Peut-on parler de « racisme d’État » en France ?
Enjeux théoriques et politiques d’une controverse sociomédiatique
DOI :
https://doi.org/10.14428/emulations.42.04Mots-clés :
racisme d'Etat, antiracisme, politique migratoire, question raciale, colonialismeRésumé
En 2017, le ministre français de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer est applaudi par les députés lorsqu’il annonce, à l’Assemblée, porter plainte pour diffamation contre le syndicat SUD éducation 93 pour avoir « décidé de parler aussi de “racisme d’État” ». L’annonce fait l’objet d’une polémique à laquelle les sciences sociales, par médias interposés, participent. En mobilisant différents textuels (de presse et académiques), l’article répertorie les points de vue qui ont émergé « à chaud », puis esquisse une cartographie des usages différenciés de l’expression « racisme d’État » au sein de l’espace socioacadémique. Il ressort que le recours à cette catégorie s’inscrit dans un contexte politique marqué par diverses séquences institutionnelles ayant activé la « question raciale » et structuré la cristallisation d’un nouvel « antiracisme politique ». La double question du racisme d’État et de la généalogie coloniale de la République française polarise les points de vue sur les visages du racisme contemporain.