Déconstruire l’« identité », théoriser la race
Des catégorisations aux pratiques
DOI :
https://doi.org/10.14428/emulations.42.02Mots-clés :
identité, race, socialisation, théorie de la pratiqueRésumé
Les critiques des travaux sur les questions raciales dénoncent souvent la perspective « identitaire » qui y serait adoptée. Or l’usage du concept d’identité est âprement débattu en sciences sociales, des textes recommandant même son abandon (Brubaker, 2001). Cet article montre que la littérature sur la race permet de la théoriser, à l’encontre de toute compréhension essentialiste de l’identité, comme le produit de trois logiques imbriquées de formation raciale : auto-identification, assignation et socialisation. En interrogeant d’abord les déterminants sociaux des processus d’auto-identification et d’assignation raciales, l’article se tourne ensuite vers les pratiques sociales au fondement de ces modes de catégorisation, pour considérer la race comme ce que l’on fait plutôt que comme ce que l’on est. Nous explorons ainsi les différentes propositions théoriques qui permettent de penser la race comme principe d’action et de pratiques, comme performance réitérative ou comme incorporation de dispositions.