Logements et crises. Quels impacts démographiques ? (FR)
Selon les Nations-Unies[1], le logement convenable est un droit humain fondamental. Il est à la base du développement de l’individu, lui apporte stabilité, sécurité et dignité. Par ailleurs, le logement est souvent considéré comme un déterminant important de la santé mentale et physique, de l’équité en santé et de la qualité de vie. Pourtant, plus d’un milliard de personnes dans le monde vivent dans des logements insalubres et/ou informels. Plusieurs millions de personnes, chaque année, perdent leur logement et sont contraintes de se déplacer suite aux conflits, aux catastrophes naturelles, à la crise climatique…
Les crises récentes ont mis en lumière la difficulté de la migration d’urgence : qu’elles soient politiques, économiques et environnementales, elles peuvent appeler à des déplacements forcés, et donc à une adaptation du marché du logement d’accueil, sur le court-terme, mais aussi de manière plus durable. Les changements de la société et les politiques liées au logement, à son prix, à l’accès à la propriété, peuvent également dicter certaines formes de migrations internes – voire internationale – telles que les exodes ruraux et la migration périurbaine.
Par exemple, durant la pandémie de la Covid-19, le logement est devenu la première ligne de défense contre la maladie et sa propagation, compte tenu des mesures de confinement prises un peu partout dans le monde. La pandémie semble avoir souligné, voire accentué les inégalités sociales face au logement, ainsi que la vulnérabilité des sans-abris et des moins bien logés. Ces conditions de logement sont susceptibles d’avoir des effets négatifs sur la santé mentale et physique en période de confinement et d’augmenter les risques de transmission du virus et de développement de comorbidités.
La guerre en Ukraine a posé des nouvelles questions relatives à l’accueil des réfugiés ukrainiens, telles que : comment et qui peut accueillir des migrants et quelles sont les caractéristiques socio-économiques de ces familles d’accueil ? Comment se passe la cohabitation et combien de temps dure-t-elle ? La question de la mesure et de la collecte de données sur ces nouvelles situations de logement, à court et à long-terme, se pose aussi. En outre, la guerre en Ukraine a et aura des répercussions sur les prix de l’énergie, qui ne toucheront pas de manière égale tous les ménages. D’autres crises majeures entraînent des déplacements de population et impactent donc le logement. La crise liée au terrorisme au Sahel en est un exemple très particulier, avec des déplacements internes de populations qui appellent des stratégies de relogements entraînant des risques spécifiques.
Au-delà des exemples développés ci-dessus, les crises, qu’elles soient politiques, socio-économiques ou sanitaires, ont des impacts évidents sur le niveau de vie des populations et peuvent exacerber des situations de tension préexistantes dans le secteur du logement, et par extension contraindre à la migration interne ou internationale.
Les textes attendus mettront en évidence les interactions entre les situations de crise et de logement, tant dans les contextes des pays du Nord que des Suds. Plus spécifiquement, les articles proposés devront analyser l’une des orientations suivantes :
- L’impact des conditions de logement durant les crises sanitaires (notamment la crise de Covid-19) sur la santé et la mortalité, et sur les inégalités sociales de santé et la mortalité.
- L’impact des crises sanitaires, socioéconomiques, environnementales et politiques sur les migrations et par extension sur les changements de logement.
- L’impact de la guerre en Ukraine sur la demande de logement d’accueil d’urgence et pérenne, ainsi que les conditions de vie des populations européenne suite à la hausse des prix de l’énergie.
Les articles devront être proposés avant le 01/05/2023 à la Revue Quetelet. Les informations concernant la soumission sont disponibles sur le site de la Revue Quetelet : https://ojs.uclouvain.be/index.php/Quetelet/index
Contact : thierry.eggerickx@uclouvain.be & yoann.doignon@uclouvain.be