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Appel à contributions pour le premier numéro de la revue UniMusea : "Décoloniser les collections universitaires ? Défis, enjeux et perspectives"

Le premier numéro de la revue sera consacré aux réflexions et pratiques liées à la décolonisation des collections universitaires : analyse des provenances, héritages coloniaux, transformations institutionnelles, collaborations avec les communautés d’origine, nouvelles formes de muséographie et de recherche.

Il est associé aux journées d’étude "Décoloniser les collections universitaires ? Défis, enjeux et perspectives", organisées par le Musée L les 8 et 9 octobre 2026 à Louvain-la-Neuve (Belgique). Les journées se dérouleront en format hybride (présentiel et visioconférence). Les auteur·rice·s des contributions retenues seront invité·e·s à y participer.

Ce numéro s’inscrit dans un ensemble de débats scientifiques, politiques et muséaux autour du rôle des universités dans la constitution, la transmission et la remise en question des savoirs issus des contextes coloniaux. L’état de l’art et les développements théoriques suivent plus bas.


Modalités de soumission des contributions

Les auteur·rice·s sont invité·e·s à soumettre un résumé de contribution.

Format attendu :

  • Longueur : 1 500 signes espaces compris

  • Contenu : titre provisoire, problématique, terrain ou collections étudiées, approche méthodologique

  • Langues acceptées : anglais, français, néerlandais, allemand (autre langue sur demande)

  • Format de fichier : Word (.docx) ou PDF

  • Envoi par courriel à : unimusea-museel@uclouvain.be

Calendrier :

  • Envoi des résumés : 25 janvier 2026

  • Notification aux auteur·rice·s : début février 2026

  • Soumission des articles complets (25 000 signes max) : 30 avril 2026

  • Journées d’étude à Louvain-la-Neuve : 8–9 octobre 2026

  • Publication du numéro : fin 2026


État de l’art

Ces dernières années, plusieurs ouvrages et publications, ainsi que des rencontres scientifiques et issues d’initiatives de la société civile, ont souligné l’importance de travailler sur les héritages coloniaux portés par les universités des anciens empires européens. En Belgique, plusieurs universités ont mis en place des groupes de réflexion internes. C’est le cas de l’UCLouvain qui a rendu en 2021 un rapport conclusif aux échanges du groupe de travail « Passé colonial ». L’Université libre de Bruxelles s’est aussi saisie de cette question, en mobilisant un cercle de réflexion mixte, permettant la rencontre et la discussion de personnels académiques et de cercles étudiants issus de la diaspora congolaise. La commission Koloniaal Verleden en Koloniaal Erfgoed de la KULeuven (septembre–décembre 2020) a permis de développer la réflexion également côté flamand. Tous ces rapports soulignent l’implication des universités belges dans l’entreprise coloniale. Un groupe de travail interuniversitaire sur le passé colonial et la problématique de la décolonisation dans les universités belges fut aussi mandaté par les Conseils des recteurs VLIR/CRef.

Dans le reste de l’Europe, plusieurs universités ou groupements interuniversitaires se sont aussi saisis de l’histoire de leurs collections en relation avec le passé colonial. À l’échelle européenne, nous pouvons mentionner le groupe de travail de l’association UNIVERSEUM, ainsi que le projet Horizon Europe COLUMN, visant à questionner l’héritage colonial des universités en Europe et au-delà.

Enfin, nous pouvons mentionner le travail du Comité international pour les musées et collections universitaires (UMAC) ainsi que celui du Comité international pour la muséologie (ICOFOM) au sein du Conseil international des musées (ICOM). Par exemple, la revue UMAC Journal a consacré à la question un numéro spécial intitulé Beyond Provenance Research: Restitution and Return from University Museums (éd. Steph C. Scholten, Andrew Simpson, Gina Hammond) ; tandis que ICOFOM Study Series a publié, en 2024, Decolonizing Academic Disciplines and Collections (éd. Rainer Brömer, Susanne Rodemeier).

Dans les pays anciennement colonisés, des universités, souvent créées par les pouvoirs coloniaux, abritent des collections à l’histoire complexe qu’il s’agit de mieux comprendre et d’étudier. Cet appel ne se limite pas à l’Europe et à ses anciennes colonies mais aussi aux autres régions du monde, ainsi qu’aux nouvelles formes de colonisation contemporaines.

Récemment, le colloque intitulé Études de provenances des collections de sciences naturelles et humaines. Muséologie et histoire pour le temps présent, organisé par le Muséum national d’histoire naturelle à Paris, a souligné la pluralité des disciplines concernées par les enjeux de décolonisation. Nous invitons à une réflexion générale en donnant aux collections universitaires une acception large et en interrogeant toutes les disciplines. Dans un souci de pluridisciplinarité, il s’agira également de penser aux cas de « collections mixtes » (Bondaz, Dias et Jarassé, 2016, « Collectionner par-delà nature et culture », Gradhiva, 23) embrassant plusieurs disciplines bien qu’ayant pu être divisées en lien avec l’histoire des savoirs.

Cet appel à contributions se décline en deux axes thématiques, au sein desquels les propositions d’articles pourront s’intégrer.


Axe 1 — Que signifie décoloniser des collections universitaires ?

Le besoin de porter un regard critique sur l’histoire des collections en lien avec les colonisations est commun aux musées et à d’autres institutions conservant des héritages culturels. Ici, nous souhaitons en particulier interroger la spécificité des collections universitaires. Plus que toutes autres, celles-ci sont liées à la définition et à la transmission de savoirs. Ce sont des témoignages matériels du passé colonial et de ses héritages dans le présent.

Est-il possible et/ou pertinent de décoloniser des musées ou des collections universitaires ? Comment déclencher un tel processus ? Comment se former, repenser la gestion, la conservation, la documentation et renforcer les liens avec les communautés concernées ? Quelles politiques en matière d’acquisition et d’aliénation ? Quels sont les statuts des collections universitaires issues d’un contexte colonial ?

Historiciser les collections et les réexaminer passe notamment par le biais de recherches de provenances, devenues une mission essentielle des institutions conservant des collections au cours de la dernière décennie. Dans les processus visant à repenser les collections issues d’un contexte colonial, quel(s) rôle(s) joue(nt) la recherche de provenances ? Quelles sont les origines et les modalités d’acquisition des collections universitaires, en particulier ? Quelles méthodes de recherche mettre en place pour ces collections ? Pourquoi de telles recherches sont-elles menées et dans quels buts ? Comment communiquer autour du processus et des résultats ? Comment impliquer et associer l’ensemble de l’université ?


Axe 2 — Quelles relations entre les universités et leur héritage colonial ?

Les collections et les musées universitaires ne constituent qu’une partie des héritages coloniaux portés par les universités. De quelle manière peuvent-elles être un point de départ afin d’interroger les autres formes d’héritage colonial, tangibles et intangibles, au sein des institutions ? Comment sont mobilisées les collections universitaires issues d’un contexte colonial (cours, projets de recherche) ? Qui les mobilise ? Quelles sont les relations avec les communautés d’origine ?

Que mettent en place les universités qui s’engagent à décoloniser leurs curricula, leurs structures et leur fonctionnement ?
Quel est l’état des collections universitaires dans les anciennes colonies ? Comment sont-elles pensées aujourd’hui ?
Comment construire des collaborations plus équilibrées avec les représentant·es de la société civile ainsi que les collègues des universités des communautés d’origine ?