Déjouer l’invisibilisation des discriminations
DOI :
https://doi.org/10.14428/emulations.03536.11Mots-clés :
santé, inégalités, discriminationsRésumé
Ce jour-là, devant des milliers de téléspectateurs, après des témoignages concernant les enfants atteints du VIH, après des chansons destinées à montrer l’unité du monde artis- tique contre l’épidémie de VIH/Sida en France, la voix d’une association représentant les minorités sexuelles s’invite dans le récit trop lisse de la maladie et de son traitement politique. Le militant d’Act Up-Paris rappelle alors que le Sida, ce ne sont pas seulement des enfants, des Français qu’il faudrait aider, mais aussi des étrangers malades expul- sés, des prisonniers maltraités, des usagers de drogues, des travailleuses et travailleurs du sexe... L’épisode a fait l’objet de débats, y compris au sein du monde associatif : fal- lait-il dire les choses aussi clairement face à des spectateurs peu informés, au risque de perdre des donateurs par absence d’empathie envers les minorités ? Fallait-il au contraire « jouer le jeu » du spectacle, et se contenter de n’évoquer que des exemples de malades nationaux, hétérosexuels, en visibilisant davantage les enfants malades que les usagers de drogues ou les prisonniers ? Quelle que soit la position adoptée concernant un tel épisode, un constat s’impose : des minorités (hommes homosexuels, travailleurs et travailleuses du sexe et femmes hétérosexuelles étrangères notamment) étaient encore discriminées face à la maladie, par leur orientation sexuelle ou leur situation administrative, quinze ans après le début de l’épidémie. Aujourd’hui encore, les mêmes minorités demeurent toujours discriminées, comme le montre Charlotte Pézeril dans son article, qui fait écho à d’autres travaux récents
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