18 La professionnalisation des pratiques autour des commentaires numériques
Introduction
Au cours des dernières années, les gouvernements nationaux et locaux ont réalisé
des progrès dans l’appropriation des outils numériques de communication pour
servir un public diversié qui utilise de plus en plus les plateformes numériques pour
interagir et s’informer. Dans notre continent, cette tendance s’observe principalement
dans les pays d’Amérique du Nord (États-Unis et Canada), puis dans quelques
pays de l’Amérique latine (Uruguay, Chili, Argentine et Brésil). De plus, pendant
l’année 2018, 35 % des pays des Amériques disposaient de liens vers des réseaux
socionumériques (RSN) sur leurs sites Web (Nations Unies, 2018, 119). Dans le
contexte des organisations de santé publique, la tendance vers le numérique a stimulé
l’adoption d’initiatives de santé en ligne à visée préventive
1
. Ces interventions ont
été mises en place pour évoluer vers un modèle de communication plus interactif, qui
soutient les services de soins de santé et la surveillance (entre autres), par exemple
lorsqu’on se sert des RSN pour diuser des messages de santé à caractère préventif
ou lorsqu’on utilise le courriel pour envoyer des mises à jour aux citoyens lors d’une
situation d’urgence (OPS, 2016). La propension des organisations de la santé à se
tourner vers le numérique a entraîné un éventail de changements dans leurs pratiques
communicationnelles et une obligation à se professionnaliser, qui ont suscité les
réexions des chercheurs, notamment dans des domaines comme la communication
politique, la communication organisationnelle et la communication de risque.
Malgré la multiplication des espaces numériques liés à ce domaine, seuls sept pays
latino-américains disposent d’une politique pour encadrer les actions de la santé en
ligne : le Belize, le Brésil, le Chili, Cuba, l’Équateur, le Mexique et le Pérou (Jimenez-
Marroquin, Deber et Jadad, 2014, 332). De surcroît, Tursunbayeva, Franco et Plagiari
(2017) ont constaté que, généralement, les organisations publiques de santé ont
adopté des plateformes numériques, telles que Facebook ou Twitter, pour établir des
interactions avec le public et les parties prenantes an de se montrer responsables
et transparentes dans leurs actions. Ces constats sont conrmés par les conclusions
de l’analyse d’Espín-Espinoza et González-Galván (2020) à propos de la Journée
mondiale de l’alimentation 2018, où les ministères de la Santé de cette région ont
utilisé leurs pages Facebook pour rendre compte principalement de questions
institutionnelles, telles que des événements, des activités ocielles et les services. En
outre, les auteures ont noté que les ministères de la Santé ont fait un usage limité des
possibilités interactives oertes par la plateforme Facebook, telles que les groupes ou
la diusion en direct : à peine deux ministères ont utilisé cette dernière pour interagir
avec leurs communautés numériques, l’un d’eux étant celui du Brésil. De plus, en ce
1 L’Organisation Panaméricaine de la Santé dénit la santé en ligne comme « l’utilisation ecace et
sécurisée des technologies de l’information et de la communication (TIC) à l’appui de la santé et des
domaines connexes, y compris les services de soins de santé, la surveillance de la santé, la littérature
et l’éducation, la connaissance et la recherche » (2016, 12).