Art et Politique
reconquérir usage et expérience
DOI :
https://doi.org/10.14428/emulations.009.004Mots-clés :
art, participation, art relationnel, espace publicRésumé
Le développement de pratiques artistiques participatives, relationnelles et contextuelles au sein des sociétés capitalistes démocratiques s’accompagne de multiples modes de relations entre l'artiste et le public. Mais nombre de ces propositions semblent s’être perdues dans la complexité de la matière sociale, propice à la confusion entre animation socio-culturelle, instrumentalisation du public et des artistes ou esthétique compassionnelle. Faut-il en déduire alors que l’artiste est condamné à n’être qu’un professionnel de la communication, qu’un thérapeute des maux de la société ? La poussée des projets et interventions en milieu urbain invite à se demander quelles positions existent aujourd’hui qui permettraient d'évaluer la possibilité d’une fonction critique et polémique de l'artiste. Jochen Gerz nous incite dans Les mots de Paris à réfléchir à la perte de valeur politique de l’espace public. En fondant sa proposition sur la participation d’« exclus » et en ne figeant pas son projet dans une forme conventionnelle, il inverse les règles du jeu artistique et institutionnel, instaure le trouble dans l’appréhension morale de cette « œuvre collective ». Nicolas Simarik et Jean Kerbrat élaborent quant à eux des projets qui cherchent à redéfinir l’autorité de l’artiste, invitant le public à construire un usage actif et critique de l’espace public. L’idée d’une résistance apparaît, contre les logiques de séparations, par l’élaboration de gestes de « profanation ». Ces propositions nous confrontent au sentiment de perte d’appartenance au monde commun, à l’« envahissement du social » et remettent en question, dans leurs processus comme dans leurs partis pris esthétiques, la relation souvent purement fonctionnaliste qu’entretient aujourd’hui le politique vis-à-vis de l’art.