pour les projets qui, comme celui-là, combinent plusieurs types d’activités et font interagir des classes de profils différents.

  • Au-delà de l'école. Quand l’expansion éducative rompt avec la forme scolaire

    Au-delà de l'école. Quand l’expansion éducative rompt avec la forme scolaire
    No 125 (2021)

    Pieter Vanden Broeck

    En 2014, la Commission européenne a introduit une réforme de ses programmes de financement dans le domaine de l’éducation, en les regroupant sous une seule bannière, baptisée « Erasmus+ ». Avec ce nouvel instrument, elle finance un large éventail d’activités éducatives qui vont bien au-delà des limites de ce que Guy Vincent appelait autrefois la « forme scolaire ». Le programme exprime ainsi clairement le credo de l’Europe selon lequel « aucune institution, école ou entreprise ne peut prétendre, à elle seule, être en mesure de développer les compétences nécessaires » dans la nouvelle « société de la connaissance ». Cet article interroge la curieuse coïncidence entre la création d’un espace éducatif européen et la corrosion des contours institutionnels de l’école. Il montre comment le développement de cette éducation transnationale reflète et s’écarte à la fois de la morphogenèse du système scolaire national. En prenant appui sur le cadre théorique de Niklas Luhmann, il interprète l’européanisation de l’éducation comme un processus d’expansion de l’éducation qui permet de dépasser les limites des systèmes nationaux et d’élargir considérablement les limites de ce qui est habituellement considéré comme éducation.

  • L'étudiant face à son projet de formation. Présentation et première évaluation d’un dispositif d’accompagnement innovant
    No 124 (2021)

    Véronique Leroy, Mikaël De Clercq, Florence Stinglhamber et Mariane Frenay

    Pour contribuer à l’état de l’art sur l’évaluation des dispositifs d’accompagnement des étudiants, cet article propose une première évaluation du dispositif « Projet de formation ». Tout au long du bachelier, ce dispositif combine le double objectif de soutenir l’étudiant dans la construction de son projet professionnel et dans son adaptation au monde universitaire. Au moyen d’un échantillon composé de 610 étudiants répartis en quatre groupes annuels, la présente étude propose d’évaluer (1) l’évolution du projet professionnel et de l’adaptation au monde universitaire, (2) l’impact perçu du dispositif sur cette évolution et (3) l’utilité relative des différentes activités composant le dispositif. Les résultats de cette première étude évaluative montrent que (1) les étudiants progressent de façon continue dans leur adaptation et la construction de leur projet professionnel pour atteindre un niveau élevé en fin de bachelier, (2) le dispositif est jugé de plus en plus utile pour l’insertion professionnelle au fil des années mais pas pour l’adaptation au monde universitaire et (3) une majorité d’activités sont jugées plus utiles pour le développement professionnel que pour l’adaptation au monde universitaire. Les résultats de cette étude sont discutés en fin d’article ainsi que les perspectives futures et les implications qui peuvent en découler.

  • L'enseignement de promotion sociale au croisement des chemins
    No 123 (2021)

    Joseph Pirson

    L’enseignement de promotion sociale est étroitement lié à l’histoire de la formation et de l’éducation des adultes depuis plus d’un siècle. Toutefois, peu d’études scientifiques sont disponibles à propos de cet enseignement, en comparaison de celles dédiées à l’enseignement secondaire obligatoire ou supérieur ordinaire. Dans une perspective sociohistorique, ce cahier vise à combler ce déficit de connaissances et à rendre compte de l’évolution de l’enseignement de promotion sociale en Belgique francophone. Il décrit d’abord les circonstances d’élaboration du décret fondateur de 1991, puis montre en quoi sa mise en oeuvre a contribué à façonner la réalité actuelle d’un enseignement modulaire, extrêmement diversifié et entretenant des relations de coopération conflictuelle complexes et évolutives avec d’autres opérateurs d’enseignement et de formation. Documentant de manière précise les décisions, les débats et les pratiques, ce cahier met le doigt sur plusieurs tensions dynamiques récurrentes qui jalonnent l’histoire de ce type d’enseignement, et notamment les tensions entre le droit individuel à se former et l’obligation de s’adapter tout au long de l’existence, ainsi qu’entre des objectifs de démocratisation de l’enseignement et des options plus technocratiques.

  • Le partenariat entre écoles et acteurs éducatifs externes. Différenciation et adaptation dans un contexte d'expansion éducative et organiationnelle
    No 122 (2020)

    Lisa Devos

    Face aux mutations rapides de la société dès la fin du XXe siècle, les écoles semblent compter de plus en plus sur les organisations de leur environnement pour assumer la diversification de leurs missions. Ainsi, le partenariat scolaire a-t-il pris de l’ampleur au cours des dernières décennies, au point de devenir une norme pour les personnels scolaires et les organisations de leur environnement. Cet article resitue d’abord la croissance de ces collaborations dans le cadre des évolutions sociétales, montrant en quoi cette croissance est liée à la globalisation, l’expansion de l’éducation, l’instanciation de l’acteur organisationnel ou la pluralisation des références normatives. Il analyse également, à partir d’une recherche documentaire et d’une enquête qualitative dans le champ des « éducations à », comment ces phénomènes sociétaux se concrétisent sur le terrain local. Les données empiriques révèlent une double dépendance entre écoles et organisations extérieures. Cette relation apparait cependant asymétrique, au désavantage des acteurs non scolaires, forcés de s’adapter aux contraintes de l’école tout en construisant leur légitimité sur leur différence par rapport aux objets et à la forme scolaires. Dans une dernière partie, cet article analyse en quoi l’ouverture des écoles à leurs partenaires contribue à la fragmentation et à la réinstitutionnalisation du champ scolaire.

  • L’évolution de la profession enseignante vue par les acteurs syndicaux : une étude de cas en Fédération Wallonie-Bruxelles
    No 121 (2020)

    Branka Cattonar et Vincent Dupriez

    Quelle place le groupe professionnel enseignant occupe-t-il dans l’organisation du champ scolaire ? Quels sont les savoirs utiles à la profession et comment les acquiert-on ? Sous l’angle théorique de la sociologie des professions, ce texte rend compte du point de vue adopté par les acteurs syndicaux autour de telles questions. Ces points de vue sont appréhendés à partir de l’analyse documentaire des textes produits par les principaux syndicats enseignants en relation avec deux réformes qui débutent ou vont débuter en Fédération Wallonie-Bruxelles : le Pacte pour un enseignement d’excellence et la réforme de la formation initiale des enseignants. L’analyse des positions syndicales rend compte d’une demande manifeste d’un renforcement de la formation initiale des enseignants afin notamment de garantir une maitrise solide à la fois des savoirs à enseigner et des savoirs issus des sciences humaines permettant de fonder et questionner le travail éducatif. Les syndicats plaident aussi pour davantage de pouvoir aux équipes éducatives au sein des établissements. A l’échelle du système éducatif, les syndicats cherchent surtout des alliances avec l’autorité publique garantissant une gestion concertée du système éducatif et l’autonomie des professionnels.

  • Le numérique va-t-il révolutionner l’éducation ?
    No 120 (2020)

    Benoît Galand

    Quelle place donner au numérique et à l’informatique en éducation ? Le débat est vif entre ceux qui affirment qu’il s’agit d’une priorité incontournable pour répondre aux défis éducatifs d’aujourd’hui et aux besoins de notre économie, et ceux qui pensent qu’il s’agit d’une menace pour le développement intellectuel et la santé de nos enfants. L’objectif de ce texte est de faire une synthèse des études concernant les effets du numérique sur les élèves. Plus précisément, sept idées courantes autour du numérique en éducation sont discutées : l’interactivité et le caractère multimédia du numérique boostent l’apprentissage ; le numérique favorise l’autonomie des apprenants ; le numérique est plus motivant ; jeux vidéo et programmation permettent de développer des compétences transversales ; les savoirs sont disponibles en ligne, donc plus besoin de les enseigner et de les apprendre ; les apprenants d’aujourd’hui sont fondamentalement différents de ceux qui les ont précédés ; le numérique permet de faire baisser les coûts de l’éducation. Les résultats indiquent que ces idées sont largement erronées. Au regard des apprentissages, le numérique n’apparaît ni meilleur ni pire qu’un autre outil ou support, mais présente des coûts cachés souvent peu évoqués.

  • Quelles sont les écoles qui combinent excellence et mobilité sociale? Une analyse empirique internationale
    No 119 (2020)

    Jean Hindriks et Mattéo Godin

    Dans cet article nous introduisons le concept de l’« école de la chance ». Il s’agit d’une école qui réussit le double test d’efficacité et de mobilité sociale. A partir des données PISA rassemblées au niveau des écoles dans 34 pays, le test d’efficacité d’une école consiste à faire réussir ses élèves (au test PISA) au-delà des performances attendues au niveau national compte tenu des origines socio-économiques de ses élèves. La performance attendue au niveau national est déterminée par le rang scolaire attendu d’un élève en fonction de son rang social. Cette performance attendue conditionnelle au rang social de l’élève varie d’un pays à l’autre. Le test de la mobilité d’une école compare la mobilité sociale de ses élèves à la mobilité sociale des élèves dans les autres écoles. La mobilité sociale d’un élève est définie comme le rapport entre son rang scolaire et son rang social. Dans chaque pays des écoles sont ainsi identifiées comme « école de la chance » sur base de la réussite de ce double test. Nous cherchons ensuite à déterminer sur base d’une analyse empirique les traits communs de ces écoles de la chance. Parmi ceux-ci, on retrouve la composition sociale, la mixité sociale, la politique de sélection des élèves, l’attitude des enseignants et l’approche pédagogique. En particulier, les écoles de la chance semblent recourir plus souvent à une pédagogie différenciée et sont caractérisées par une mixité sociale élevée.

  • Lorsque la psychologie cognitive s’intéresse au décret Missions. Constats et recommandations
    No 118 (2020)

    Serge Dupont et Pierre Bouchat

    La Communauté française de Belgique a posé, lors du vote du décret « Missions », des choix pédagogiques en faveur de l’approche par compétence, de la pédagogie de la découverte et de la différenciation. Ceux-ci visaient à répondre à des problématiques bien réelles, par exemple celles des savoirs morts ou encore des inégalités. De récentes synthèses en psychologie cognitive viennent cependant questionner ces approches pédagogiques. L’objectif de cet article est de proposer une revue de la littérature qui a examiné les effets de différentes approches sur l’apprentissage de compétences ainsi que sur les performances des élèves originaires de milieux défavorisés. Notre constat est que (1) rien ne prouve la plus-value des approches promues par le décret « Missions » ; (2) leur application naïve risque d’abaisser le niveau général des élèves et (3) d’augmenter les écarts de performance entre les élèves issus de milieux favorisés et défavorisés. Dans la discussion, nous analysons, au regard des recherches mentionnées, les résultats de la dernière étude PIRLS et nous examinons certaines propositions présentes dans l’avis central n° 3 du Pacte pour un enseignement d’excellence.

  • Insertion professionnelle des docteur.es récemment proclamé.es Enquête auprès de quatre universités de la Fédération Wallonie-Bruxelles
    No 117 (2019)

    Nathan Gurnet et Bernard Fusulier

    Face à la croissance du nombre de doctorant.e.s et de titulaires d’un titre de docteur en Fédération Wallonie-Bruxelles, les auteurs de cet article ont voulu saisir leur insertion professionnelle au cours des mois qui suivent la soutenance de la thèse. Pour ce faire, une enquête a été menée en 2017 et 2018 auprès de 268 docteur·es récemment diplomé·es à l’Université Libre de Bruxelles, l’Université de Mons, l’Université Saint-Louis et l’Université catholique de Louvain. Outre le suivi mois par mois de leur insertion sur le marché de l’emploi (statut d’emploi, secteur d’activité…), tenant compte entre autre des champs disciplinaires et du sexe, les auteurs mettent en évidence une relation entre les parcours pré-doctoraux et post-doctoraux. En effet, ils observent que les docteur·es qui ont connu au préalable des situations d’emploi dans d’autres milieux professionnels que l’université, ont une tendance à avoir une insertion dans l’emploi hors université facilitée. La réalisation d’une thèse de doctorat sur fonds propres favorise une trajectoire professionnellement plus précaire après la thèse. Pour celles et ceux qui n’ont connu que la recherche scientifique, soit elles/ils poursuivent une carrière à l’université, soit elles/ils se retrouvent aussi dans des trajectoires marquées par la précarité professionnelle, un peu comme s’il leur était difficile d’envisager un autre horizon professionnel. Avoir un objectif clair en fin de thèse de poursuivre ou non au sein de la carrière académique paraît être un déterminant des trajectoires post-doctorales également. Ces résultats ne sont pas sans interpeller les politiques d’accompagnement et d’éventuels programmes de mentorat que mettent en place les universités.

  • L’étudiant sur les sentiers de l’enseignement supérieur. Vers une modélisation du processus de transition académique
    No 116 (2019)

    Mikaël De Clercq

    Basé sur le manque de compréhension fine du processus de transition académique, cet article propose une modélisation théorique de ce phénomène. Ancrée dans la littérature scientifique sur l’ajustement de l’étudiant en première année de l’enseignement supérieur et sur la base du modèle des cycles de transition de Nicholson, une modélisation dynamique en quatre temps est proposée. Ce modèle apporte une compréhension descriptive et dynamique du processus d’ajustement de l’étudiant qui permet d’identifier les principaux défis liés à cette transition et les leviers d’actions pouvant être activés pour accompagner l’étudiant. Cet article permet également au lecteur d’obtenir une vision synthétique de la problématique de la transition académique.

  • Le redoublement n’est pas un médicament. Réponses et pistes pour une approche modérée et réflexive de son usage
    No 115 (2019)

    Hugues Draelants

    Ce Cahier est une réponse au texte publié par Galand et al. dans les Cahiers des Sciences de l’éducation et intitulé « Le redoublement est inefficace, socialement injuste et favorise le décrochage scolaire », qui se proposait de revenir et de « compléter » une de mes analyses parue dans le n°113 des Cahiers de recherche du GIRSEF. Je reviens d’abord sur l’objectif poursuivi dans ce Cahier initial avant de répondre à mes collègues en examinant leurs arguments. La critique que je développe est double, elle porte d’une part sur les preuves qu’ils avancent dans leur texte pour tenter de minimiser mes conclusions et réaffirmer leur dénonciation du redoublement et d’autre part elle contient, plus fondamentalement, une critique de la démarche par les preuves (evidence-based policy) en tant que telle pour orienter la politique d’éducation. Au-delà de cette réponse, ce Cahier est donc aussi l’occasion de prolonger mon analyse initiale et d’alimenter la discussion sur les recherches en éducation et ses liens avec l’action publique. Je conclus mon propos par quelques réflexions sur les recherches complémentaires à mener à propos du redoublement et sur l’attitude qu’il conviendrait, selon moi, d’adopter à l’égard de cette pratique. Au-delà de la nécessité de développer la recherche d’alternatives efficaces au redoublement, qui devraient toujours être envisagées avant d’y recourir, je suggère de penser les conditions de possibilités d’un usage plus réflexif du redoublement.

  • L’université aux risques de l’économie de la connaissance, ou quelles finalités pour l’université aujourd’hui ?
    No 114 (2019)

    Michel Molitor

    Le texte proposé dans ce numéro des Cahiers du Girsef est rédigé par Michel Molitor, sociologue et professeur émérite de l’Université catholique de Louvain (UCLouvain). Ce texte est une version retravaillée d’une leçon publique qu’il a donnée au Collège de Belgique le 8 novembre 2017. Intitulée L’université à travers les réformes et les transformations du monde de l’éducation et de la recherche ces dernières années, cette leçon, inscrite dans une perspective historique, proposait une réflexion sur les profondes transformations qu’a connues l’université et interrogeait ses finalités actuelles.

    Si les Cahiers du Girsef publient traditionnellement les travaux des membres du Girsef, le plus souvent sous la forme d’un work in progress, le texte proposé ici se rapproche davantage d’un essai. L’auteur retrace de façon documentée l’évolution qu’a connu le système universitaire belge francophone en l’inscrivant dans une perspective globale et historique. Michel Molitor livre également son point de vue à partir des transformations de l’université qu’il a vécues tout au long d’une carrière. Il nous invite dès lors à réfléchir sur ces finalités et à les expliciter.

    Il nous a semblé important de publier cette réflexion car elle soulève un ensemble d’interrogations qui sont au cœur des recherches menées par les membres du Girsef sur les systèmes éducatifs : le rôle attribué à l’éducation, sa globalisation, les réponses que l’éducation apporte aux injonctions toujours plus nombreuses qui lui sont adressées, les transformations organisationnelles des établissements, l’accueil qu’elle réserve aux apprenants, etc.

    Pour que le lecteur puisse situer le propos de l’auteur, ce texte introductif présentera tout d’abord le parcours institutionnel de Michel Molitor. Les sections suivantes s’attarderont des éléments contextuels de l’enseignement supérieur belge francophone et du processus de Bologne.

  • Le redoublement est-il vraiment moins efficace que la promotion automatique ? Une évidence à réinterroger
    No 113 (2018)

    Hugues Draelants

    Dans le monde de la recherche en éducation, l’idée que le redoublement est une pratique globalement négative s’est largement imposée suite à un certain nombre de synthèses, déjà anciennes, de la littérature de recherche américaine sur la question. Le ré-examen de cette littérature montre que ses conclusions qui aboutissent à la dénonciation pédagogique du redoublement sont fondées sur des études méthodologiquement fragiles et des méta-analyses qui tendent à occulter les débats au sein de la communauté scientifique sur les effets du redoublement. Par ailleurs, les résultats des recherches plus récentes qui utilisent des méthodologies beaucoup plus sophistiquées montrent que les études antérieures ont sous-estimé les effets positifs du redoublement. Si les résultats des recherches scientifiques actuelles sont nettement plus favorables au redoublement, il reste néanmoins impossible dans l’état actuel des connaissances de départager de manière incontestable le redoublement et le passage automatique de classe. L’article plaide donc pour que les chercheurs fassent preuve de davantage de prudence dans leurs recommandations et pour poursuivre l’effort de recherche afin de préciser les conditions et les contextes dans lesquels un redoublement s’avère plus profitable pour l’enfant qu’une promotion et ceux dans lesquels c’est l’inverse qui est préférable. En attendant, le choix consistant à privilégier redoublement ou passage automatique de classe devrait par conséquent fonder sa légitimité sur des bases politiques plutôt que scientifiques.

  • Predicting achievement among Belgian university adult students: an integrative approach
    No 112 (2018)

    Gil Vertongen, Françoise du Viron, Kristel Vignery and Frédéric Nils

    Using an integrative approach to predict adult students’ achievement in university programs, 37 predictors were identified within the literature on academic success among traditional and adult students. These predictors were classified into four categories and tested using a questionnaire survey on a sample of 824 participants. Measured outcomes consisted in two dichotomized variables: objective (success or failure) and subjective (perceived impact) achievement. Logistic regression analyses showed that only emotional engagement predicted both types of achievement. Enrolment in a master degree (rather than a bachelor), staggering procedures, previous experience in continuing education, past academic success, self-efficacy beliefs and extracurricular activities positively influenced objective achievement. On the other hand, high self-regulated learning, positive perceptions of teachers care for contextualised learning, high utility value, good academic integration, low perceived cost value and low perceived self-esteem obstacles were the most powerful predictors of subjective achievement. These results highlight the importance of considering personal, psychological and environmental predictors in modelling adult university achievement.

  • Living together in an uncertain world. What role for the school?
    No 111 (2017)

    Eric Mangez, Mathieu Bouhon, Branka Cattonar, Bernard Delvaux, Hugues Draelants, Xavier Dumay, Vincent Dupriez, Marie Verhoeven

    In the pages that follow, we examine the place of norms and values in late modernity. We particularly underscore the paradox that, in many areas, we have at the same time fewer and fewer certainties and more and more knowledge; we then consider the role of the school in this context and put forward some proposals for a research programme.

  • "Faire société" dans un monde incertain. Quel rôle pour l'école?
    No 110 (2017)

    Eric Mangez, Mathieu Bouhon, Branka Cattonar, Bernard Delvaux, Hugues Draelants, Xavier Dumay, Vincent Dupriez, Marie Verhoeven

    Dans les pages qui suivent, nous nous intéressons à la place des normes et des valeurs dans la modernité tardive ; nous soulignons en particulier le paradoxe qui veut que nous disposions à la fois de moins en moins de certitudes et de plus en plus de connaissances dans une diversité de domaines ; nous nous interrogeons alors sur le rôle de l’école dans ce contexte et nous formulons des propositions pour un programme de recherche.

  • Assessing Content and Language Integrated Learning (CLIL) in French-speaking Belgium: linguistic, cognitive, and educational perspectives
    No 109 (2017)

    Philippe Hiligsmann, Luk Van Mensel, Benoit Galand, Laurence Mettewie, Fanny Meunier, Arnaud Szmalec, Kristel Van Goethem, Amélie Bulon, Audrey De Smet, Isa Hendrikx, Morgane Simonis

    In times of globalization, policies increasingly promote multilingualism as a strong social and economic asset. One way to foster multilingualism in education is Content and Language Integrated Learning (CLIL), a didactic method in which school subjects are taught in a different target language than the mainstream school language. In the French-speaking Community of Belgium, schools have been allowed to provide CLIL education in Dutch, English or German since 1998. To this day, however, we only have an incomplete and fragmented view on how CLIL differs from non-CLIL education and on how it impacts second/foreign language acquisition. The aim of this contribution is threefold: (a) to discuss the particularities of CLIL education in French-speaking Belgium, (b) to give an overview of the research conducted on CLIL education in French-speaking Belgium, and (c) to briefly present the goals of a large-scale longitudinal and interdisciplinary study currently being conducted at Université catholique de Louvain and Université de Namur. This interdisciplinary study aims to make a strong empirical and theoretical contribution to both the public debate and the ongoing international scientific discussions on multilingualism in general and CLIL in particular.

  • Que font les écoles accueillant des élèves défavorisés des moyens supplémentaires qui leur sont alloués?
    No 108 (2017)

    Laetitia Desmet, Vincent Dupriez, Benoit Galand

    Faire en sorte que la réussite scolaire dépende le moins possible de l’origine socioéconomique des élèves, et donc éviter que l’école ne reproduise ou ne renforce les inégalités sociales, est une préoccupation importante de la plupart des systèmes scolaires modernes. Dans cette étude, nous interrogerons la mise en œuvre du décret encadrement différencié en Belgique francophone. Plus particulièrement, nous essayerons de comprendre l’usage que font, sur une période de quatre ans, cinq établissements secondaires des moyens supplémentaires qui leur sont alloués sur la base du public qu’ils accueillent. Nous tentons d’appréhender – à partir d’enquêtes par questionnaire – l’évolution du climat scolaire perçu par leurs élèves, ainsi que la motivation à apprendre de ces derniers. À partir d’observations qualitatives réalisées dans chacun des établissements, nous tenterons également d’identifier les conditions les plus favorables au changement des pratiques pédagogiques qui, au final, pourraient avoir un impact positif sur la scolarité et la réussite des élèves. Ces monographies d’établissement sont l’occasion d’analyser dans quelle mesure et à quelles conditions des politiques d’éducation prioritaire allouant davantage de moyens à certaines écoles, en leur laissant l’autonomie de décision et de planification de l’usage de ces moyens, affectent l’expérience et la réussite scolaire des élèves. Les évolutions constatées auprès des élèves sont très modestes et les résultats soulignent la grande difficulté à (re)mettre le pédagogique, et donc les apprentissages des élèves, au cœur de la dynamique collective d’établissement. Ces observations interrogent certains postulats et certaines modalités de la politique d’encadrement différencié elle-même.

  • Peut-on réconcilier proximité et mixité sociale? Simulation d'une procédure numérique d'affectation des élèves aux écoles primaires bruxelloises
    No 107 (2017)

    Nico Hirtt et Bernard Delvaux

    Il est largement admis que le libre marché scolaire joue un rôle prépondérant dans les mécanismes de ségrégation scolaire et qu’il est, de ce fait, l’un des facteurs explicatifs des inégalités sociales qui caractérisent l’enseignement belge. Certains songent dès lors à remettre en cause le principe de libre choix d’école en envisageant des procédures centralisées d’affectation des élèves aux écoles. Mais de tels dispositifs n’ont de sens et n’ont de chance de succès que s’ils garantissent au minimum une composition sociale plus ou moins similaire pour tous les établissements scolaires. Une telle garantie pourrait en effet réduire la propension des familles à chercher une école de l’entre soi. C’est dans cet esprit qu’une association belge, l’Appel pour une école démocratique, recommande que les pouvoirs publics proposent (sans obligation) aux parents une place dans une école qui serait à la fois proche de leur domicile et socialement mixte. La faisabilité d’un tel projet dépend de nombreux paramètres. L’un d’eux tient à la possibilité de combiner les critères de proximité et de mixité. C’est cette possibilité qui est évaluée dans ce Cahier. Nous y présentons la mise au point d’un logiciel et son test sur des données relatives à l’enseignement primaire ordinaire de la région bruxelloise. Les résultats sont encourageants. Il apparaît en effet qu’avec certains réglages du logiciel, il est possible, pour les Bruxellois scolarisés en primaire, de ramener la distance moyenne domicile-école à 910 m, contre 1,3 km actuellement, tout en abaissant significativement les indices de ségrégation sociale et en éliminant pratiquement les « écoles ghettos ». Ces résultats démontrent qu’il est techniquement possible de concilier proximité et mixité sociale dans un environnement urbain pourtant fortement ségrégué, comme c’est le cas de Bruxelles.

  • Équité et efficacité des systèmes scolaires: une comparaison internationale basée sur la mobilité sociale à l'école
    No 106 (2016)

    Jean Hindricks et Mattéo Godin

    Les travaux visant à comparer l’équité des systèmes scolaires entre pays reposent principalement sur le gradient social entre l’indice de l’origine socio-économique des élèves et leurs résultats au test. Ces travaux ont débouché sur des débats pour savoir s’il faut cibler les politiques et efforts pédagogiques sur les élèves faibles ou sur les élèves socialement défavorisés (via la mixité sociale ou un financement différencié). Dans les tests PISA, l’indice socio-économique (ESCS) est basé sur le diplôme et la profession des parents, mais aussi les ressources éducatives et culturelles de la famille. Le gradient social mesure l’impact de l’origine social des élèves sur leurs résultats aux tests. C’est un impact moyen qui ignore la distribution des résultats autour de cette moyenne. L’approche de l’égalité des chances est différente puisqu’elle s’intéresse au lien entre la distribution des résultats scolaires et l’origine sociale des élèves. On peut avoir deux systèmes scolaires avec le même gradient social en moyenne mais des distributions autour de la moyenne très différentes en raison notamment de la proportion d’élèves résilients. Dans cet article nous proposons une comparaison internationale des systèmes scolaires des pays de l’OCDE en termes de mobilité sociale à l’école sur base des résultats des tests PISA entre 2003 et 2012 en mathématiques. Nous calculons pour chaque pays, la mobilité individuelle des élèves sur base de leur rang social comparé à leur rang au test PISA en mathématiques dans leur pays. Nous agrégeons ces mobilités individuelles à l’aide d’un indicateur de mobilité inter-décile qui privilégie la mobilité ascendante, et en particulier celle des élèves en bas de la distribution socio-économique. Cet indice de mobilité inter-décile indique la possibilité pour les élèves d’origine sociale très faible, de déjouer les pronostics (basés sur la ligne du gradient social) et d’échapper ainsi à l’emprise du milieu social. Nous comparons ensuite les pays sur base de leur mobilité sociale interdécile. Nous obtenons une corrélation positive de 40 pour cent entre mobilité sociale à l’école et résultat moyen d’un pays au test PISA entre 2003 et 2012. A l’inverse, nous trouvons une corrélation négative (de – 58 pour cent) entre mobilité sociale à l’école et inégalités scolaires (entre élèves ou entre écoles). Nous baptisons cette relation la courbe de Gatsby de l’école en référence à la courbe de Gatsby des revenus. Nous comparons notre contribution aux travaux en sociologie de l’enseignement.

  • Vers un recouplage politique/pratique? Études de cas dans l'enseignement secondaire belge francophone
    No 105 (2016)

    Samir Barnaba, Sébastien Dellisse, Xavier Dumay et Vincent Dupriez

    Ce Cahier s’intéresse aux effets locaux induits par le recours à de nouveaux instruments de régulation des systèmes éducatifs tels que les évaluations externes standardisées. Dans une perspective néo-institutionnaliste, l’analyse porte en particulier sur les possibilités de « recouplage » entre les politiques et les pratiques scolaires que permettent peut-être de tels instruments. Cette analyse repose sur trois études de cas extensives menées en Belgique francophone au sein d’établissements contrastés au regard de leur projet et de leur position dans le quasi-marché scolaire. Les résultats font apparaître une diversité de réactions vis-à-vis des instruments d’évaluation externe et une appropriation au final très relative de ces instruments, qui semble souvent davantage cérémonielle qu’effective.

  • Organizational Identity of Universities: A Review of the Literature from 1972 to 2014
    No 104 (2015)

    Xavier Dumay, Hugues Draelants et Aubépine Dahan

    Organizational identity provides an increasingly large number of researchers with a theoretical lens for examining current transformations of the university. The primary objective of this article is to propose an extensive, systematic overview of the literature published on the subject between 1972 and 2014. The analysis of 120 empirical studies reveals a literature which is rich but dispersed, in theoretical, epistemological and methodological terms alike; thriving since the 2000s, it is mainly US but increasingly globalised. After identifying six main research categories according to the classical distinctions found in the organizational identity literature, we propose a series of avenues for discussion bearing on the status of identity as an indicator of changes at work in the university, their level and depth, the linkage between the concepts of market and institutional field and finally, the epistemological implications of the international nature of this literature.

  • Test de l'efficacité de deux dispositifs d'aide à la réussite en première année à l'université : remédiations précoces et blocus dirigés
    No 103 (2015)

    Gil Vertongen, Frédéric Nils, Sarah Gadiolo, Christophe Masson, Marielle Dony, Sandrine Vieillevoye et Valérie Wathelet

    La massification de l’accès à l’université et le taux d’échec important en première année ont poussé les institutions universitaires belges à proposer de nombreux dispositifs d’aide à la réussite. Leur inventaire chronologique est d’abord présenté, avec une attention particulière au projet « Passeports pour le Bac » (test de prérequis à l’entrée suivi par des remédiations) et au blocus dirigé de décembre. L’effet de ces deux dispositifs sur les résultats obtenus par les étudiants aux examens de janvier constitue le cœur de l’article. Les analyses sont effectuées par pairage entre plus de 150 étudiants ayant participé à au moins un de ces dispositifs et d’autres étudiants n’y ayant pas pris part mais présentant un profil similaire. Les résultats de cette étude montrent l’effet prédictif des résultats aux Passeports et l’impact positif des remédiations sur les notes obtenues aux examens, surtout dans le cadre de prérequis disciplinaires (vs transversaux). La participation au blocus dirigé, quant à elle, permet aux étudiants les plus faibles d’améliorer leurs résultats.

  • Autonomie des universitaires, autonomie des universités
    No 102 (2015)

    Aubépine Dahan

    Le concept d’autonomie occupe une place centrale dans les travaux sur l’enseignement supérieur, qu’ils se situent en sociologie des professions ou en théorie des organisations. Dimension considérée comme caractéristique de la condition académique par les académiques eux-mêmes, présentée comme facteur explicatif principal de la forme organisationnelle des universités, elle est souvent également mise en avant dans les questions de recherche des travaux sur l’enseignement supérieur : En quoi est-elle caractéristique d’une certaine forme organisationnelle ? Constitue-t-elle le facteur explicatif des supposées difficultés à faire changer les universités? Comment est-elle visée plus ou moins directement par les réformes ? Est-elle réellement menacée? Dans ce contexte, il nous a paru intéressant de revenir sur cette notion, tout d’abord en précisant quelles conditions d’activités concrètes elle a désigné au cours de l’histoire, puis en discutant son caractère quelque peu réifié et générique dans les recherches sur la transformation des universités, pour finalement proposer des éléments de relativisation de la notion d’autonomie, notamment d’un point de vue épistémique.

    Le premier objectif de ce travail est donc de rappeler que l’« autonomie » qui s’est en effet quelque peu émancipée de ses conditions concrètes d’existence pour acquérir une dimension générique décrivant la condition académique, revêt des réalités concrètes différentes selon les pays et les époques. Le second objectif est de réfléchir à la place de l’autonomie dans les recherches sur l’enseignement supérieur et de montrer à quel point cette dimension a été centrale dans les études organisationnelles sur les universités, ainsi que de réfléchir à la manière dont elle oriente la construction des questions de recherche sur le sujet. Ces deux axes invitent à reconsidérer la place de l’autonomie à la fois dans la réalité de la condition universitaire et dans les recherches organisationnelles sur l’enseignement supérieur. Il s’agit donc d’élargir la focale sur les universités comme objet d’étude, de les resituer dans un paysage institutionnel et social plus large, afin de repenser et peut-être renouveler les questions de recherche permettant de les étudier.

  • Les écoles primaires anglaises face aux classements de performance, entre évitement et tentation
    No 101 (2015)

    Sébastien Bar, Xavier Dumay et Hugues Draelants

    Cet article repère dans la littérature scientifique trois réponses typiques dont disposent les personnels des établissements scolaires pour faire face aux classements de performance : des réponses cognitives, identitaires et organisationnelles. Il présente ensuite une enquête comparant les réactions de deux écoles primaires anglaises face aux classements de performance. L’analyse empirique montre qu’en pratique les acteurs scolaires combinent ces diverses réponses, et que l’effet des classements sur les organisations dépend moins d’une position objective dans le classement que du sens que les acteurs scolaires lui attribuent localement et de leur capacité à se le réapproprier pour valoriser leur identité. Les résultats présentés font ensuite l’objet d’une discussion qui porte sur les enjeux de visibilité, d’authenticité et d’opacité au cœur des marchés « informés ». La maîtrise des impressions organisationnelles ne se traduit pas nécessairement par la fabrication d’images inauthentiques de la part des établissements mais plutôt par une nécessité et une volonté de clarifier leur projet scolaire dans un environnement saturé d’informations diverses. La question de la pertinence des classements et de la nature de la transparence permise par les évaluations externes est également soulevée. Un établissement bien classé n’étant pas nécessairement un bon établissement du point de vue des parents, on s’interroge sur les implications des classements sur la production des inégalités scolaires.

  • La ségrégation scolaire, reflet déformé de la ségrégation urbaine
    No 100 (2014)

    Bernard Delvaux et Eliz Serhadlioglu

    Cette étude porte sur les enfants qui résident ou sont scolarisés en région bruxelloise et qui fréquentent une école maternelle ou primaire dépendante des Communautés francophone ou flamande. Elle traite donc de deux systèmes éducatifs qui sont rarement analysés conjointement. A partir de données statistiques livrées par les deux Communautés pour les années 2008 à 2011, elle vise à comprendre la répartition des enfants entre des quartiers socialement différenciés et entre des écoles elles aussi diversifiées en termes de composition sociale. Nous nous demandons d’abord si la ségrégation observable au plan résidentiel est plus ou moins marquée que la ségrégation au plan scolaire. Nous nous demandons ensuite dans quelle mesure la première ségrégation résidentielle explique la seconde. Pour répondre à ces deux questions, nous nous attachons dans un premier temps à décrire la répartition résidentielle des enfants. Nous mettons en évidence la double logique (socio-économique et communautaire) structurant cette répartition spatiale. Dans un second temps, nous montrons que la ségrégation scolaire est plus accentuée que la ségrégation résidentielle mais aussi qu’il y a de plus gros effectifs d’enfants dans les écoles favorisées que dans les quartiers favorisés. Nous expliquons une partie de ces décalages par les flux scolaires entre la région et sa périphérie. Mais nous soulignons que la cause principale de ce différentiel de ségrégation est à chercher du côté des mobilités spatiales et sociales des « internes », c’est-à-dire des enfants domiciliés et scolarisés à Bruxelles. Le libre choix permet en effet aux plus favorisés d’un quartier d’accéder à des écoles socialement plus favorisées que celles dans lesquelles s’inscrivent leurs voisins moins dotés en capitaux. Ces constats, qui s’écartent des analyses attribuant à la ségrégation résidentielle l’essentiel de la ségrégation scolaire, ouvrent des questions à propos des régulations à mettre en place pour favoriser davantage de mixité. Mais ils questionnent aussi ce qui fonde les comportements vecteurs de ségrégation dans le chef des écoles et des familles, et plus fondamentalement les raisons qu’il y a à souhaiter davantage de mixité scolaire.

  • Le choix de l'école en Belgique francophone: de l'individualisation à la bureaucratisation?
    No 99 (2014)

    Hugues Draelants

    Ce cahier se propose d’esquisser les contours d’une sociologie du choix de l’école en Belgique francophone, à partir d’une réflexion sur les résistances et les difficultés de mise en oeuvre rencontrées par la réforme des inscriptions en première année de l’enseignement secondaire. Il développe notamment l’idée que cette réforme rend plus compliquée l’individualisation du choix de l’école qui prévalait jusqu’ici et qui était particulièrement valorisée par les parents des milieux privilégiés. A partir d’une enquête exploratoire menée dans un établissement très demandé, il montre comment familles et direction s’ajustent à ce nouveau contexte et conclut sur les risques potentiels d’inégalités de choix scolaire induits par ces évolutions.

  • De la persévérance à la réussite universitaire: réflexion critique et définition de ces concepts en contexte belge francophone
    No 98 (2014)

    Mikaël De Clercq, Nathalie Roland, Serge Dupont, Philippe Parmentier et Mariane Frenay

    Les problématiques de la persévérance et de la réussite à l’université ont fait couler beaucoup d’encre parmi les chercheurs en psychologie et en sciences de l’éducation. Cependant, malgré une vaste littérature sur le sujet, force est de constater que ces deux concepts ne sont pas toujours clairement définis. De plus, les conceptualisations et opérationnalisations existantes manquent de consensus. Le but de cet article théorique est donc de pointer les limites actuelles de la littérature concernant la conceptualisation et l’opérationnalisation de ces deux concepts et d’en exposer les conséquences. Ensuite, nous développerons une conceptualisation et une opérationnalisation rigoureuse de ces deux concepts dans le contexte belge francophone. Nous discuterons également du lien existant entre persévérance et réussite, de l’intérêt de leur promotion dans le système éducationnel belge et des implications de notre réflexion sur les prochaines recherches dans le domaine.

  • La modélisation du processus de choix d'études supérieures: apports et limites
    No 97 (2014)

    Alvaro Gonzalez Sanzana

    Ce cahier de recherche, après une brève discussion du concept de choix d’études, poursuit comme objectif principal de passer en revue une série de modèles de choix d’études supérieures issus de différentes disciplines telles que l’économie et la sociologie, principalement en provenance de la littérature anglo-saxonne. Nous centrerons notre attention sur les modèles combinés, qui décrivent le processus de choix d’études en étapes ou phases et qui intègrent diverses perspectives théoriques et méthodologiques, tout en permettant d’analyser les processus décisionnels en partant d’une double porte d’entrée : les individus et les établissements scolaires. Nous mettons en avant les apports de la modélisation du choix d’études mais aussi leurs limites, et l’importance de creuser des analyses qualitatives plus fines dans ce domaine de recherche largement dominé par les études quantitatives.

  • D'un arbitraire à l'autre. Réflexion sur la pertinence du concept de "violence symbolique" en sociologie de l'éducation
    No 96 (2014)

    Philippe Hambye et Jean-Louis Siroux

    Cet article interroge la valeur heuristique et la pertinence du concept de « violence symbolique » en sociologie de l’éducation. Dans une première section, les auteurs discutent le concept en le restituant dans la théorie bourdieusienne de la domination symbolique. Ils examinent ensuite deux modalités par lesquelles l’institution scolaire produit de la violence symbolique. En premier lieu, la conviction que les résultats scolaires dépendent de l’intelligence et du mérite individuel a pour conséquence que l’inégalité des chances reste relativement épargnée par les critiques des élèves. En second lieu, et de manière plus décisive encore, la naturalisation du processus de conversion des performances scolaires en privilèges sociaux tend à soustraire la question de l’inégalité (des places) du débat démocratique.

  • Décrire et prédire le turnover des enseignants dans les établissements de la Fédération Wallonie-Bruxelles
    No 95 (2014)

    Xavier Dumay

    Cet article vise à décrire et à comprendre le turnover des enseignants dans les établissements d’enseignement de la Fédération Wallonie-Bruxelles à partir de l’analyse de bases de données administratives. Les analyses montrent 1) que les taux de turnover enseignant calculés à l’échelle de l’établissement sont sensiblement supérieurs aux taux de turnover rapportés dans la littérature pour d’autres systèmes scolaires, 2) d’importantes disparités entre établissements, et 3) que ces disparités entre établissements sont liées i) au type d’élèves accueilli dans l’établissement et aux évolutions de population élèves d’une année scolaire à l’autre, ii) au type de personnel enseignant engagé dans l’établissement (au pourcentage d’enseignants nommés, titulaires d’un diplôme pédagogique ou novices dans la profession), iii) au réseau d’appartenance des établissements, et enfin, iiii) aux interactions entre la composition socioéconomique des établissements et leur réseau d’appartenance. Les analyses suggèrent ainsi que pour comprendre le turnover enseignant, il est réducteur de limiter l’analyse aux caractéristiques propres des établissements (que celles-ci soient de type organisationnel ou liées à leur positionnement sur le quasi-marché local), et qu’il importe de saisir la nature particulière des marchés du travail dans lesquels se dessinent les trajectoires de mobilité des enseignants.

  • Pratiques et représentations juvéniles de l'écriture à l'ère d'internet
    No 94 (2013)

    Ce cahier présente les principaux résultats d’une recherche sur les pratiques et les représentations de l’écriture menée auprès d’adolescents de 15 ou 16 ans scolarisés dans un établissement d’enseignement secondaire général en Belgique francophone. L’écrit, qui est au cœur des technologies de la communication, occupe une place centrale dans la vie quotidienne de ces jeunes. Si les formes d’écriture instrumentales et tournées vers autrui dominent, des formes d’écriture plus expressive et intimiste sont également très répandues, en particulier chez les filles. L’enquête analyse également le rapport des jeunes au français standard. Assez classiquement, on constate que ce rapport varie selon le contexte d’usage. En revanche, le conformisme dont font preuve les jeunes interrogés vis-à-vis de la norme orthographique interpelle. En ce domaine, les variations de langage sont peu acceptées. Ce résultat, qui est apparu comme majeur et surprenant, dans la mesure où ces jeunes entretiennent un rapport plutôt relâché et approximatif à la norme orthographique, conduit les auteurs à souligner fortement la dimension morale de l’écriture.

  • Aspirations et sentiment de compétence à suivre des études supérieures
    No 93 (2013)

    Dans ce cahier, on étudie la façon dont les aspirations et le sentiment de compétence à suivre des études supérieures, en particulier universitaires, varient parmi les élèves belges francophones de sixième secondaire, en fonction de l’auto-évaluation de leurs performances scolaires et du degré de sélectivité de leur établissement. A partir d’analyses quantitatives, on montre notamment que les différences d’aspiration entre élèves augmentent avec la sélectivité des établissements. En revanche, les différences relatives au sentiment de compétence à suivre des études supérieures ne suivent pas la même tendance, elles sont maximales dans les établissements moyennement sélectifs. Des entretiens qualitatifs menés dans deux établissements contrastés permettent d’approfondir ces résultats et de constater la difficulté que ces élèves éprouvent à évaluer leurs compétences à suivre des études supérieures : les élèves des écoles « faibles » ayant tendance à se surestimer et les élèves des écoles «fortes» ayant tendance à se sous-estimer. Ce qui n’empêche pas les uns et les autres, pour des raisons différentes, de s’estimer capables de réussir de telles études. Ce décalage entre aspirations et sentiment de compétence est mis en relation avec les règles institutionnelles d’accès à l’enseignement supérieur qui prévalent actuellement en Belgique francophone et qui rendent difficile pour un élève d’évaluer son niveau scolaire autrement que par rapport à une norme locale, celle de la classe et de l’établissement scolaire fréquenté.

  • Les enseignants débutants en Belgique francophone: trajectoires, conditions d'emploi et positions sur le marché du travail
    No 92 (2013)

    En Belgique francophone, la question des enseignants débutants est à l’agenda depuis de nombreuses années mais la connaissance statistique de leurs trajectoires date et demeure sommaire. Ce Cahier contribue à enrichir ces connaissances. Il se fonde sur des données de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la sécurité sociale. Il s’intéresse tout autant aux trajectoires durant les premières années qu’aux probabilités de sortie précoce de la profession. Au-delà de la description de ces phénomènes, l’étude propose une analyse fouillée des facteurs qui les expliquent. Il en ressort notamment que les trajectoires des enseignants débutants sont très variées et qu’elles se modulent notamment en fonction des éléments contextuels (niveaux et types d’enseignement, zones géographiques ou réseaux), des profils individuels (type de diplôme, âge et genre) ainsi que des modes d’entrée dans la profession. L’analyse des données conduit les auteurs à proposer un déplacement de la manière dont est actuellement problématisée la question des débuts de carrière. A leurs yeux, s‘il ne faut pas négliger le problème de l’accompagnement et du soutien en début de carrière, il importe de traiter aussi le problème de la (trop) grande différence de position sur le marché du travail entre les enseignants débutants et les enseignants « établis ».

  • L’absentéisme en formation pour adulte est-il influencé par le dispositif de cours ?
    No 91 (2013)

    Les recherches sur l’absentéisme des étudiants dans l’enseignement supérieur non obligatoire se basent essentiellement sur des interviews ou des questionnaires à postériori. Nous avons cherché à objectiver la perception qu’avaient des enseignants du Master en Sciences de l’Éducation de l’Université catholique de Louvain (Belgique) d’une augmentation sensible de l’absentéisme ces dernières années. Le phénomène est d’autant plus questionnant que notre type d’enseignement s’adresse à des adultes en situation professionnelle, supposés motivés.

    Pour cette recherche, nous avons développé un cadre d’analyse original emprunté des analyses organisationnelles de l’absentéisme au travail et nous avons mis en œuvre un relevé des présences par auto-déclaration pendant le cours, garantissant l’anonymat.

    Pour les deux années de Master, en 2010-2011, nous obtenons un taux effectif global de 22 % d’absents, tandis que les taux effectifs d’absentéisme par cours varient de 5 % à 32 %. Cette recherche confirme également l’influence de certaines variables organisationnelles externes sur le taux d’absentéisme comme la taille des groupes, l’année d’étude ou le type de cours. Les variables organisationnelles internes aux cours comme les méthodes pédagogiques ou le mode d’évaluation ne semblent pas, dans cette étude, déterminants.

  • Continuité et avancées dans la recherche sur la formation des enseignants
    No 90 (2012)

    Ce cahier vise à faire le point quant aux avancées de la recherche sur la formation des enseignants depuis une quinzaine d’années. Un état de la question avait été effectué par douze experts francophones en 1996 dans la première édition de l’ouvrage « Former des enseignants professionnels. Quelles stratégies ? Quelles compétences ? » sous la direction de L. Paquay, M. Altet, E. Charlier et P. Perrenoud. Le présent cahier constitue l’avant-propos de la 4e édition revue et augmentée de cet ouvrage. Il met en lumière des acquis et des questionnements nouveaux quant au concept même de professionnalisation, aux référentiels de compétences, aux processus de construction des compétences, à la pratique réflexive, à la définition des savoirs de référence et aux stratégies et dispositifs professionnalisants... ces multiples aspects étant systémiquement articulés. Cette vue panoramique fait percevoir la continuité des problématiques depuis 15 ans mais également quelques évolutions majeures, tout particulièrement quant à la nécessité d’une approche programme et de la mise en place de dispositifs d’analyse de l’activité enseignante pour former des enseignants professionnels.

  • Regard sociologique sur l’articulation de la vie professionnelle avec la vie familiale
    No 89 (2012)

    Ce Cahier contient une réflexion sur les raisons qui poussent aujourd’hui le sociologue à considérer l’articulation de la vie professionnelle avec la vie familiale (APF) comme un objet d’étude digne d’intérêt. Synthétisant les résultats des recherches qu’il a menées depuis une dizaine d’années sur le sujet, l’auteur propose une problématisation de cette articulation, qu’il situe au cœur des transformations sociales contemporaines. Il s’intéresse ensuite aux médiations sociales que sont les espaces organisationnels et professionnels où s’expriment concrètement la rencontre et la transaction entre les évolutions globales (structurelles et culturelles), les contextes institutionnels, et les aspirations et comportements individuels. Ce faisant, il met en avant des dimensions peu prises en considération dans la pensée et l’action publiques en la matière, celles qui concernent les attitudes des entreprises et les appartenances professionnelles.

  • Être infirmière et parent : une approche compréhensive des engagements et des parcours professionnels en Belgique francophone
    No 88 (2012)

    En Belgique, le groupe professionnel des infirmières est non seulement important d’un point de vue quantitatif, mais est également stratégique dans la politique et la pratique des soins de santé. Il n’est dès lors guère étonnant qu’il soit souvent présent dans les débats publics en lien avec la question de la pénibilité du métier et la problématique des pénuries de main-d’œuvre. Dans cet article, à côté d’une contextualisation de ce groupe professionnel, les auteurs proposent une approche de l’expérience professionnelle des infirmières, tenant compte de différents moments clés du parcours professionnel et de ses interférences avec le parcours de vie dans son ensemble. Ainsi, sur la base d’une soixantaine d’entretiens à caractère biographique, ils analysent les motivations de l’entrée dans cette profession et leur confrontation au réel après quelques années de pratique ; le vécu de l’engagement professionnel et de l’articulation du travail avec la vie familiale ; et le maintien dans l’emploi et l’aménagement de la fin de carrière pour les infirmières de 45 ans et plus. Ce groupe professionnel étant fortement traversé par la logique de genre, la question des différences entre les hommes et les femmes est posée, sous l’angle original des logiques masculines dans un domaine « féminin ». Ce regard sociologique sur la profession infirmière tenant compte de l’articulation de la vie professionnelle avec la vie familiale et du genre permet non seulement de mieux la comprendre, mais aussi de mieux saisir la possibilité de contrer ce qui est politiquement qualifié de pénurie ou d’hémorragie, en agissant sur le système de travail et son organisation pour le rendre plus soutenable.

  • Réussir à l’université : l’influence persistante du capital culturel de la famille
    No 87 (2012)

    Cette recherche porte sur l’influence du parcours scolaire des jeunes et du capital culturel (institutionnalisé) des familles sur la réussite en fin de première année à l’université et dans la suite du parcours académique (redoublement, réussite de la première année universitaire au bout de deux ans). L’analyse de données empiriques collectées en Belgique francophone met en évidence une influence du diplôme des parents sur la réussite de la première année universitaire, même après contrôle de variables relatives à la trajectoire scolaire antérieure. De même, la décision, suite à un premier échec, de redoubler à l’université plutôt que de « partir » vers l’enseignement non universitaire ou le marché du travail, est influencée par le diplôme du père. Ces résultats sont discutés en prenant notamment en considération les spécificités du contexte de l’enseignement secondaire et supérieur en Belgique francophone.

  • Nationalité et parcours scolaire en Belgique francophone
    No 86 (2011)

    La question du poids des variables ethniques sur la réussite scolaire est une question récurrente. Ces dernières années, en Communauté française de Belgique, elle a surtout été instruite sur la base des données PISA. Le présent article travaille cette question à partir de données administratives. Celles-ci permettent de suivre sur trois ans les trajectoires scolaires de l’ensemble des élèves scolarisés en Communauté française en janvier 2005. Les limites de ces données, liées notamment au fait que la notion d’immigré n’est abordée que par la variable nationalité, sont compensées par d’autres atouts tels que leur exhaustivité. Le traitement statistique, centré sur huit groupes de nationalité, montre que les élèves ayant l’une de ces nationalités réussissent, en moyenne, moins bien que les Belges, quel que soit l’indicateur mobilisé. Mais cet ensemble d’élèves est loin de se comporter de manière homogène. Leurs trajectoires dépendent notamment de la phase où se trouve l’élève entre l’arrivée en Belgique et l’éventuelle naturalisation, la position scolaire étant moins bonne pour les primo-arrivants que pour les étrangers ayant gardé leur nationalité, et pour ces derniers que pour les étrangers récemment naturalisés. De telles observations soulignent combien les analyses gagneraient à traiter les variables socio-économiques et ethnique dans une perspective dynamique plutôt que statique. Nous montrons également que les huit groupes de nationalités présentent des comportements assez nettement différenciés et que l’indice socio-économique reste un puissant prédicteur des trajectoires, même si la nationalité semble avoir un impact résiduel, qu’il importe d’interpréter correctement.

  • Comment expliquer le dépôt différé du mémoire de fin d’étude ?
    No 85 (2011)

    Le présent article propose une analyse d’un phénomène peu étudié dans la littérature jusqu’à présent : le dépôt différé du mémoire de fin d’étude. Dans une première partie, nous tentons de comprendre ce qu’est le mémoire ; plus précisément, nous répondons aux questions : d’où vient-il ? Quels sont les objectifs pédagogiques sous-jacents d’un tel travail ? Dans une deuxième étape, nous analysons l’ampleur du dépôt différé du mémoire à travers des données récoltées par le service d’étude de l’Université catholique de Louvain à Louvain-la-Neuve. Nous analysons également l’effet de variables sociodémographiques sur ce phénomène. Dans une troisième étape, nous évaluons, sur base de deux études — l’une quantitative et l’autre qualitative — réalisées dans le courant de l’année 2009-2010, les déterminants du dépôt différé du mémoire. Enfin, nous proposons des pistes d’intervention afin de diminuer l’ampleur de ce phénomène.

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