8 Atypies et temporalités
– les auteur·es démontrent les nécessaires compétences d’adaptation et de réajuste-
ment dont font preuve les professionnels rencontrés et la pluriactivité qu’imposent ces
carrières hybrides, avec en toile de fond des jeux de distinction et de reconnaissance
des pairs, qui tantôt s’appuient sur leur carrière journalistique et tantôt s’en
distancient. Ainsi, les dynamiques itératives d’entrée et de sortie de la profession sont
autant d’occasion de marquer le nouveau territoire professionnel qu’ils investissent.
Olivier Standaert investigue également les hybridités quelque peu forcées en
journalisme, mais cette fois en entrant par le vécu de nouveaux journalistes en
Belgique francophone. L’incertitude et la « déstandardisation des carrières » en
journalisme conduisent ces nouveaux venus à une forme de reconsidération du posi-
tionnement social du journalisme et, par conséquent, de leur propre trajectoire. Ainsi,
l’auteur livre le récit de 27 journalistes novices – dont les statuts varient d’indépen-
dant, de contractuels a
̀
dure
́
e de
́
termine
́
e comme inde
́
termine
́
e, d’inde
́
pendants a
̀
titre
comple
́
mentaire et de chômeur – qui permet de saisir trois facettes de ces parcours
incertains : la mobilité, l’incertitude et l’individualisation des parcours. Dans ce
dernier cas, l’auteur relève une « profonde de
́
standardisation des trajectoires profes-
sionnelles des jeunes journalistes », qu’il associe à sept critères objectifs que sont les
rythmes chronologiques de l’insertion, la variété des employeurs, les combinaisons
statutaires et d’emploi du temps, les allées et venues entre les marchés du travail, les
subjectivations des relations interpersonnelles, la prégnance des relations de réseaux
et la fréquence des mouvements au sein même du marché journalistique. Or, bien que
Standaert signale que les individus rencontrés semblent accepter cette déstandardisa-
tion en la subordonnant aux nouvelles capacités d’adaptation et à la flexibilité
auxquelles ils sont adaptés, il souligne quand même leur incapacité « dramatique » « a
̀
penser eux-mêmes leur futur ». Ainsi, « […] les formes identitaires se révèlent sou-
vent fragiles, hybrides, mais aussi plus éloignées, par la force des choses, du
journalisme espéré » (p. 53).
Ivan Ivanov, de son côté, explore la cooptation des journalistes par les métiers des
relations publiques, encouragée par les compétences rédactionnelles requises, mais
rarement détenues par les relationnistes de formation. Ce manque de compétence
nuirait à l’image des professionnels des relations publiques, appelant par conséquent
au développement de ce métier hybride qu’est le journalisme d’entreprise, qui fait
« rentrer » le journalisme dans les organisations. Principalement dédié à la production
d’écrits organisationnels destinés à des publics internes comme externes, ce poste
pourrait malgré tout contribuer, pour Ivanov, « […] 1) a
̀
la formation et a
̀
l’ame
́
lio-
ration des compe
́
tences re
́
dactionnelles et e
́
ditoriales des relationnistes et 2) [à]
produire des supports d’information et de communication lisibles et e
́
crits selon les
re
̀
gles de l’art. » (p. 79). Toutefois, compte tenu des fondements disciplinaires diffé-
rents et des valeurs paradigmatiques y étant attachées, ce poste demeure « contesté et
contestable » tant au sein de l’organisation que dans la communauté journalistique.
Après avoir circonscrit les rôles, compétences et tâches du professionnel en RP, pour