No 15 (2015): La construction scientifique des sexes

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Coordonné par Cécile Charlap, Stéphanie Pache et Laura Piccand. Coordination éditoriale (au sein d’Émulations) : Ghaliya Djelloul.

La naturalisation des sexes, c’est-à-dire leur appréhension comme un « fait de nature », constitue probablement à la fois la cible du constructivisme le plus nécessaire et son objet le plus difficile. L’évidence de l’existence de catégories de sexes et de corps sexués apparaît si tangible que leur production sociale reste difficile à penser. Le caractère ardu de cette tâche est renforcé par le fait que les sciences sont tout aussi empreintes de cette conception essentialiste des sexes. C’est pourquoi les études sociales et historiques des sciences et de la médecine jouent un rôle essentiel dans la compréhension des processus de naturalisation. La période contemporaine conçoit communément la nature comme l’objet le plus pur de la science la plus exacte, prêtant ainsi une force de vérité plus grande aux positions naturalistes, autorisées à revendiquer plus d’objectivité, qu’aux programmes constructivistes. La dichotomie objectivité/subjectivité a ainsi été longtemps appliquée avec l’idée que la nature serait hors du social et constituerait un « bon objet » de cette objectivation, alors que les objets des sciences sociales seraient trop complexes pour être rigoureusement objectivés, en particulier car nous faisons partie de ce tissu social. Nous avons ainsi choisi d’intituler ce numéro « La construction scientifique des sexes », avec le projet d’aborder de front la pertinence de ces oppositions, en prenant pour point d’intérêt central les catégories de sexe, suivant par-là la lignée des travaux entrepris sur ce thème par les études féministes des sciences et de la médecine (Fausto-Sterling, 2000 ; Gardey & Löwy, 2000 ; Rouch et al., 2005).

 

Publiée: 2015-08-18

Éditorial

Entretien