Une histoire de vocation ? Comment les aides-soignantes occultent le processus de transmission de leurs compétences professionnelles.
une enquête France/Québec
DOI :
https://doi.org/10.14428/emulations.011.007Mots-clés :
aides-soignantes, gériatrie, transmission, compétences professionnelles, mémoire familiale, vocationRésumé
Cet article a pour but de montrer comment les aides-soignantes travaillant dans les organisations gériatriques en France et au Québec se représentent le processus par lequel leurs compétences professionnelles leur ont été transmises. Nous avons réalisé vingt-quatre entretiens semi-directifs en France et vingt-trois au Québec (Canada). Nos résultats prouvent que les aides-soignantes utilisent une rhétorique spécifique, celle de la vocation, pour expliquer le sens de leur trajectoire professionnelle. Cet usage rhétorique leur permet de se représenter leur trajectoire dans l’ordre de la continuité. Afin de structurer cette croyance, les aides-soignantes se créent une identité d’endettées, en s’identifiant comme les récipiendaires d’une aide transmise par leurs proches parents, notamment féminins. Elles se disent dans l’obligation morale de rendre ce don aux aînés vivant dans les organisations gériatriques. Ainsi, en utilisant la rhétorique de la vocation, les aides-soignantes françaises tout autant que québécoises occultent le processus de transmission de leurs compétences professionnelles. Ce découpage mémoriel leur permet d’accepter plus facilement les difficultés du métier et de « tenir » face à des situations professionnelles difficiles.