La mise en forme bureaucratique de l’action associative en Tunisie
Les instruments et l’organisation du travail caritatif à Sfax
DOI :
https://doi.org/10.14428/emulations.037.03Mots-clés :
associations, Tunisie, instruments d'action publique, bienfaisance, bureaucratieRésumé
À travers les cas de deux associations caritatives de la ville de Sfax, en Tunisie, l’analyse se focalise sur trois instruments d’action – le livre comptable, l’organigramme et la base des données des bénéficiaires –, afin de mettre au jour les tensions et les ambiguïtés des dynamiques de mise en forme bureaucratique de l’action associative. Ces tensions et ambiguïtés montrent que la définition des instruments d’action associative ouvre davantage de marges de manœuvre pour les responsables des associations. Dans ce cadre, la conformité des procédures de l’association aux normes imposées par l’État, qui lui assure la légitimité de son action, semble moins le résultat d’une réelle volonté de collaboration avec l’État qu’une appropriation des logiques étatistes de la part des responsables des associations. Ces responsables jouent un rôle grandissant, en devenant à la fois des managers de la charité et les garants du fonctionnement de la chaîne sectorielle. La mise en forme bureaucratique de l’action associative se révèle ainsi être un processus de passage des associations de la fonction d’intermédiation idéologique et clientéliste à une forme de gouvernement personnalisée, fondée sur les responsables-managers des associations.