Du refus de la représentation à son incarnation
Quand d’ancien·nes community organizers politisent leurs identités individuelles et collectives
DOI :
https://doi.org/10.14428/emulations.varia.032Mots-clés :
Community organizing, représentation, politisation, recrutement politique, distance socialeRésumé
L’élection de Barack Obama à la Maison-Blanche en 2008 ne marque pas uniquement l’élection du « premier président noir » : il s’agit aussi de celle du premier ancien community organizer. Jusqu’alors relativement inconnue, la catégorie « community organizer » devient indissociable d’une trajectoire politique individuelle mythifiée. La politisation de la catégorie éclaire ainsi un phénomène peu étudié : l’intégration de l’espace du community organizing aux filières de recrutement des professionnel·les de la politique étatsunien·nes à tous les échelons institutionnels. Or, ce phénomène apparaît paradoxal : non seulement l’espace du community organizing s’est construit contre le champ politique comme un « contre-pouvoir citoyen », mais les professionnel·les de la mobilisation et de la représentation populaires que sont les community organizers refusent d’assurer le travail de porte-parolat politique, pris en charge par des « leaders » profanes qu’elles et ils forment et encadrent. Pour rendre raison de ce passage du refus de la représentation à son incarnation, l’article s’appuie sur une enquête ethnographique menée à Chicago entre 2015 et 2018.