118 Genre et Communication : quels enjeux pour les pratiques professionnelles...
ne faut pas stigmatiser la lle ou le garçon, puis au contraire on re-genre beaucoup
d’autres produits, y compris les émissions de télévision. On a tout type de produits de
la vie quotidienne qui sont très clairement stigmatisés vers un sexe ou un autre pour
gagner en crédibilité, en statut auprès de leurs cibles spéciques. Je dirais que de ce
côté-là, nous sommes plutôt à l’inverse, on veut clairement vendre le produit.
VL : Pas d’évolution sur le fond, on reste dans des stratégies de ciblage. À l’intérieur
des entreprises, qu’en est-il du point de vue des pratiques de communication interne ?
VGR : En communication interne, le métier évolue vers la dimension du bonheur et
du bien-être au travail, c’est le centre des préoccupations. Les Happiness Ocers sont
souvent rattachés au service communication. On a des étudiants qui commencent à
rentrer dans ce type de poste. Pour moi, c’est la tendance la plus forte qui existe de nos
jours. Maintenant est-ce qu’il y a plus de femmes que d’hommes dans ce métier-là ?
Je n’en sais rien parce que je n’ai pas de statistiques pour le dire.
VL : Est-ce que tu as le sentiment qu’au-delà du bonheur, cette tendance bien-être au
travail intègre une composante égalité femme-homme, promotion des femmes dans
les organisations, formation contre les comportements sexistes ?
VGR : Sur la base des gens que je fréquente en communication interne, je n’en ai
jamais eu connaissance. La seule chose dont on entend parler, car je suis moi-même
concernée, c’est l’égalité des salaires. C’est le grand sujet, l’arbre qui cache la forêt.
Parler de salaire, c’est pratique, technique, et on n’a pas besoin de parler d’égalité
de niveaux, d’accès à des postes de responsabilité. Il y a pourtant des indicateurs qui
sont orientés à la fois égalité des salaires et postes identiques et évolution des salariés
femmes pour voir si elles évoluent avec la même pertinence, prégnance, rapidité, et
le même salaire sur les six dernières années. Tous les six ans, on doit faire un conseil
en orientation professionnelle et valider si la personne a eu trois ou quatre des champs
que l’État impose aux entreprises pour faire monter en charge leurs salariés.
VL : Tu veux dire que c’est la pression réglementaire des contraintes RH et des
indicateurs auxquels sont soumis les entreprises qui fait que le sujet vient sur la table,
mais ce n’est pas une préoccupation dont se saisissent les communicantes au sein des
entreprises. C’est intéressant, on est en retard en France comparé à la Belgique et au
Canada. On a l’impression d’être dans un déni complet.
VGR : Je suis totalement d’accord. Il faut parler à des femmes militantes. L’une
d’entre elles avait monté un cabinet RH à Grenoble. C’est une femme qui a beaucoup
milité et elle a été une des rares formatrices de l’égalité au travail, qui faisait des
formations seulement à des femmes pour les mettre dans une position plus bénéque
et claire an d’évoluer dans leur carrière professionnelle.