Appartenance générationnelle et figures professionnelles
Le cas des artistes de cirque en France
DOI :
https://doi.org/10.14428/emulations.025.03Mots-clés :
artistes de cirque, socialisation, parcours, professionnalisation, générationRésumé
L’avènement du nouveau cirque en France dans les années 1970 a inauguré son entrée dans le domaine de la culture subventionnée sur le modèle de la « création », en même temps que de profondes transformations en matière de socialisation des artistes. Les décennies suivantes ont vu se déployer les processus concomitants d’institutionnalisation, de professionnalisation et de légitimation de ce secteur culturel, ainsi que la scolarisation de l’apprentissage du métier. Cet article montre comment ces changements de contexte ont modifié le recrutement social des artistes de cirque et donné lieu à des figures différenciées en termes de dispositions et de rapport au métier. À partir d’entretiens menés auprès d’une trentaine d’artistes de cirque nés entre 1952 et 1981, l’approche générationnelle proposée ici permet de caractériser deux de ces figures. D’un côté, les artistes du nouveau cirque, polyvalents et soucieux de proposer un art du cirque pour tous, ont accédé au métier grâce à une socialisation affinitaire et informelle tardive, adossée au secteur de l’animation socioculturelle. De l’autre, les artistes de cirque contemporain, sportifs et plus diplômés que les premiers, ont appris leur métier en écoles professionnelles, conduisant à une spécialisation disciplinaire et à mener une carrière dans un paysage professionnel plus institutionnalisé. Issues de deux générations distinctes, ces figures sont associées aujourd’hui à des segments professionnels hiérarchisés.