Lecture de l’entretien
de Véronique Girod-Roux
Marina Seguier
étudiante en master 2 information-communication
à l’ITIC
Université Paul Valéry – Montpellier 3
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Dans un contexte social post #MeToo et de mouvement de libération de la parole des
femmes sur les agressions qu’elles subissent dans l’espace public et professionnel,
l’actualité médiatique met régulièrement en avant des initiatives pour dénoncer
les discriminations et aller vers plus d’égalité. Pourtant en France, à l’échelle
d’une association de communication locale, les enjeux liés au genre demeurent
tabous et sont dicilement mis à l’agenda des priorités. Ce constat est dressé
par une communicante expérimentée qui a animé pendant dix ans une association
professionnelle de la communication lors d’un entretien accordé le 14 avril 2021
à Valérie Lépine, enseignante-chercheuse en SIC, pour la revue Communication
& professionnalisation.
124 Genre et Communication : quels enjeux pour les pratiques professionnelles...
Quel est le rôle et la place des femmes dans les pratiques professionnelles de la
communication ? Est-ce que les pratiques de la communication sont « genrées » ?
Véronique Girod-Roux, présidente du Club des communicants de l’Isère pendant
dix ans, professionnelle expérimentée de la communication et du marketing, propose
de longue date, puis présidente du Club de 2007 à 2017, Véronique Girod-Roux
a observé et constaté, à partir d’une
professionnel·les de la communication dont les considérations étaient davantage
fonctionnelles et utilitaristes que sociales.
parité dans les postes à responsabilités, il semblerait pour Véronique Girod-Roux que
l’écriture inclusive ou la féminisation des noms de métiers), découleraient plus souvent
d’initiatives individuelles, personnelles que d’une réelle politique d’entreprise.
Le domaine de la communication attire un nombre important de femmes – elles
n’a pourtant pas été féminisé). Pourtant, à la connaissance de Véronique Girod-Roux,
de postes de communicant·e présentent la possibilité de travailler à temps partiel, une
é dans des postes
à responsabilité.
Du côté des tendances marketing, elle estime que, depuis une dizaine d’années,
de nombreuses organisations et marques semblent davantage intégrer les femmes
et adoptent certaines tendances répondant aux attentes d’une communication non
sexiste. Les stratégies de renouvellement des codes de communication visent les
adultes mais aussi les enfants et sont fortement débattues. Les marques se remettent
de genre en promouvant certains produits de façon dite « neutre » ou non genrée.
Cette mobilisation pour valoriser les femmes et leurs rôles obéissent à des stratégies
marketing de positionnement : ces dernières peuvent conduire à représenter les
Véronique Girod-Roux pointe une autre tendance dans la communication : le métier
de communicant·e interne évolue
semblent désormais au centre des préoccupations. Il serait intéressant de voir s’il tend
femmes dans les organisations ou des formations contre les comportements sexistes.
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sur les égalités de niveaux et d’accès aux postes à responsabilités. Les services de
Ressources Humaines sont soumis à des indicateurs de suivi de l’évolution des
salariées femmes au sein des entreprises, mais cela semble constituer davantage une
pression réglementaire qu’une préoccupation dont se saisissent les communicantes.
sa vie professionnelle, elle constate qu’en 25 ans de travail dans des instances de
estime qu’en tant que femme, elle a régulièrement le sentiment d’occuper une place
métier. La maternité continue
d’intervenir comme un frein dans les carrières et consacrer du temps à ses enfants n’est
pas très bien vu. Les possibilités d’évolution dépendent de la capacité à agir comme
qui se manifestent à la cinquantaine mais restent taboues.
féminin, elle estime que s’imposer et prendre sa place dans des instances masculines
autant en demander trop, se contenter de ce que l’on a, devoir délaisser sa condition de
femme pour adopter les codes masculins. Finalement, alors que l’actualité médiatique
dans la communication et ses pratiques, il ressort, pour Véronique Girod-Roux, que
« dé-genrer »
126 Genre et Communication : quels enjeux pour les pratiques professionnelles...
du genre et à des pratiques communicationnelles plus inclusives, cet article m’a
permis de les remettre dans une perspective plus globale et de voir la polarisation
travail). Lorsque certains mouvements féministes tels que #MeToo militent sur des
plus en plus concernées par l’égalité des genres et la revendication de leurs droits,
Marina S
