Retour critique sur le modèle de ségrégation urbaine de Schelling
DOI :
https://doi.org/10.14428/emulations.031.07Mots-clés :
ségrégation spatiale, simulations, entropie, modèle dynamiqueRésumé
Dans les années 1970, Thomas C. Schelling a proposé un modèle pour expliquer le lien entre ségrégation spatiale et préférences individuelles concernant cette ségrégation. Au moyen de simulations, il cherche à montrer qu’un haut niveau de ségrégation globale peut être le résultat collectif de décisions individuelles qui sont loin de viser une telle ségrégation. Cet article montre cependant que les contraintes structurelles du modèle expliquent intégralement les niveaux de ségrégation atteints. Une faible exigence individuelle pour s’entourer de voisins identiques conduit à une ségrégation collective faible et une exigence forte conduit à une ségrégation forte. Les niveaux de ségrégation correspondant à un seuil donné de satisfaction individuelle n’ont rien de surprenant au regard des lois du hasard et de ce que chaque individu souhaite réellement. Le modèle de Schelling ne permet pas de conclure que, de manière générale, de larges ghettos naissent d’innocentes décisions. Ses caractéristiques sont trop particulières pour pouvoir en tirer des enseignements généraux. S’il faut expliquer la formation des « ghettos urbains », il vaut mieux se tourner vers des causes sociales, économiques ou culturelles.
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