L' écriture de soi et l'expérience d'entendre une voix 'autre'
DOI :
https://doi.org/10.14428/mnemosyne.v0i3.12063Mots-clés :
Soi, expérience, écriture, altérité, voixRésumé
En partant d’une caractérisation du récit comme temporalisation de soi, on examine la notion d’« entendre » : hypothèse de la lecture-écriture comme exercice où l’on essaie de saisir le « ton juste », qui réside dans les mots et parfois à l’insu de ce qui est dit ou écrit. Sorte de tonalité affective, inconsciente, qui serait en dette d’une voix, de la musicalité d’une voix (pour Proust, la voix de la mère dans la scène originaire de la lecture), voix incorporée, entendue « de l’intérieur », et qui resterait en nous comme l’« enfance » d’un passé qui n’est pas passé, un reste de temps perdu résistant au passage du temps, surgissant en nous dans le hasard de l’existence. L’écriture du soi resterait alors secrètement accordée à l’unisson avec cette voix première, archaïque, voix autre que la nôtre dans la nôtre, étrangère à nous quoiqu’en nous, laquelle viendrait complexifier et troubler un soi non-figé, non-homogène, et dont la constitution relèverait essentiellement d’un possible et incertain à-venir.