La traite des êtres humains, de la légende urbaine à la politique publique
DOI :
https://doi.org/10.14428/emulations.varia.017Mots-clés :
traite des êtres humains, légende urbaine, politique publique, prostitution, abolitionnismeRésumé
La traite des blanches (requalifiée aujourd’hui en traite des êtres humains) constitue le motif de l’une des légendes urbaines les plus largement diffusées et les mieux étudiées, mettant en scène une jeune fille droguée puis enlevée pour être contrainte à la prostitution dans un pays étranger. Mais la traite est aussi, et de longue date, l’objet de politiques publiques spécifiques, légitimées par des conventions internationales et mises en œuvre par la police et la justice. Cette coexistence d’une légende urbaine et d’une politique publique constitue une énigme, que l’article tente de résoudre : comment imaginer que des moyens considérables soient déployés contre des faits à la réalité aussi incertaine ? Une analyse historique et sociologique révèle que croyances populaires et discours institutionnels se sont mutuellement consolidés, chacun apportant sa contribution spécifique à la plausibilité du motif de la traite.