Migration et santé à la périphérie de Ouagadougou

Une première analyse exploratoire

Authors

  • Clémentine Rossier
  • Abdramane Soura
  • Bruno Lankoande

DOI:

https://doi.org/10.14428/rqj2013.01.01.06

Abstract

Résumé

En Afrique subsaharienne, les migrations du milieu rural vers la ville restent un phé­nomène important, pouvant avoir une influence sur les conditions de santé en ville. Dans l’Observatoire de Population de Ouagadougou, Burkina Faso, 71 % des adul­tes de plus de 15 ans ne sont pas nés dans la capitale. Utilisant les données collectées dans cet observatoire en 2010, nous étudions le lien entre le statut migratoire et quelques dimensions de la santé (pratiques d’assainissement, malnutrition et ris­que de fièvre chez les enfants ; surpoids, hypertension, dépression et accidents chez les adultes). L’effet des caractéristiques socio-économiques est contrôlé dans cette analyse. Les enfants de migrants ne sont pas plus malnutris ou fiévreux que les enfants de natifs. Les pratiques d’assainissement (ordures et lieu d’aisance) sont tout aussi bonnes dans les ménages dirigés par des migrants. Les adultes migrants sont moins déprimés que les natifs de la capitale, du moins après 10 ans de résidence. Contrairement aux études menées dans d’autres villes africaines, les migrants ne sont pas moins souvent en surpoids ou moins souvent hypertendus à leur arrivée. Ils sont même plus hypertendus que les natifs après avoir résidé longtemps en ville, peut-être à cause d’un retour sélectif au village des migrants qui ne présentent pas de problèmes cardiovasculaires au moment de la retraite. Enfin, les mi­grants de longue durée déclarent moins d’accidents ayant donné lieu à un recours aux soins, sans doute parce qu’ils consultent moins en cas de problème de santé.

Summary

In Sub-Saharan Africa, rural-to-urban migration remains a significant phenomenon, likely to impact urban health conditions. In the Ouagadougou Demographic Surveillance System (DSS), Burkina Faso, 71 % of adults aged 15 or over were not born in the capital. Using survey data collected in this DSS in 2010, we study the link between migration status and some dimensions of health (sanitation practices, malnutrition and risk of fever in children, overweight, hypertension, depression and accidents in adults). The effect of socio-economic characteristics is controlled in this analysis. Children of migrants are not more malnourished or more feverish than children of natives. Sanitation practices (waste and toilet) are equally good in households headed by migrants. Adult migrants are less depressed than those born in the capital city, at least after 10 years of residence. Unlike studies in other African cities, migrants are not less often overweight or less often hypertensive at their arrival in Ouagadougou. They are even more hypertensive than natives after a long time of residence, perhaps due to a selective return to the village of migrants who do not have cardiovascular problems at the time of retirement. Finally, long-term migrants declare fewer accidents which resulted in health care utilization, probably because they visit health services less in case of health problem.

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Published

2013-04-01

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Articles