Ne pas se dire victime de racisme ?

Entre déni et stratégies identitaires

Auteurs

  • Rachid Bouchareb Centre Pierre Naville, Université d’Evry, France.

DOI :

https://doi.org/10.14428/emulations.42.07

Mots-clés :

déni, stratégie identitaire, racisme, victime, minoritaire, altérisation

Résumé

Les formes de qualification du racisme sont en partie structurées par un discours dominant imputant une étiquette de victime au minoritaire. Dans les récits d’expérience, comment comprendre que des minoritaires racisés soient réticents ou refusent de s’en dire victimes ? Partant d’une enquête par entretien (N=35) avec des minoritaires, descendants d’immigrés et de natifs des DOM-TOM, nous interrogeons la catégorisation profane des expériences et interactions racistes, en relation avec le cheminement identitaire et biographique des individus enquêtés. Nous montrons, dans un premier temps, comment leur définition de la situation met en jeu différentes stratégies identitaires, de conciliation ou de mise à distance de l’identité raciale imputée. Nous interrogeons ensuite la manière dont les épreuves vécues d’altérisation se jouent à l’échelle des interactions avec les majoritaires, mais aussi entre minoritaires. Elles conduisent à rendre incertaines tant l’identité personnelle de l’individu que la qualification du racisme.

Biographie de l'auteur

Rachid Bouchareb, Centre Pierre Naville, Université d’Evry, France.

Sociologue membre associé du centre Pierre Naville et du CRESPPA-CNRS, il enseigne à l’Université d’Evry/Paris Saclay. Après avoir mené une thèse de sociologie à l’Université de Paris VIII en cotutelle avec l’Université libre de Bruxelles consacrée au travail féminin précarisé et à la conflictualité au sein des boutiques de réseaux en France et en Belgique, il a orienté ses recherches sur les recompositions du travail indépendant urbain en région parisienne (petit commerçant et consultant informatique) dans le cadre d’une recherche pour la Mairie de Paris (Programme Paris 2030), et l’action syndicale face aux discriminations ethnoraciales dans le cadre d’une recherche européenne pour la FRA (European Union Agency for Fundamentals Rights). Ses recherches récentes ont questionné l’expérience du racisme au travail et les façons de (ne pas) se dire racisé qui mettent en jeu l’identité personnelle. Il interroge actuellement les paradigmes de la sociologie du travail et les rapports sociaux de race. Il a coordonné en 2018 le numéro « Les discriminations racistes au travail. Expériences individuelles et méthodes d’enquête » de la revue Les Mondes du Travail (n° 21).

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Publiée

2022-06-05

Comment citer

Bouchareb, R. (2022) « Ne pas se dire victime de racisme ? Entre déni et stratégies identitaires », Emulations - Revue de sciences sociales, (42), p. 115–128. doi: 10.14428/emulations.42.07.