Irène Némirovsky et Paul Morand dans l’œil du cinéma
Destins tragiques des «hommes pressés»
DOI :
https://doi.org/10.14428/mnemosyne.v0i4.12323Mots-clés :
Paul Morand, Irène Némirovsky, entre-deux-guerres, cinéma, L’homme presséRésumé
Irène Némirovsky et Paul Morand furent deux écrivains parmi les plus célèbres de l’entre-deux-guerres. Leurs œuvres respectives traduisent une même oscillation entre l’exaltation du Je, à travers le recours systématique à l’autobiographie romancée, et la dépréciation du moi, entendu comme manifestation de l’individualisme et conséquence paradoxale de la dépersonnalisation à l’ère des masses et de la société du spectacle. Pour décrire ce tiraillement, l’un et l’autre introduisent en littérature le langage du cinéma, un art alors récent qui unit mouvement mécanique et projection. Le défilement d’images sur une toile devient ainsi un symbole de l’homme projeté en-dehors de lui-même, épris de vitesse et de technique. Forme contemporaine du Fatum antique, l’« expressivité purement cinématographique du mouvement » (C. Pavese) trouve son incarnation littéraire tant dans les Films parlés de Némirovsky que dans la figure burlesque de Pierre, le antihéros tragique de L’homme pressé, l’un des romans autobiographiques les plus achevés de Morand.