No 25 (2003): L’accès aux compétences est-il plus (ini)équitable que l’accès aux savoirs traditionnels ?
Depuis le mois de septembre 2001, l’école secondaire en Communauté française de Belgique connaît une nouvelle réforme des programmes de l’enseignement général et technique. Cette réforme entend, grâce à l’énoncé de compétences, améliorer la qualité de la formation des jeunes à la sortie du secondaire. D'aucuns affirment cependant que l'approche par compétences comporte le risque d'accentuer les inégalités de résultats entre élèves alors que celles-ci sont déjà parmi les plus élevées de l’OCDE. Qu'en est-il dans les faits? Dispose-t-on d'indices permettant d'apporter une première réponse à cette question? Telle est la question centrale que ce cahier propose de traiter.
Le présent texte se propose de vérifier dans quelle mesure l’évaluation des élèves sur base de leur maîtrise de compétences se montre plus ou moins inéquitable que l’évaluation de la maîtrise de savoirs et de savoir-faire traditionnels susceptibles d’être mobilisés dans ces compétences. L’analyse des résultats des élèves confrontés à ces deux types d’évaluation (compétences et savoirs ressources) révèle une dépendance à l’origine socioéconomique. Pour les deux types d’épreuve, le niveau des scores des élèves est une fonction positive de variables telles que le niveau d’éducation des parents, l’origine belge de la mère, le retard scolaire (échecs, redoublements antérieurs). On observe toutefois que ce déterminisme joue différemment selon que le type d’évaluation. Mais le résultat le plus important est qu’il ne semble pas y avoir de différence dans l’intensité de ce déterminisme selon le type d’épreuve. En ce sens, l’évaluation par les compétences ne serait pas plus inéquitable que l’évaluation traditionnelle.