No 135 (2025): L’école inclusive comme enjeu interstitiel : coordination et division du travail éducatif au sein d’une plateforme intersectorielle en Fédération Wallonie-Bruxelles

Résumé
Dans un contexte de transformation des politiques publiques marqué par le décloisonnement sectoriel et la promotion de l’inclusion, cet article interroge la manière dont se divise et se coordonne le travail éducatif au sein d’une infrastructure institutionnelle intersectorielle. À partir d’une étude de cas approfondie menée en Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB), nous analysons le fonctionnement d’une plateforme intersectorielle zonale réunissant des représentants de l’Enseignement obligatoire, de l’Aide à la jeunesse et de la Santé mentale. L’objectif est de comprendre comment des organisations issues de secteurs historiquement distincts parviennent — ou non — à ajuster leurs logiques d’action autour de l’enjeu transversal de l’école inclusive. Pour ce faire, nous mobilisons un cadre théorique combinant la théorie des champs institutionnels — en particulier la notion de champ interstitiel — et l’approche écologique des formes organisationnelles. L’analyse met en évidence l’émergence d’un espace interstitiel structuré par une infrastructure commune, au sein duquel se jouent des processus d’ajustement, mais aussi des tensions autour de la division du travail éducatif et de la concurrence entre formes organisationnelles. Sur le plan empirique, l’étude repose sur une méthodologie qualitative articulant analyse documentaire, entretien exploratoire et observation directe. Les résultats montrent que certaines formes — plus souples, horizontales et centrées sur une approche globale du jeune — sont plus en mesure de répondre aux exigences partenariales de la plateforme. À l’inverse, les organisations plus verticales et cloisonnées rencontrent davantage de difficultés à s’y inscrire pleinement. Cette recherche contribue à éclairer les dynamiques de coordination intersectorielle et de recomposition de l’action publique autour d’enjeux complexes tels que l’inclusion.
Summary
In a context of public policy transformation marked by sectoral decompartmentalization and the promotion of inclusion, this article examines the coordination and division of educational work within an intersectoral institutional infrastructure. Based on an in-depth case study conducted in the Federation Wallonie-Brussels (FWB), we analyze the functioning of a zonal platform bringing together representatives from the Education, Youth Assistance, and Mental Health sectors. The objective is to understand how organizations from historically distinct sectors manage—or fail—to adjust their logics of action around the cross-cutting issue of inclusive education. To do so, we draw on a theoretical framework that combines institutional field theory—particularly the concept of interstitial fields—and the ecological approach to organizational forms. The analysis highlights the emergence of an i of adjustment occur, but also tensions around the division of educational labor and competition between organizational forms. Empirically, the study relies on a qualitative methodology combining document analysis, exploratory interviews, and direct observation. The results show that some organizational forms—more flexible, horizontal, and centered on a holistic approach to the child—are better able to meet the partnership demands of the platform. In contrast, more hierarchical and compartmentalized organizations face greater difficulty in fully engaging. This research contributes to a better understanding of intersectoral coordination dynamics and the reconfiguration of public action around complex issues such as inclusion.