Appel à contribution - Cultures corporelles et esthétiques. Des apparences entre redéfinitions et appropriations

Un numéro d’Émulations, revue de sciences sociales, à paraître début 2024 aux Presses universitaires de Louvain, sera consacré au thème « Cultures corporelles et esthétiques. Des apparences entre redéfinitions et appropriations », sous la direction de Marion Braizaz (HESAV//HES-SO & Université de Genève, Suisse) et de Camille Couvry (Université de Rouen Normandie, France).

Argumentaire

Les travaux de L. Boltanski (1971) et de P. Bourdieu (1977, 1979) analysant les habitudes corporelles en relation avec la position sociale et l’habitus de classe, et soulignant l’investissement croissant, bien que non graduel, des femmes dans les pratiques esthétiques à mesure que l’on s’élève dans la hiérarchie sociale, orientent encore fortement de nombreux travaux contemporains qui prennent les pratiques esthétiques[1] pour objet. Des transformations sont pourtant à l’œuvre comme celles liées à la tertiarisation (Chenu, 1991), à l’horizontalité accrue des jeux d’influence entre classes sociales, groupes et pairs (Bernard et al., 2019), au recul de l’homogamie (Bouchet-Valat, 2014) et les considérations esthétiques des individus ont d’ailleurs pour partie accru à tous les niveaux de l’espace social[2]. Les femmes de catégories populaires sont de plus en plus nombreuses à consacrer une partie du « temps pour soi » aux soins du corps (Masclet, 2018) et dans les milieux aisés, les préoccupations relatives à l’apparence ont gagné en légitimité parmi les hommes (Braizaz, 2018). Les classes sociales sont également devenues des ensembles plus hétérogènes (Schwartz, 2009 ; Cayouette-Remblière, 2015) aux frontières relativement perméables et les effets des dynamiques qui les traversent – e.g. de genre, d’âge, de race, d’orientation sexuelle – font désormais l’objet d’une attention considérable (Cervulle et al., 2012 ; Pferfferkorn, 2007 ; Testenoire, 2015). B. Skeggs (2015) montre ainsi comment la recherche de respectabilité façonne le rapport à l’apparence des femmes de milieux populaires dont les compétences en matière d’esthétique peuvent s’envisager comme des tactiques liées à la position occupée. J.L. Moreno Pestaña (2016) souligne, quant à lui, que les troubles alimentaires ne peuvent se comprendre sans tenir compte du critère de classe, de la trajectoire et des décalages éventuels entre la culture somatique du milieu d’origine des femmes, celle du contexte dans lequel elles évoluent et leurs aspirations.

Cela dit, les travaux s’intéressant aux modalités des pratiques esthétiques et à leur distribution dans la société actuelle sont encore peu nombreux. Ce dossier a pour ambition d’encourager cette réflexion afin d’appréhender, de décrypter et d’éclairer les cultures esthétiques, entendues comme l’ensemble des pratiques, des techniques, des normes, des valeurs et des morales qui façonnent le rapport que les membres d’un groupe social entretiennent avec leur corps d’un point de vue esthétique.

La question de l’apparence reste un objet peu légitime en sociologie, notamment au sein de l’espace académique francophone[3]-[4]. Rappelons que les recherches sur les cultures esthétiques et plus particulièrement sur les pratiques dites d’embellissement ont notamment été longtemps freinées par une tradition académique à l’international, d’horizons disciplinaires variés, de dénonciation, considérant le travail de l’apparence par le prisme de la domination[5], voire de l’aliénation des femmes (Bartky, 1990 ; Remaury, 2000 ; Mc Robbie, 2009). Ces approches reposant souvent sur un socle d’analyse foucaldien ont permis d’alimenter la compréhension des différentiels genrés relatifs aux processus de contrôle social des corps. Pointant les limites de ces perspectives, des chercheuses (Davis, 1994, 2007 ; Gimlin, 2007 ; Karimi, 2018) ont néanmoins développé une vision compréhensive en s’appuyant sur de l’observation de terrain et du recueil de matériaux empiriques abondants relatifs aux phénomènes d’embellissement. Permettant de démêler vécu individuel et effet social d’une pratique en termes de relations de pouvoir, ces approches, de plus en plus nombreuses (Jarrín, Pussetti 2021), ambitionnent de considérer les individus, femmes et hommes, comme des acteurs qui négocient leur corps et leurs apparences au gré de contraintes culturelles et structurelles. C’est par exemple l’ambition de V. Silhouette-Dercourt (2017) qui, enquêtant auprès de jeunes femmes issues de l’immigration, souligne combien leurs gestes quotidiens en termes de maquillage ou de coiffure relèvent d’un bricolage prenant appui sur les injonctions ambivalentes d’une double culture. En sociologie, ces dernières années, c’est souvent grâce à un détour par le travail que les pratiques esthétiques (corporelles et d’apparat) ont été investiguées (Boni-Le Goff, 2019 ; Monjaret, 1997). Des recherches ont ainsi été menées à propos du rôle de l’apparence sur le marché de l’emploi (Thomas, 2013 ; Hidri-Neys, 2013 ; Schütz, 2018 ; Mears, 2011 ; Hanifi, 2011) ou encore du quotidien des travailleur·ses de la beauté (Barbier et al., 2020) tel· les esthéticiennes (Cochennec, 2004), coiffeur·ses (Renard, 2020 ; Desprat, 2020) ou encore tatoueur·ses (Rolle, 2013). En parallèle, tout un pan d’études a été consacré à la socialisation genrée et à ses modalités quant au travail de l’apparence (Court, 2010 ; Mardon, 2010). Celui-ci a permis de relever tant une fixité de certaines normes esthétiques que des dynamiques, réinventions voire résistances liées au genre (Ghigi, 2016 ; Liotard, Jamain-Samson, 2011). À ce propos, les travaux des anthropologues ou encore des historien·nes, à l’instar de C. Bard (2010a ; 2010b) sur les transformations des significations sociales de la jupe et du pantalon ont été particulièrement porteurs pour appréhender les usages des vêtements et autres objets genrés de l’apparence (Anstett, Gélard, 2012).

Aujourd’hui, des recherches permettent ainsi de comprendre les représentations et choix en matière d’apparence dans des groupes définis comme les groupes professionnels (Dufournet, 2020), les classes d’âge (Clarke, 2010) ou encore les classes populaires (Couvry, 2015), mais ces différentes cultures esthétiques sont d’une part loin d’avoir été suffisamment décryptées et, d’autre part, rarement pensées comme dialoguant les unes avec les autres. Une mise en commun des savoirs quant à leurs redéfinitions à l’œuvre, y compris en questionnant leur historicité, apparaît ainsi nécessaire. En particulier, le retentissement certain du modèle de La distinction tout comme les débats qu’il a suscité dès sa parution (Coulangeon, Duval, 2013), mettant notamment l’accent sur l’autonomie des cultures populaires (Grignan, Passeron, 1989), invitent à la réflexion et nécessitent d’être intégrées dans l’actualisation des analyses relatives aux cultures corporelles et esthétiques. Dans cette perspective, les effets du choix des dispositifs méthodologiques et les options retenues dans l’interprétation des données, tels qu’ils sont par exemple discutés autour de la question de l’omnivorisme (Bellavance et al., 2006), sont également essentiels à considérer dans l’étude des pratiques dites d’embellissement. `

Objectifs du numéro

Ce dossier thématique rassemblera des articles permettant de rendre compte des développements actuels en sociologie (et plus largement en sciences sociales) à propos des pratiques esthétiques, tant corporelles (e.g. régulation du poids, sport), d’apparat (e.g. habillement, maquillage), qu’à la croisée de ces deux dimensions (tatouages, piercing, chirurgie). Plus particulièrement, sa visée est, d’une part, de réunir des articles mettant au cœur de leur propos l’analyse des cultures et morales corporelles (Moreno Pestaña, 2016) et les modes d’appropriation des pratiques esthétiques qui se dessinent à l’intérieur des groupes sociaux quelles que soient leurs caractéristiques (e.g. classe, genre, âge, race, orientation sexuelle). La manière dont les individus produisent les cultures esthétiques doit en outre être attentivement considérée. D’autre part, l’ambition de ce numéro est de montrer comment les individus évoluant au sein de groupes sociaux différents se saisissent des implications sociales de l’esthétisation des corps en tant que ressource (e.g. intégration, mobilité, lien social, résistances). Sans nier que les pratiques liées à l’apparence sont traversées par des rapports de pouvoir contraignants, qu’ils soient théorisés à l’appui de la « domination » (Bourdieu, 1979) ou du « gouvernement des corps » (Foucault, 1975 ; 1997 ; Fassin, Memmi, 2004), une attention particulière sera portée sur les capacités d’agir des femmes et des hommes et sur les bénéfices sociaux produits par l’embellissement. Enfin, au travers de ce numéro, il s’agira également de comprendre ce que les travaux sur la beauté font aux sciences sociales. De quelles manières ces recherches réinterrogent-elles des concepts (e.g. socialisation, trajectoire, ressources), et des sujets phares (e.g. genre, classe) de ces disciplines ? Dans quelle mesure la beauté, « que l’on dit parfois ‘fatale’ parce qu’elle menace l’ordre établi » (Bourdieu, 1977 : 52), complexifie-t-elle les rapports articulés de classe, de genre, d’âge, de race ?

 

Axes thématiques

Axe 1      Renouvellements et continuités des cultures esthétiques

Durant la seconde moitié du 20e siècle, l’analyse classique des pratiques corporelles a opposé la mise à distance des préoccupations esthétiques dans les classes populaires, traduisant un sens de la pudeur, à l’investissement esthétique des femmes des classes supérieures corrélé à la recherche d’une hygiène de vie et d’une valorisation de soi (Boltanski, 1971). Comment les cultures esthétiques de classe se sont-elles depuis lors reconfigurées à l’appui notamment d’autres variables sociologiques déterminantes comme le genre, l’âge, l’ethnicité ou la religion (Dubet, 2003) ? Comment interagissent-elles les unes avec les autres ? Et quels sont les dispositifs méthodologiques mobilisés pour saisir ces cultures corporelles et esthétiques ? Ces choix ne sont pas sans effet dans les interprétations et posent des enjeux en termes de comparabilité. Si des travaux, à dominante qualitative et monographique, confirment la validité du modèle proposé dans La distinction comme grille d’interprétation (Court, 2010 ; Darmon, 2008), d’autres (Moreno Pestaña, 2015) soulignent à quel point aucun groupe, ou presque, n’échappe désormais aux préoccupations pour le corps et l’apparence ; notamment en raison de leurs liens forts, dans les représentations dominantes, avec celles de santé (Baril et al., 2011 ; Louchet, Hidri-Neys, 2018). Il va sans dire que la démocratisation des soins dits d’embellissement (Vigarello, 2004) ne peut également être appréhendée sans considérer les effets de la tertiarisation et du déplacement du salariat vers des emplois de service impliquant un travail esthétique (Warhurst, Nickson, 2009). Les exigences formulées par des entreprises désireuses de disposer d’employé·es à « la bonne apparence [right look] » (Ibid., 2009 : 386) participent au renouvellement des cultures esthétiques de classes, aujourd’hui liées à une circulation des pratiques entre les milieux sociaux. Le tatouage a par exemple perdu sa signification populaire, marginale et genrée. Il est devenu un attribut corporel ordinaire dont se sont emparées les classes moyennes (Lo Sordo, 2009). Quels autres déplacements ou réappropriations de pratiques peut-on observer dans l’espace social ? Comment la démocratisation des pratiques d’embellissement infléchit-elle les rapports à l’apparence et les préoccupations esthétiques dans les différents groupes sociaux ?

Axe 2. Socialisation aux pratiques esthétiques au fil des âges

Au sein de la famille, les modalités du contrôle parental et les cheminements des individus dans le domaine des tenues vestimentaires des filles (Baboulène-Miellou, Teboul,  2015) comme des garçons (Court, Mennesson, 2015), de la coiffure et du maquillage (Vinel, 2016) ou encore de la silhouette (Carof, 2015 ; Martín-Criado, 2015) ont été en partie investigués. Mais remarque-t-on des évolutions notables du fait des transformations de la famille (e.g. recompositions, mutations des relations, éclatement géographique) ? L’articulation des transmissions esthétiques à l’intérieur de la famille avec la socialisation par les pairs a été étudiée (Mardon, 2010 ; Diasio, 2015) mais comment cette articulation se reconfigure-t-elle à l’aune de l’incursion du numérique dans les foyers et dans les cultures juvéniles (Octobre, 2018 ; Balleys, 2018 ; Jochems et al., 2016) ? Les modèles et conventions esthétiques sont-ils l’objet de consensus ou de tensions ? On sait d’ailleurs combien les adolescent·es sont une audience privilégiée des youtubeur·ses ou blogueur·ses beauté mais qui sont les autres, ceux et celles qui affectionnent ces tutoriels et autres contenus ? Les usages sont-ils collectifs, intrafamiliaux ou individuels ? Et comment cette consommation digitale s’articule-t-elle avec les cultures corporelles (représentations, valeurs et pratiques) des individus ? Peu de choses sont par ailleurs connues des apprentissages esthétiques tout au long de la vie. Pourtant, la socialisation à l’apparence ne s’arrête pas à l’entrée dans l’âge adulte. Les pratiques esthétiques de certains hommes de milieux populaires se redessinent par exemple au sein du couple sous le regard des femmes (Braizaz, 2017). Concernant la vieillesse, les tensions quant au vécu des transformations corporelles d’ordre esthétique chez les femmes âgées ont été en partie enquêtées (Clarke, 2010 ; Macia, Chevé, 2012 ; Gotman, 2016) mais les recherches sont peu nombreuses et la virilité vieillissante est souvent un point aveugle. Les trajectoires corporelles et esthétiques sont en outre rarement linéaires. Que sait-on des facteurs (e.g. conjugalité, maladie, emploi) qui les modulent et qui favorisent le développement chez les individus, à tout âge, d’une capacité à s’embellir ?

Axe 3. Trajectoires esthétiques, l’embellissement comme ressource

Dans toutes les catégories socio-culturelles, d’âge et de sexe, on observe la diffusion progressive de l’idée selon laquelle chercher à embellir son corps peut constituer un objectif légitime à atteindre, notamment pour « s’épanouir » en tant qu’« ingénieur de soi » (Le Breton, 2010). Il a en effet été montré, au travers de divers terrains, comme les cours de fitness (Gimlin, 2002), les émissions de relooking (Banet-Weiser, Portwood-Stacer, 2006) ou encore les élections de Miss (Couvry, 2020) que modifier son corps peut être vécu comme une plus grande participation sociale et inclusion dans la vie en société, voire permettre à certains individus de recueillir des bénéfices sociaux (e.g. intégration à un groupe, reconnaissance par les proches, accès à un statut socio-économique). S’il a été montré que le « capital de notoriété » accumulé en ligne par les entrepreneur·ses du digital (e.g. influenceur·ses, youtubeur·ses) est inégalement convertible (Beuscartn Mellet, 2015 : 86), il serait par exemple intéressant de regarder dans quelle mesure les investissements esthétiques de ces derniers leur permettent d’obtenir des profits en termes de mobilité sociale, de professionnalisation ou de reconnaissance. Les éventuels avantages sont d’autant plus remarquables que la beauté, cette « inégalité fondamentale » (Laurent, 2010) possède une haute valeur d’échange dans les sociétés contemporaines. F. Hourmant (2021) a récemment questionné cet enjeu à propos de la mise en scène de soi des hommes et femmes politiques. Les travaux de C. Hakim (2010 et 2011) portant sur la notion de capital érotique comme source d’empowerment pour les femmes s’inscrivent aussi dans cette perspective. Pour explorer cette hypothèse qui fait débat (Neveu, 2013 ; Martine Parent, 2015), il convient d’analyser la manière dont les individus, voire des groupes sociaux, s’approprient l’apparence comme ressource et sont socialement acceptés ou marginalisés sur cette base au croisement d’autres catégories comme la classe, la race, l’âge, le sexe. De fait, est-il possible d’identifier des personnes considérées comme davantage légitimes et « autorisées » à accroître leur pouvoir en utilisant le ressort de l’esthétique ? Qu’en est-il par ailleurs des limites des démarches esthétisantes dont la visée est l’acquisition de bénéfices sociaux ? Quelles sont notamment les conséquences sociales lorsque l’embellissement échoue à renforcer l’individu ?  

Modalités de soumission

Les propositions d’articles, d’un maximum de 1 000 mots, peuvent être envoyées jusqu’au 15 juillet 2022 aux adresses suivantes : marion.braizaz@gmail.com, camille.couvry1@univ-rouen.fr et redac@revue-emulations.net

Il est demandé aux auteur·es d’indiquer un titre, 4-6 mots-clés, ainsi que d’ajouter une courte notice biographique incluant leur discipline et leur rattachement institutionnel. Merci de préciser la mention « AAC Cultures corporelles et esthétiques » dans l’objet de l’e-mail lors de l’envoi de la proposition.

Les consignes rédactionnelles de la revue Émulations sont téléchargeables à l’adresse suivante : https://ojs.uclouvain.be/index.php/emulations/cfp/consignes.

Émulations est une revue de sciences sociales qui publie et édite quatre numéros thématiques par an, publiés en version papier par les Presses universitaires de Louvain (Belgique) et mis en ligne en libre accès sur son site internet (https://ojs.uclouvain.be/index.php/emulations).

Calendrier prévisionnel du numéro

  • 15 juillet 2022 : date limite pour l’envoi des propositions d’articles (1000 mots)
  • 30 septembre 2022 : envoi des manuscrits V1 (50 000 signes)
  • 15 novembre 2022 : retour des évaluations aux auteur·es
  • 31 décembre 2022 : envoi des manuscrits V2
  • Mars 2023 : retour des évaluations aux auteur·es
  • Mai 2023 : envoi de la dernière version des manuscrits à la revue
  • Publication du numéro papier et mise en ligne entre novembre 2023 et début 2024

Bibliographie indicative

Anstett E.,  Gelard M-L.  (2012), Les objets ont-ils un genre ? Culture matérielle et production sociale des identités sexuées, Paris, Armand Colin.

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[1] Nous employons indifféremment « pratiques esthétiques » ou « pratiques dites d’embellissement » pour désigner la manière dont les individus « gèrent leurs corps et font des choix en vue de se construire une certaine apparence conforme aux attentes d’un certain contexte ou en décalage volontaire. Il ne s’agit donc pas seulement de pratiques visant l’ « amélioration » du corps et de son apprêtement au regard des modèles de beauté contemporains, mais toute prise de position quant à la mise en scène esthétique de son corps, que celle-ci soit en adéquation ou en distance avec les conventions actuelles » (Couvry, Braizaz, 2019 : 690).

[2] Une réactualisation quantitative des pratiques de beauté socialement situées mériterait d’être conduite. Ces dernières années, peu d’enquêtes quantitatives portant sur les pratiques esthétiques ont été menées et la plupart du temps celles-ci ont été cantonnées à certains domaines : le choix du conjoint (Bozon, 2008), la consommation (Herpin, 2008), le poids (De Saint Pol, 2010). Souvent aussi, ce type d’investigation quantitative a été réalisé à la marge dans le cadre de l’étude de populations particulières, telles que, par exemple, les élites scolaires (Bastien et al., 2008).

[3] Les historien·nes et les anthropologues ont investi plus précocement l’étude des apparences et des pratiques corporelles (Vigarello, 2004 ; Travaillot 1998 ; Le Breton, 2013 ; Monjaret, Tamarozzi, 2005 ; Nahoum-Grappe, Phelouzat-Perriquet, 1995).

[4] Une émulation s’observe depuis peu au travers de manifestations, colloques et réseaux en Europe. Mentionnons, entre autres, le réseau interdisciplinaire « Beauty Demands » depuis 2014, les journées d’études « Politics of beauty » organisées à l’université de Cambridge en 2016, le colloque « Beauty and the norm » ayant eu lieu à l’université de Bayreuth en 2016 et celui de l’université de Strasbourg en 2016 intitulé « Corps meurtris, beaux et subversifs ».

[5] L’euphémisation de l’hétérogénéité du groupe des femmes, liée notamment à leurs positions sociales, a été relevée par le mouvement féministe matérialiste (Jaunet, Chauvin, 2012), mais celle de la diversité des expériences corporelles et esthétiques féminines a en revanche relativement peu attirée l’attention.