L'expérience spectatorielle comme technique de soi racialisante

Auteurs

  • Maxime Cervulle

DOI :

https://doi.org/10.14428/rec.v36i36.51043

Résumé

Depuis le début des années 2000, l'émergence soutenue de la thématique de la diversité au sein des sphères publiques française et européenne a notamment renouvelé le débat scientifique et politique autour des discriminations ethnoraciales. Le taux de représentation des dites « minorités visibles », dans les secteurs audiovisuels ou cinématographiques français, a en particulier conduit à une multiplication des rapports et dispositifs publics compétents. Cette exigence de représentativité et d'inclusion désormais adressée au cinéma et à l'audiovisuel français pose la question des conséquences sociales du déficit de représentation des minorités ethnoraciales, notamment s'agissant de la reproduction des rapports sociaux de race asymétriques. À partir et d'une certaine manière à rebours du débat français sur la diversité, cette recherche vise à interroger les termes des modes de subjectivation ethnoraciale des publics. Il s'agit ainsi de penser les façons par lesquelles l'expérience spectatorielle peut constituer le support d'une construction de soi, ainsi que de s'interroger sur l'incidence de la « pâleur des écrans » sur le rapport à soi ainsi constitué. En se penchant sur les types d'identification par lesquelles les publics éprouvent le cinéma, il s'agit de penser le rôle que peut jouer cette expérience dans la formation et stylisation des identités ethnoraciales. À partir d'une étude de réception inspirée du champ anglo-saxon des Critical White Studies et constituée d'entretiens individuels et collectifs auprès de publics socialement identifiés en tant que « blancs » sont ainsi décrites les façons par lesquelles le cinéma peut opérer en tant que technique de soi racialisante. 

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Publiée

2012-06-08

Numéro

Rubrique

Dossier thématique