Les espaces de la violence

une étude de cas sur le meurtre des Juifs en Ukraine (1941-1944)

Auteurs

  • Michaela Christ Docteur en sociologie à l’Université de Flensburg
  • Daniel Bonnard Université Philipps de Marbourg

DOI :

https://doi.org/10.14428/emulations.012.003

Mots-clés :

violence, espace, ordre social, Shoah, Ukraine, analyse de la pratique

Résumé

En se penchant sur l'occupation de la ville ukrainienne de Berditchev et le meurtre de 18.000 habitants juifs par des SS et des policiers allemands, cet article examine les transformations de l'espace au travers de la violence de masse autant en termes sociaux que topographiques. Immédiatement après avoir pris la ville, les Allemands commencent à utiliser l'espace en le restructurant et en le modelant en fonction de leurs intérêts. Le parc du centre-ville se mue en cimetière pour les soldats allemands tombés durant la prise de la ville. Les écoles servent de zone d'accueil pour les troupes de la Wehrmacht, tandis que les habitants doivent quitter leur maison pour laisser place aux militaires et au personnel civil allemand. Tous les Juifs sont forcés de se déplacer dans les quartiers les plus pauvres et les plus sales, avant d'être rassemblés, assassinés et enterrés dans le voisinage immédiat de la ville. Dans l’étude de ces pratiques d’occupation et d’annihilation, cet article s’interroge en même temps sur la manière dont les Juifs et les Ukrainiens y réagissent. Il montre comment la ville de Berditchev est devenue la ville allemande de Berditschew, en soutenant que les transformations spatiales dans leur dimension sociale et topographique ont été parallèlement produites par tous les groupes, et en quoi ils ont été l’objet de nouvelles assignations et appropriations par tous.

Bibliographies de l'auteur

Michaela Christ, Docteur en sociologie à l’Université de Flensburg

A étudié la sociologie, les sciences politiques et les sciences de l’éducation à Göttingen et  à Hannovre. Ses recherches portent sur les pratiques de violence de masse dans une perspective sociologique. Ses autres centres d’intérêt scientifiques sont la sociologie du corps et de l’espace. Publications choisies :

Harald Welzer avec la collab. de Michaela Christ : Les Exécuteurs. Des hommes normaux aux meurtriers de masse. Paris 2007 ;

Christ, M. 2011. Das wird sich alles einmal rächen.“ Gewalt und Verbrechen in den Gesprächen deutscher Kriegsgefangener im amerikanischen Verhörlager Fort Hunt. in: Welzer, H., Neitzel, S. & Gudehus, C. (eds.) (2011) “Der Führer war wieder viel zu human, viel zu gefühlvoll.” Der Zweite Weltkrieg aus der Sicht deutscher und italienischer Soldaten. Frankfurt am Main: Fischer.

Christ, M. (2012). Die Dynamik des Tötens. Die Ermordung der Juden in Berditschew. Ukraine 1941-1944, Frankfurt am Main: Fischer.

Christ, M. et C. Gudehus (2013) Gewalt. Ein interdisziplinäres Handbuch, Stuttgart: Metzler. 

Daniel Bonnard, Université Philipps de Marbourg

Doctorant au Max-Planck-Institut für europäische Rechtsgeschichte de Francfort am Main. Historien de formation (M.A.), il travaille depuis 2007 comme chercheur auprès de l'International Research and Documentation Center for War Crimes Trials (ICWC) de l'Université de Marburg (Allemagne). Son projet de thèse porte sur les procès pour crimes contre l'humanité intentés à des ressortissants de l'Axe devant les tribunaux de la Zone d'occupation française en Allemagne (1945-1953). Ses thèmes de recherche sont les procès de criminels de guerre suite à la deuxième guerre mondiale, les procès d'industriels ainsi que l'histoire économique et sociale de l'Allemagne après 1945.

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Publiée

2018-09-07

Comment citer

Christ, M. et Bonnard, D. (2018) « Les espaces de la violence: une étude de cas sur le meurtre des Juifs en Ukraine (1941-1944) », Emulations - Revue de sciences sociales, (12), p. 51–65. doi: 10.14428/emulations.012.003.