16 Inuences croisées entre pratiques et recherches en communication des organisations
Notre étude vise à interroger l’opportunité d’une professionnalisation par la
recherche en communication plus certainement que les tensions épistémologiques entre
chercheurs et praticiens. De même, la propension des communicateurs à mobiliser les
acquis scientiques dans l’accomplissement de leur(s) métier(s) est ici appréciée à
travers le prisme de formations universitaires par voie d’apprentissage où alternent les
séquences professionnelles et académiques. Cette alternance n’est pas rare dans une
université où les incursions, ponctuelles ou prolongées, des étudiants dans la sphère
professionnelle sont au programme de leur cursus. Cela étant, une immersion durable,
assortie de missions opérationnelles ou stratégiques, aecte nécessairement les
modalités d’une professionnalisation dont les cadres d’accomplissement sont réputés
complémentaires mais, ce faisant, distincts.
Inspiré par une étude conduite en région Hauts-de-France sur la place de la
recherche dans les formations par voie d’apprentissage de l’Enseignement Supérieur
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notre propos vise à discuter la réciprocité des apports entre l’entreprise et l’université
dans des cursus où la professionnalisation des apprentis ne se départit pas de la
recherche, fût-ce à titre initiatique. Dans ces cursus, le choix et la construction d’un
objet de recherche sont motivés par le cadre d’exercice, l’activité, les dispositifs et
processus de communication observables en situation d’apprentissage. La question
de recherche est d’inspiration professionnelle ; sa problématisation est universitaire.
Or, cette dialectique est aussi l’objet d’une confusion fréquente entre les attendus de
la recherche et ceux de l’action ; confusion d’autant plus probable que la recherche-
action (ou recherche-accompagnement) s’est progressivement imposée comme un
modèle de compromis entre recherche fondamentale et recherche appliquée. Mais plus
encore, les écrits de recherche produits en complément, substitut ou prolongement de
« rapports d’apprentissage » ou encore de « mémoires professionnels », dont il con-
viendra d’analyser la nature, contribuent-ils à éprouver une posture singulière de
professionnel ? Plus largement, se peut-il que la recherche, en tant que mission cardinale
des universités, constitue encore une valeur ajoutée de la professionnalisation ?
Notre propos analyse la place de la recherche pour l’étudiant-apprenti placé dans un
système d’action, et donc de représentations et d’objectifs, au conuent de l’entreprise
et de l’université. À travers diérentes expériences, il s’agit d’apprécier la dynamique
et les enjeux d’une professionnalisation par la recherche. L’hypothèse d’une valeur
ajoutée de la recherche dans l’apprentissage et, réciproquement, de l’apprentissage
pour des formations universitaires nous conduit ainsi à rendre compte des points de
vue exprimés, respectivement, par les apprentis, leurs tuteurs pédagogiques et leurs
maîtres d’apprentissage.
Sur le plan méthodologique, les douze entretiens semi-directifs menés avec les
responsables de formation, le corpus de « mémoires », à l’échelle d’une promotion
d’apprentis par formation, comme aussi les prescriptions et formats pédagogiques
qui accompagnent leur réalisation servent notre analyse. Un examen des maquettes,
référentiels (che RNCP) et autres documents d’accréditation nous permet d’identier
les modules de formation dédiés à la recherche à des ns d’initiation (épistémologie,