
Transformation pédagogique à l’université et engagement des acteurs 17
sont évoquées : une charge de travail trop importante, des cours pas susamment
structurés – « dans l’APP et en fait j’étais un peu perdue, je savais pas où aller »
(étudiante) –, une place trop importante accordée aux savoir-faire au détriment de la
théorie – « Ce que j’aurais aimé c’est d’avoir un petit cours théorique d’une heure
qui nous dise vraiment les bases des bases par exemple et qu’après on puisse avoir
un APP » (étudiant) –, trop d’autonomie dans l’apprentissage et la compréhension du
cours – « ce qui est remonté au dernier conseil de département [...], y en a beaucoup
d’étudiants qui disent ok, c’est intéressant, mais on voit pas trop notre bénéce, ça
nous fait travailler plus, en gros et que fait l’enseignant ? ! » « nous on en a quand
même besoin, les profs, ils sont là pour nous donner des cours avec des plans qui nous
évitent justement de nous perdre » (propos rapportés des étudiants lors d’un conseil
du département) –, les modalités d’évaluation trop axées sur le travail de groupe sans
prendre en compte l’investissement et les acquis individuels – « nous on sait que
dans un groupe, y a toujours quelqu’un qui a beaucoup plus travaillé que quelqu’un
d’autre » (étudiant). Ces critiques acerbes se sont exprimées dans plusieurs espaces
communicationnels, dans les cours auprès des enseignants, dans les réunions bilans
auprès des responsables de formation et dans le conseil de département par l’entremise
des délégués auprès des enseignants élus et de la direction. À travers leurs remarques,
les étudiants ont renforcé les doutes exprimés par les enseignants peu assurés dans
leurs nouvelles pratiques pédagogiques.
À ce moment précis, le collectif Lancée aurait pu s’aaiblir face à ces dicultés.
Néanmoins, les formateurs se sont mobilisés en concertation avec l’équipe Lancée
pour réajuster le contenu des ateliers suivants an de répondre aux doutes des
enseignants. La problématique de la posture a été travaillée collectivement sous
la forme de petits ateliers pendant lesquels les formateurs ré-endossaient leur rôle
d’experts. Ils partageaient leur expérience, ils donnaient des conseils, ils guidaient et
apportaient des outils. Ils ont assuré aux enseignants que les réactions des étudiants
et le tâtonnement des enseignants étaient très courants dans ces transformations
pédagogiques. En complément, les formateurs ont proposé d’inaugurer une nouvelle
forme d’apprentissage entre pairs, l’observation mutuelle de cours. L’objectif était
d’observer chacun à son tour son pair en train d’enseigner an de comparer ses postures
avec les siennes et d’entamer un dialogue constructif sur le rôle et le positionnement de
l’enseignant en cours. Pour inaugurer ces observations mutuelles dans le département
et pour bien expliquer le cadre éthique à respecter, les formateurs ont proposé de
commencer par venir observer leur propre cours en APP. Six enseignants se sont
saisis de cette opportunité. Si le deuxième atelier avait déjà permis pour certains
enseignants d’être assurés dans leur posture, l’observation des formateurs en cours a
clôt la controverse en permettant de traduire les doutes des hésitants en convictions
assurées comme le montre ce verbatim : « cela m’a énormément rassuré ; tu te dis que
pour eux cela fait des années qu’ils font ça et en gros c’est toujours le même bordel !
Ce que j’ai vécu, au nal c’est ce qu’ils font aussi. Ils ont quelques techniques et
savoir-faire que je n’ai pas encore, mais en gros ce qu’on a fait... on est dans le vrai et