"On a bien mamangé" : Le "baba au rhum" doubrovskien vs les "Petites Madeleines" proustiennes
Mots-clés :
Doubrovsky, Nourriture, Écriture, Psychanalyse, AutofictionRésumé
Comment expliquer cette extraordinaire félicité d’un fils au moment où il porte à ses lèvres les douceurs préparées par sa mère ? On la comprend d’abord comme une sorte de régression orale euphorisante. Extase jubilatoire de celui qui se retrouve emporté dans le souvenir ou plutôt le fantasme d’une communion originelle « retrouvée ». Mais pas seulement. Car ces douceurs maternelles ne sont pas sans cruautés. En me comblant, ces nourritures venues de l’Autre m’envahissent totalement et par là-mrme m’emprche d’rtre par moi. D’où la nécessité pour le fils accablé par ces cadeaux empoisonnés d’rtre capable non pas de s’en affranchir, cela le couperait à jamais de ses origines, mais, au contraire, de les digérer. Tel est le fantasme à l’origine de cette extraordinaire félicité du mangeur. Fantasme d’un pouvoir de vie et de mort sur l’Autre (maternel) qu’on retrouve au fondement du projet autofictionnel de Serge Doubrovsky dans Le Monstre : cette incroyable expérience littéraire de 2599 feuillets pour digérer à la fois la langue maternelle et le roman proustien...