Emulations - Revue de sciences sociales https://ojs.uclouvain.be/index.php/emulations <p><em>Émulations</em> est une revue de sciences sociales internationale à comité de lecture (évaluation par des pairs en double aveugle). Elle publie quatre numéros par an aux Presses universitaires de Louvain, ainsi que des articles varia, des entretiens et des comptes rendus en ligne, le tout en libre accès. Tous les numéros thématiques sont issus d'un appel ouvert à coordination de numéros thématiques, de même que tous les numéros sont composés d'articles issus d'un appel ouvert à articles (la revue ne publie donc pas en tant que tel des "actes de journées d'études ou de colloque" sous le format de numéro thématique). Les versions papier des derniers numéros peuvent être commandés via la librairie en ligne <strong><a href="http://www.i6doc.com/fr/revues/?collection_id=276">i6doc.com</a></strong>. <em>Émulations</em> est publiée avec l'aide financière du Fonds de la recherche scientifique-FNRS (Belgique).</p> Presses universitaires de Louvain fr-FR Emulations - Revue de sciences sociales 2030-5656 La construction du fait raciste. Les apports des enquêtes statistiques à la sociologie du racisme https://ojs.uclouvain.be/index.php/emulations/article/view/primondoytchevagastaut <p>Prenant appui sur les enseignements de deux enquêtes statistiques en France – Trajectoires et Origines (Ined-Insee, 2008) et le panel à dix ans de Génération 1998 (CEREQ) – Jean-Luc Primon revient sur l’apport des enquêtes statistiques à la factualisation, mais aussi à la « sociologisation » du racisme. À partir d’un questionnement sur la manière dont s’y opérationnalise la notion de racisme, il montre comment ces dispositifs permettent de dépasser l’assimilation du racisme aux seuls préjugés ou agressions pour documenter des notions telles que « racisme structurel », « racisme institutionnel » ou encore « racisme systémique ». Le recours aux procédés et résultats des enquêtes statistiques permet en retour d’éclairer les débats contemporains sur le racisme.</p> Jean-Luc Primon (c) Tous droits réservés 2022 http://creativecommons.org/licenses/by/4.0 2022-06-05 2022-06-05 42 149 164 10.14428/emulations.42.09 Race, Racismes, Racialisations : Enjeux conceptuels et méthodologiques, perspectives critiques https://ojs.uclouvain.be/index.php/emulations/article/view/doytchevagastau <p>À partir de questionnements empiriques, méthodologiques et conceptuels portant sur les processus de catégorisation et de construction des catégories ethnoraciales, au prisme des rapports d’inégalité et de pouvoir, ce dossier propose de renouveler l’examen critique des enjeux soulevés par le réseau conceptuel que forment <em>race, racisme, racialisation</em>, en plaçant délibérément la focale sur leurs dimensions théoriques et méthodologiques. Tissant des liens entre corpus francophones et internationaux, il propose de démultiplier les ancrages (géo)politiques, épistémiques et conceptuels des travaux critiques sur le racisme. L'introduction revient en particulier sur l'hypothèse d'une tension qui parcourt l'ensemble des corpus académiques entre <em>approches descriptives</em> et <em>approches critiques</em> de race-racisme-racialisation (3R) que nous invitons à lire par-delà les enjeux linguistiques.</p> Milena Doytcheva Yvan Gastaut (c) Tous droits réservés 0 2022-06-05 2022-06-05 42 7 30 10.14428/emulations.042.01 Déconstruire l’« identité », théoriser la race https://ojs.uclouvain.be/index.php/emulations/article/view/bruncosquer <p>Les critiques des travaux sur les questions raciales dénoncent souvent la perspective « identitaire » qui y serait adoptée. Or l’usage du concept d’identité est âprement débattu en sciences sociales, des textes recommandant même son abandon (Brubaker, 2001). Cet article montre que la littérature sur la race permet de la théoriser, à l’encontre de toute compréhension essentialiste de l’identité, comme le produit de trois logiques imbriquées de formation raciale : auto-identification, assignation et socialisation. En interrogeant d’abord les déterminants sociaux des processus d’auto-identification et d’assignation raciales, l’article se tourne ensuite vers les pratiques sociales au fondement de ces modes de catégorisation, pour considérer la race comme ce que l’on <em>fait</em> plutôt que comme ce que l’on <em>est</em>. Nous explorons ainsi les différentes propositions théoriques qui permettent de penser la race comme principe d’action et de pratiques, comme performance réitérative ou comme incorporation de dispositions.</p> Solène Brun Claire Cosquer (c) Tous droits réservés 0 2022-06-05 2022-06-05 42 31 46 10.14428/emulations.42.02 Peut-on parler de « racisme d’État » en France ? https://ojs.uclouvain.be/index.php/emulations/article/view/dhumeetal <p>En 2017, le ministre français de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer est applaudi par les députés lorsqu’il annonce, à l’Assemblée, porter plainte pour diffamation contre le syndicat SUD éducation 93 pour avoir « décidé de parler aussi de “racisme d’État” ». L’annonce fait l’objet d’une polémique à laquelle les sciences sociales, par médias interposés, participent. En mobilisant différents textuels (de presse et académiques), l’article répertorie les points de vue qui ont émergé « à chaud », puis esquisse une cartographie des usages différenciés de l’expression « racisme d’État » au sein de l’espace socioacadémique. Il ressort que le recours à cette catégorie s’inscrit dans un contexte politique marqué par diverses séquences institutionnelles ayant activé la « question raciale » et structuré la cristallisation d’un nouvel « antiracisme politique ». La double question du racisme d’État et de la généalogie coloniale de la République française polarise les points de vue sur les visages du racisme contemporain.</p> Fabrice Dhume Xavier Dunezat Camille Gourdeau Aude Rabaud (c) Tous droits réservés 0 2022-06-05 2022-06-05 42 47 66 10.14428/emulations.42.04 « Deeper conversations » https://ojs.uclouvain.be/index.php/emulations/article/view/reydebonneville <p>Cet article interroge la façon dont les rapports de pouvoir structurent la pratique de l’enquête ethnographique. En partant d’une recherche ethnographique menée par un chercheur blanc aux Philippines, cet article décrit comment les rapports de domination sont continuellement réitérés lors des interactions sociales de l’enquête, structurant ainsi la récolte des matériaux. À partir de ces analyses, l’article présente une réflexion épistémologique et politique autour des appels à développer des positionnements réflexifs dans la recherche. Ce faisant, il mobilise des approches qui soulignent que si la réflexivité par les sujets blancs sur leurs postures dans la production de la connaissance leur permet de visibiliser et prendre conscience de leur position dominante dans les rapports de pouvoir, ces pratiques réflexives apportent une réponse limitée face au caractère englobant des structures de pouvoir. Dès lors, cet article propose d’inscrire les enjeux éthiques de la recherche dans une géopolitique critique des savoirs.</p> Gaspard Rey Julien Debonneville (c) Tous droits réservés 0 2022-06-05 2022-06-05 42 67 82 10.14428/emulations.42.03 Par et au-delà de la race https://ojs.uclouvain.be/index.php/emulations/article/view/blasseletal <p>Cet article interroge les expériences de racisme vécues par des diplômé·e·s racisé·e·s à partir d’un dispositif méthodologique original réunissant une équipe d’enquêtrices perçues comme blanches et non blanches. Dans un premier temps, l’article analyse les manifestations subtiles et plurielles des jeux de proximité raciale dans l’entretien – la façon dont émerge ou non le sentiment de partager une même appartenance raciale et comment cela influe sur la dynamique relationnelle à l’œuvre –, ainsi que leurs effets sur la facilité à et la manière de (d)énoncer le racisme et de mobiliser des catégories raciales. Un second moment de l’article révèle comment la race s’articule aux autres rapports sociaux – de classe, de genre et d’âge notamment – qui sont dans certains cas mobilisés pour mettre à distance la proximité raciale comme le racisme et peuvent passer au premier plan dans la relation d’enquête.</p> Romane Blassel Géraldine Bozec Élodie Druez Rosette Megnimeza-Fongang Francine Nyambek-Mebenga Malika Touddimte (c) Tous droits réservés 0 2022-06-05 2022-06-05 42 83 98 10.14428/emulations.42.05 « Dire » les discriminations ethnoraciales à des chercheur·e·s « blanc·he·s » https://ojs.uclouvain.be/index.php/emulations/article/view/truccoetal <p>L’article propose une réflexion sur une dimension méthodologique peu étudiée dans la recherche francophone sur les discriminations ethnoraciales : celle du (dés)appariement « racial » entre chercheur·e·s et enquêté·e·s. Il revient sur une expérience d’enquête par entretiens auprès d’étudiant·e·s universitaires racisé·e·s, dont l’objet était de comprendre les processus et les conditions conduisant à « dire » ou « taire » les expériences de discrimination. En faisant dialoguer les littératures anglophones et francophones, l’article cherche ainsi à comprendre si les stratégies argumentatives mobilisées par les répondant·e·s sur leurs ressentis de discrimination ont pu subir l’influence de différents aspects méthodologiques de l’enquête : la stratégie de recrutement, la façon dont l’entretien a été proposé, la construction de la relation d’enquête à partir des différences et similitudes de statut, et une situation d’entretien où se confrontent chercheur·e·s « blanc·he·s » et enquêté·e·s racisé·e·s.</p> Daniela Trucco Alessandro Bergamaschi Nathalie Pantaléon Eve Saint-Germes (c) Tous droits réservés 0 2022-06-05 2022-06-05 42 99 114 10.14428/emulations.42.06 Ne pas se dire victime de racisme ? https://ojs.uclouvain.be/index.php/emulations/article/view/bouchareb <p>Les formes de qualification du racisme sont en partie structurées par un discours dominant imputant une étiquette de victime au minoritaire. Dans les récits d’expérience, comment comprendre que des minoritaires racisés soient réticents ou refusent de s’en dire victimes ? Partant d’une enquête par entretien (N=35) avec des minoritaires, descendants d’immigrés et de natifs des DOM-TOM, nous interrogeons la catégorisation profane des expériences et interactions racistes, en relation avec le cheminement identitaire et biographique des individus enquêtés. Nous montrons, dans un premier temps, comment leur définition de la situation met en jeu différentes stratégies identitaires, de conciliation ou de mise à distance de l’identité raciale imputée. Nous interrogeons ensuite la manière dont les épreuves vécues d’altérisation se jouent à l’échelle des interactions avec les majoritaires, mais aussi entre minoritaires. Elles conduisent à rendre incertaines tant l’identité personnelle de l’individu que la qualification du racisme.</p> Rachid Bouchareb (c) Tous droits réservés 0 2022-06-05 2022-06-05 42 115 128 10.14428/emulations.42.07 Déni et (d)énonciation du racisme anti-asiatique au temps de la Pandémie de Covid-19 https://ojs.uclouvain.be/index.php/emulations/article/view/wangetal <p>En France, comme dans le monde, la pandémie de Covid-19 a porté à leur paroxysme les discours et actes racistes envers les populations d’origine chinoise et, plus largement, asiatique. En nous appuyant sur les verbatims des personnes enquêtées (N=106), réinscrits dans leurs biographies et situés dans la temporalité de la pandémie, cet article montre la variété et l’évolution des postures face au racisme anti-asiatique au sein de la population chinoise en France. Premièrement, nous étudions la posture du déni, présente notamment chez les primoarrivants. Puis, nous examinons la pluralité des registres de (d)énonciation du racisme de la part de primoarrivants, comme de descendants. Enfin, nous analysons les logiques de politisation et d’action collective qui en découlent, en soulignant le rôle catalyseur joué par la pandémie de Covid-19 dans la prise de conscience accrue du racisme au sein de la population chinoise en France.</p> Simeng Wang Francesco Madrisotti Yong Li Chloé Luu Ran Yan (c) Tous droits réservés 0 2022-06-05 2022-06-05 42 129 148 10.14428/emulations.42.08