96! Professionnalisation!et!éthique!de!la!communication!
!
Les étudiants en publicité et qui souhaitent s’orienter professionnellement vers ce
secteur sont-ils naïfs ou critiques envers la publicité ? Sont-ils cyniques, ambivalents
ou conscients envers son éthique ? Quelles sont les représentations sociales critiques
à l’encontre de la publicité qu’ils ne conçoivent pas ? Quelles sont celles avec
lesquelles sont ou ne sont pas d’accord ? Pourquoi ? Lesquelles considèrent-ils
problématiques pour la société ? Et pour ces dernières, disposent-ils de pistes
d’amélioration ? Cet article présente les résultats d’une étude menée sur 24 étudiants
en Publicité et communication commerciale. L’investigation possède deux objectifs
liés : premièrement, distribuer ces étudiants parmi des catégories d’attitudes par
rapport à la publicité et son éthique et, en second lieu, sur base des mêmes données
récoltées, présenter des propositions pour l’établissement d’un dispositif d’éducation
critique à la publicité.
Au moyen d’un entretien individuel semi-directif alliant l’approche compréhensive
et la méthode du tri de cartes, les étudiants ont été confrontés à un tour des
représentations sociales de la publicité présentes dans la littérature critique. Une
approche des attitudes, c’est-à-dire une procédure d’évaluation de la direction et de
l’intensité (Moscovici, 1962 ; Belin, 1991) des opinions émises, a été combinée à une
compréhension des justifications apportées à ces choix. Tant les dimensions modales
que référentielles des choix posés et des propos tenus ont donc été examinées.
1.! L’éthique!comme!inquiétude!sociétale
L’éthique est une notion aux contours changeants. Pour certains auteurs adeptes du
point de vue subjectiviste, elle ne peut être définie par des lois universelles (Brandt,
1959, p.154). Les seuils de tolérance au genre publicitaire varient dans le temps, dans
l’espace et d’un individu à l’autre. Dès lors, le jugement éthique en la matière peut
demeurer incertain. La notion d’éthique publicitaire au regard des praticiens, sera ici
évoquée sous le vocable de l’inquiétude sociétale. En effet, pour agir éthiquement en
publicité, il convient de tenir compte des conséquences de ses actes, d’agir en fonction
d’un examen préalable des intérêts de tous ceux qui pourraient être affectés par la
publicité (Hare, 1981). Il est nécessaire de s’enquérir du contexte, des valeurs en
présence, des impacts des créations publicitaires (Sicard, 2001) et cela activement,
avec anticipation des effets possibles (Canto-Sperbert, 2001), par le biais de la
recherche d’un consensus et au prix d’une argumentation (Singer, 1991). L’éthique
publicitaire est donc une réflexion critique, mais néanmoins ancrée dans le concret et
non pas idéaliste et absolutiste (Weber, 1959). Elle est la capacité, dans l’activité
publicitaire globale, que ce soit pour le commercial, le stratège, le créatif, le média-
planneur… d’agir au mieux, avec une responsabilité sociale (Teyssier, 2004), avec
une « conscience de ce qui doit être fait » (Drumwright & Murphy, 2004, p. 7).
La problématique de l’éthique est en constante redéfinition dans le champ
publicitaire : parce que les techniques évoluent, parce que les modes créatives se