Professionnalisation ou déprofessionnalisation des enseignants ?
Le cas de la communauté française de Belgique
Résumé
Notre propos est d’interroger la stratégie de transformation du métier d’enseignant, actuellement promue en Communauté française de Belgique (CFB), pour en réfléchir les effets en terme de "professionnalisation" des enseignants. Nous commencerons par présenter le modèle de professionnalité enseignante valorisé dans les discours de nombreux acteurs qui sont intervenus publiquement sur cette question. Une remarquable convergence est perceptible autour d’une redéfinition de la professionnalité enseignante à partir du modèle du “praticien réflexif”. Proposé comme une réponse à la complexité croissante de la pratique enseignante, la valorisation de ce modèle s’inscrit dans une entreprise de conversion identitaire des enseignants via la formation (initiale et continue). Notre intention n’est pas de discuter théoriquement ce modèle, mais d’en analyser le contexte d’apparition et les effets pragmatiques dans le contexte actuel de transformation du système d’enseignement. Cette rhétorique du changement du métier d’enseignant prend en effet sens par rapport au développement d’un nouveau mode de régulation du système d’enseignement qui, en Belgique francophone, s’efforce de le rendre plus équitable et efficace. Nous nous interrogerons sur la signification d’une telle stratégie de transformation du métier du point de vue de la place des enseignants comme groupe professionnel, en nous fondant sur différentes approches au sein de la sociologie des professions. La volonté de transformer le métier d’enseignant, replacée dans le contexte actuel du système éducatif de CFB, engage-t-elle une “professionnalisation” ou une “déprofessionnalisation” des enseignants ? Nous montrerons que de nombreux signes de déprofessionnalisation accompagnent une rhétorique de la professionnalisation qui a davantage une vertu idéologique que des effets pratiques. Cette double tendance va de pair avec une accentuation de la division du travail entre les "enseignants de base" et de nouvelles élites, professionnelle et gestionnaire, dont le pouvoir ou l’influence sur les enseignants s’accentue. On peut parler d’une complexification et d’une recomposition de la division du travail entre les différents professionnels du champ de l’enseignement.
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(c) Tous droits réservés Les Cahiers de Recherche du Girsef 2019
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