La mise en oeuvre de la cohérence pré-généalogique dans le cadre de la Coherence- Based Genealogical Method : évaluation critique

Résumé

Alors que le texte alexandrin est généralement suivi dans les éditions du Nouveau Testament, la Coherence-Based Genealogical Method (= CBGM) revalorise de façon inattendue nombre de leçons byzantines dans l’Editio critica maior. Après un historique de la méthode et une présentation de la cohérence pré-généalogique, l’article offre une évaluation critique permettant de comprendre le dysfonctionnement de la cohérence pré-généalogique. Les critères
constitutifs de la cohérence pré-généalogique sont tributaires autant de la forte homogénéité des témoins byzantins que de leur nombre pléthorique et ils génèrent de la sorte un biais en leur faveur, au détriment des autres types de texte. La revalorisation des leçons byzantines est de ce fait davantage provoquée par les critères adoptés par les promoteurs de la CBGM que par les sources elles-mêmes. La cohérence pré-généalogique est subordonnée aux accidents de la tradition manuscrite où le nombre de manuscrits conservés devient prépondérant. Sa prétention à statuer sur la façon dont a été copiée une leçon dans la tradition manuscrite n’est pas recevable. Notre évaluation montre qu’elle est en réalité réduite à détecter les leçons caractéristiques (ou non) d’un groupe textuel, tout en ignorant l’existence de groupe textuel autre que le texte byzantin. La CBGM se prévaut de conclure à une cohérence forte lorsqu’elle montre que les plus proches témoins partagent la même leçon, alors qu’elle n’aboutit en fait qu’à identifier la leçon caractéristique d’un type de texte. Or, le type de texte byzantin présentant l’homogénéité la plus forte en raison de ses pourcentages d’accords élevés, ses leçons caractéristiques ont immanquablement, selon cette approche, la cohérence la plus forte. Ainsi s’expliquent l’inéluctable revalorisation des leçons byzantines et le dysfonctionnement de la cohérence pré-généalogique.