L’énigme de Goodman face à l’indistinction nomologique
DOI :
https://doi.org/10.20416/LSRSPS.V6I1.1Résumé
Lorsque Goodman expose sa « nouvelle énigme de l’induction », il veut la distinguer d’un vieux problème, celui de la justification du principe d’uniformité de la nature : peut-on montrer que le futur ressemblera au passé, et que ce qui vaut jusqu’aujourd'hui comme loi de la nature continuera de valoir comme tel à l’avenir ? C’est avec toutes ces vieilles questions que Goodman entend rompre, en posant la question des généralisations légitimes et des prédicats projectibles. A quelles conditions, et pour quelles raisons, peut-on dire que certaines généralisations sont confirmables par leurs instances observées (i.e. nomologiques), contrairement à d’autres qui sont pourtant empiriquement équivalentes ? Il ne s’agit plus de donner un fondement à l’induction, mais de trouver un critère précis pour distinguer les hypothèses qu’on peut légitimement induire de celles dont l’induction serait absurde. Ainsi présentée, la thèse de Goodman apparaît double. (A) D’une part, il existe un second problème de l’induction, distinct de l’ancien, mais qui reste un authentique problème de l’induction. (B) D’autre part, ce problème est soluble par la définition d’un critère de confirmation empirique, qui permet de distinguer les généralisations susceptibles d’être confirmées par leurs instances, des généralisations non-nomologiques. Nous voulons montrer qu’on ne peut pas à la fois (A) poser le nouveau problème de l’induction et (B) chercher un critère de distinction des hypothèses nomologiques et non nomologiques. En effet, si l’on confronte plusieurs hypothèses ou généralisations à partir des mêmes observations, alors elles doivent être toutes aussi nomologiques les unes que les autres. Inversement, si l’on se donne des hypothèses ou généralisations qui ne sont pas toutes nomologiques, on ne peut pas les comparer au sein d’une même induction, ni donc poser l’énigme de Goodman. Le problème posé en (A) ne trouve donc pas de solution adéquate en (B). Et comme nous acceptons la thèse (A) et l’existence d’un problème goodmanien de l’induction, nous nierons qu’on puisse le résoudre par le type de solutions envisagées en (B). Nous finirons donc par formuler ce problème et le type de solution que, selon nous, il appelle.
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