
102 Ressources pédagogiques et professionnalisation dans les formations à la communication
dispositifs récurrents qui s’inscrivent dans des cadres ritualisés et ce sont notamment
ces cadres qui congurent certaines relations entre professionnels, enseignants et
étudiants qui à la fois prédéterminent les formes d’écriture des ressources et qui
participent à leur attribuer une valeur particulière.
Briefs, règlements, livrables, supports de présentation des étudiants, logiciels
de veille, sites internet des challenges, comptes sur les réseaux sociaux, questions
réponses des équipes au commanditaire publiées sur le site des challenges, interviews
des participants ou des enseignants, posts, photos et vidéos des nales (« teaser »
« live » etc.) ; les challenges mobilisent un nombre important de ressources variées
dont il n’est pas aisé de faire une typologie. Si l’on trouve de nombreuses ressources
en ligne, certaines restent non médiatisées en tant que telles comme les livrables des
étudiants. Nous pouvons néanmoins classer cette grande variété de ressources en
fonction de leurs implications de communication15 (en l’occurrence selon la place
qu’elles tiennent dans l’orchestration du dispositif challenge et des types de relations
entre acteurs qu’elles congurent). Outre leur matérialité, notre approche consiste
ainsi à saisir le cadre d’usage de ces ressources (produites ou co-produites, prescrites,
accompagnées ou non, etc.), les acteurs qui exploitent ou produisent les ressources
(les étudiants, les professionnels, les équipes pédagogiques) et leurs fonctions
(pédagogique, organisationnelle, valorisation, professionnelle ou mixte) en prenant
en compte le fait qu’une même ressource peut avoir plusieurs fonctions. En outre,
étant donné que le challenge est un projet, le critère de la temporalité nous a semblé
pertinent pour tenter de classier les ressources. On peut ainsi classer les ressources
en suivant les quatre grandes étapes qui rythment chaque challenge national : 1. la
prescription, 2. l’accompagnement pédagogique, 3. la production des étudiants et 4.
la valorisation. Ces diérents éléments permettent in ne de dessiner les modalités de
construction et de valorisation de ces ressources.
Le « brief » est la ressource centrale dans les challenges et leur point de départ,
si l’on examine les ressources au prisme de leur temporalité dans l’orchestration
générale des challenges. Cette ressource matérialise la demande du commanditaire
et la prescription faite aux étudiants et constitue leur support de travail principal. Or,
cette ressource est le fruit d’une collaboration en amont entre monde professionnel et
monde universitaire ; elle est donc hybride ; co-écrite par le commanditaire et l’équipe
enseignante, elle n’est pas équivalente à un brief que l’on pourrait trouver dans le
monde professionnel. Cet objet de médiation entre les professionnels et l’équipe
enseignante est pourtant présenté comme étant uniquement énoncé par l’entreprise an
15 « Je préfère le terme d’implication pour désigner l’ensemble des autoreprésentations du processus
de communication que propose tout texte. Le terme « contrat de communication », que j’ai employé
dans mes premières analyses des textes triviaux, a reçu depuis une dénition strictement juridiste,
que les polémiques qu’il a suscitées a renforcée (Jost, 1997). Je ne pense pas qu’il faille présupposer
pour toute communication la préexistence de règles partagées, mais plutôt que chaque acte de
communication propose un type d’implication, qui peut être inconsciemment adopté par le récepteur,
dénoncé, détourné, réinterprété. » (Jeanneret, 2000, p. 218)