86! Professionnalisation!et!éthique!de!la!communication!
fonction de trois critères principaux : 1) le gain (G) qu’il pense faire s’il accorde sa
confiance à B ; 2) la probabilité (p) que B agisse honnêtement ; 3) l’effort (E) qu’il
doit faire (en termes de surveillance ou d’enquête, par exemple) pour se prémunir du
risque que B soit en fait malhonnête. Ainsi, si (G-E) * p apparaît plus grand que la
possible perte engendrée par le fait de ne pas accorder sa confiance à B
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, alors A va
faire confiance à B pour faire X.
Mais en général, le professionnel des relations publiques travaille pour B, donc pour
l’agent qui signale son type à A. Du point de vue de B, d’autres facteurs doivent être
pris en considération. Il doit savoir quel est le capital réputationnel accumulé par B
(comment ont été jugées les actions de notre organisation jusqu’à maintenant ?). Il
doit évaluer le coût du signal (la publicité, par exemple) qu’il doit transmettre à A
pour mériter sa confiance. Pour évaluer correctement ce coût, il sera aussi utile de
déterminer dans quelle mesure A est tolérant ou non face au risque, car plus un agent
est risquophobe, plus il aura besoin d’information avant d’accorder sa confiance (plus
le coût du signal sera élevé). Enfin, B ne doit pas oublier qu’en transmettant un signal
vers A, il dévoile sur lui-même une certaine part de vérité qui, dans certaines
circonstances, peut le fragiliser stratégiquement par rapport à ses clients, à ses
concurrents ou à d’autres parties prenantes. Dans ce contexte, la vérité, qui peut être
définie comme une adéquation entre le signal et le type (et ses différentes
caractéristiques), doit permettre de maintenir un juste équilibre entre la capacité de
susciter la confiance de A et la préservation des intérêts fondamentaux de B. Il est
coutumier d’affirmer que mentir ou cacher la vérité est un acte immoral et contraire à
la déontologie des relations publiques. Mais il est clair aussi (et chacun l’expérimente
dans sa vie régulièrement) que dire « toute la vérité et rien que la vérité » peut avoir
des conséquences dramatiques sur les intérêts fondamentaux d’un agent. En ce sens,
certains mensonges, et plusieurs demi-vérités, peuvent avoir une justification éthique
tout à fait raisonnable.
En résumé, l’intégration de la vérité, de la confiance et de la réputation dans la prise
de décision peut être exprimée de cette façon: pour gérer convenablement le risque
réputationnel, B doit se demander si, pour transmettre une certaine part de vérité sur
son type, il peut trouver un signal qui soit coût-efficient (c’est-à-dire moins coûteux
que le bénéfice qu’il produit), tout en créant un lien de confiance avec A, et en
empêchant au maximum les concurrents de B de produire un signal coût-efficient qui
dévoile un type nuisant aux intérêts de B (Gambetta, 2011). En somme, à l’intérieur
du modèle de prise de décision éthique présenté dans cet article, la gestion de la vérité
et du risque réputationnel intervient comme facteur de classement (pondération) des
options du décideur. C’est-à-dire qu’une fois que le décideur a fait une analyse
rigoureuse et complète des conséquences (voir section 2.3.) et cherché à équilibrer les
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