Portrait d'André Breton en téléologue
Pour une relecture de Nadja
DOI :
https://doi.org/10.14428/mnemosyne.v0i4.12283Mots-clés :
André Breton, Nadja, telosRésumé
Alors que le modèle explicitement loué par André Breton dans Nadja est celui de l'errance, le récit, lui, dessine clairement un chemin. Mettre au jour la configuration du récit sera une première étape: l'œuvre est soumise à la «ligne dure» de la fabula, qui mène au «point de fuite», véritable telos qui aimante l'écriture. La configuration vectorisée du récit est corollaire de la préfiguration qui place la diégèse sous le signe de la nécessité. La rencontre avec la femme aimée, à la fin de l'œuvre, permet à l'écrivain de renouer in extremis avec le récit aristotéléologique, pour employer un néologisme. La fortuna qui guide celui qui tente alors de s'imposer comme le point d'intersection du mouvement surréaliste ressemble fort à une fortune littéraire recherchée. «Hasard» heureux, Suzanne Ménard, ladite «Merveille» n'est autre que la maîtresse d'Emmanuel Berl, futur éditeur de Nadja. Circonstances éditoriales et deus ex machina amoureux sont inextricablement liés. La «ligne dure» du récit épouse ainsi la trajectoire virtuelle d'une postérité rêvée, correspond à une transfiguration de son auteur.