S’arranger avec l’Église ?
Pluralités contraceptives chez les catholiques pratiquant·e·s en France
DOI :
https://doi.org/10.14428/emulations.038.05Mots-clés :
catholicisme, contraception, couple, genre, natureRésumé
En décembre 1967 est votée en France la loi Neuwirth, qui légalise l’utili- sation de la contraception médicale. Or, à la surprise de la communauté catholique qui espérait qu’elle soit également autorisée par le magistère romain, paraît en 1968 l’encyclique Humanae Vitae, qui réaffirme l’opposition de l’Église à l’utilisation de ces méthodes médicales. La communauté catholique se divise alors entre une majorité de fidèles souhaitant pouvoir utiliser des méthodes contraceptives médicalisées et une fraction plus réduite participant au développement et au perfectionnement des méthodes d’auto-observation (MAO), seules méthodes autorisées par l’Église, et les utilisant. Cinquante ans plus tard, cet article a pour objectif d’expliquer les logiques contraceptives contemporaines des catholiques pratiquant·e·s et d’interroger l’étanchéité des positions à l’égard de la contraception, entre méthodes médicales et MAO, à partir de l’analyse d’une trentaine d’entretiens menés auprès de cette population. Il analyse la diversité des parcours contraceptifs et la pluralité des discours justifiant l’utilisation des méthodes médicales et non médicales, en montrant que la position de l’Église peut être mise à distance même par les catholiques pratiquant·e·s. Il resitue en particulier leurs choix en matière de contraception dans des représentations plus larges concernant le couple, le genre, la sexualité ou encore ce que serait la « nature », en mettant en évidence que le dogme religieux ne constitue qu’une justification parmi d’autres de pratiques diverses et pouvant évoluer au cours de la vie.