No 5 (2009): Georg Simmel, environnement, conflit, mondialisation

Simmel Georg

Coordonné par Grégoire Lits.

Souvent qualifié de père méconnu ou oublié de la sociologie, Georg Simmel propose une sociologie particulière qui fait de l’individu le « lieu immédiatement concret de toute réalité historique »[1]. Cette affirmation qui synthétise la caractéristique principale de sa sociologie a souvent été mal interprétée lorsqu’on assimilait la pensée de l’auteur à un individualisme méthodologique primordial.
Contrairement à une idée répandue, la sociologie de Simmel n’est pas une sociologie ou seraient absentes les normes, les contraintes sociales voire même la société.
La particularité de son regard sociologique réside dans l’articulation incessante au niveau de l’analyse entre l’individu qui est, lorsqu’il agit, « assailli par d’étranges états subjectifs »[2] mais en même temps, est toujours intégré dans un ensemble d’actions réciproques qui possèdent une existence formelle, objective, extérieure à lui. Tout l’enjeu de l’analyse simmelienne est de saisir cette ambivalence de la vie humaine dans la modernité, de saisir cette condition moderne comme l’appelle Danilo Martuccelli. L’individualité n’est possible que dans la cristallisation d’une tension dans l’action entre expérience subjective et totalité objective. Si l’individu est le lieu concret de la réalité historique (et donc sociale) c’est parce que l’objectivité surplombante de la société ne s’exprime que lorsqu’il agit et se positionne subjectivement face à cette objectivité et donc face aux autres individus. C’est en ce sens que pour Simmel nous sommes tous pris dans des « actions réciproques ».

A partir de là, les articles proposés dans ce numéro de la revue répondent tous à la question de savoir comment cette vision de la vie sociale - de la condition moderne - peut nous permettre aujourd’hui de saisir de manière renouvelée les expériences vécues par les individus ?

Publiée: 2009-05-10