Introduction
Laurent Morillon,
Professeur des universités en sciences
de l’information et de la communication,
Université des Antilles, LC2S (U 8053), France
laurent.morillon@univ-antilles.fr
Marie-Eve Carignan,
Professeure agrégée au département
de communication,
Université de Sherbrooke, Canada
marie-eve.carignan@USherbrooke.ca
Sylvie Parrini-Alemanno,
Professeure des universités en sciences
de l’information et de la communication,
C Paris, Dicen IFrance
sylvie.alemanno@gmail.com
2
Selon les époques, les théoriciens de l’organisation ont porté un intérêt plus ou moins
prégnant et direct à la communication (Bartoli, 1990). Son étude en tant qu’objet et
réalité observable apparaît dans la littérature académique anglo-saxonne peu après
l’entrée des États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale. L’ouvrage d’Heron (1942)
marque la naissance aux États-Unis d’une pensée sur le « discours entrepreneurial »
et « la communication industrielle ». La communication des organisations est alors un
sous-domaine des relations humaines et la lente transition vers une science autonome
débute dès les années 1940. Les recherches des années 1950, axées sur les savoir-faire
et les outils de communication, se destinent principalement aux dirigeants d’entreprises
avec des visées prescriptives ou normatives. Dans les années 1960, la communication
organisationnelle apparaît en tant que telle et est enseignée pour la première fois
comme matière principale dans une université.
Depuis, chercheurs et communicateurs entretiennent des relations plus ou moins
distantes selon les pays. Complexes et riches, elles s’avèrent au cœur d’enjeux


indispensable tant pour l’exercice quotidien de la recherche qu’à l’échelle stratégique
du champ (Morillon, 2016). C’est pourquoi, à l’issue du colloque du R
1
2018
dédié à « ce que la “pratique” fait à la recherche en communication organisationnelle »,
nous avons proposé pour la revue Communication & Professionnalisation un appel

contextualise donc les questionnements proposés aux chercheurs et communicateurs au
printemps 2019 et présente les articles retenus à la suite d’un processus d’évaluation en
double aveugle. Après avoir décrit certaines des relations existantes entre chercheurs
et communicateurs, nous introduisons la problématique puis présentons les axes qui
structurent ce numéro 10 de la revue Communication & Professionnalisation.
1. Retour sur les relations entre chercheurs
et communicateurs
1.1. Des articulations entre pratique et recherche
Que ce soit à l’initiative des uns ou des autres, communicateurs et chercheurs en
communication des organisations interagissent directement lors de rencontres, de
collaborations, d’observations, d’interventions ou par la médiation de documents
       
1 Réseau International sur la Professionnalisation des Communicateurs. Il a pour objectif d’associer
des professionnels de la communication issus de l’entreprise, de l’enseignement et de la recherche. Il
fédère trois pays : la Belgique, le Canada et la France.
Introduction 3
dédiées (par exemple l’A
2
et le R), de dispositifs de formation (initiale
ou continue dans les universités) et de recherche (laboratoires communs, CIFRE
3
,
        
d’étude, conférences, rencontres professionnelles). Ces relations sont également
alimentées ou à l’origine de réseaux, de conférences, de colloques et de chaires. Ainsi,
au Canada, Charest, Lavigne et Moumouni donnent l’exemple de l’Observatoire des
médias sociaux en relations publiques (OMSRP) :





 (2015, 12-13)
L’articulation entre pratique et recherche est donc établie et les relations, sans être
          
étude « généalogique » met d’abord au jour un double ancrage mutuel : de la pratique
d’abord, de la discipline ensuite. De la pratique avec Gryspeerdt qui rappelle que
les relations publiques sont nées aux États-Unis des interactions entre chercheurs et
praticiens initiées par Bernays : « solidité”

sciences sociales et humaines » (2004, 149). De la discipline ensuite, où les praticiens
de la communication des organisations ont participé en France, dès les années 1960, à

4
. Aujourd’hui,
les deux catégories d’acteurs trouvent intérêt à interagir.
Les communicateurs, au même titre que les organisations pour lesquelles ils
travaillent, se confrontent à l’instabilité et au dynamisme de l’environnement ainsi qu’à
la diversité des acteurs (Alemanno, 2015a). Ainsi, « 
» (Bouzon et Meyer,
2008, 9). Brulois et Charpentier (2013) estiment que c’est la montée du social et leur
mal-être face à l’image qui incitent les communicants à se tourner vers les chercheurs.
Dans les faits, nombre de praticiens sont d’abord sensibilisés à la recherche, que ce
soit dans le cadre de formations (Alemanno, 2015b), de lectures d’articles dans des
revues professionnelles ou de participations à des événements organisés par leurs
          
2 En France : Association Nationale de Valorisation Interdisciplinaire de la recherche en sciences
humaines et sociales auprès des Entreprises.
3 Convention Industrielle de Formation par la Recherche.
4 En France par exemple, des praticiens participent aux commissions pédagogiques nationales des
Instituts Universitaires de Technologie qui produisent notamment les programmes nationaux.
4
d’entre eux expriment un intérêt accru pour la science. Les thèmes susceptibles de les
intéresser sont variés : T, conduite du changement, gestion de crises, management
du personnel, processus de décisions, intervention sociale, médiation, prévention.
Ces travaux peuvent permettre aux communicateurs de se distancier de l’expérience
immédiate de leur pratique quotidienne, de sortir des injonctions du temps court,
de mettre en perspective leurs activités, et/ou, dans une optique de performance,
de transformer théories et analyses de chercheurs en connaissances opérationnelles
ou rapidement opérationnalisables pour   « fabriquer » les activités. Certains
      
de la situation » : la production de paradigmes d’interprétations des situations leur

Pour les chercheurs, la fréquentation des milieux professionnels est potentiellement
assez courante, facilitée pour certains par une activité praticienne antérieure
5
. L’accès
au terrain est nécessaire pour recenser des pratiques, mettre à l’épreuve des théories
et des concepts, les mettre en tension avec des savoirs pratiques, expérimenter. La
communication est une pratique où l’idée, le « projet » du communicateur, s’incarne.
Au-delà d’une valorisation de leurs travaux, il peut être question de « 
           
» (Meyer, 2006, 2). Mais il peut également s’agir d’interventions
avec des recherches appliquées et des actions. Dans le cadre de contrats signés avec
des organisations, des chercheurs réalisent des audits et contribuent à résoudre des
problèmes de communication. Comme le souligne Delcambre, «  

 » (2008, 17). En plus d’une rétribution qui

peuvent permettre la production d’écrits universitaires censés assurer la reconnaissance
de leurs auteurs (Heller, 1998).
1.2. Desrelationslimitéesetdiciles?


pour la France, Jeanneret et Ollivier à propos des praticiens de la communication
 
 » (2004, 131).
eux : « 
6

» (2009, 7).alors

5 Lire, par exemple, l’interview de Christian Le Moënne (Le Moënne et Gallot, 2015).
6 Sciences de l’Information et de la Communication, soit la discipline dédiée en France.
Introduction 5

» (2004, 150). Ce dernier utilise même les termes de « césure »,
   
praticiens des relations publiques. Il existe, selon lui, peu d’interfaces institutionnalisées
entre les catégories d’acteurs dont chaque groupe a créé des espaces relationnels

socialité où les rencontres croisées sont rares.
Plusieurs raisons sont données pour expliciter ces relations. D’abord, praticiens et
         
          
enjeux économiques et sociaux propres : modes et contextes de travail, logiques
relationnelles, cultures internes et parcours professionnels. Par exemple, les héritages
institutionnels et sociétaux ne favorisent pas les recherches partenariales en France
(Vinck, 2007). Ensuite, certains praticiens estiment les démonstrations théoriques des
chercheurs absconses et faiblement lisibles (Jeanneret et Ollivier, 2004) et/ou la faible
opérationnalité des discours critiques portés par les sciences de l’information et de
la communication (Brulois et Charpentier, 2009 ; Bouzon, 2010). Sur le terrain des
a fortiori
au regard d’une science relativement méconnue et de résultats potentiellement peu
opérationnels (Morillon, Grosjean et Lambotte, 2018). Quant aux universitaires, certains
considèrent les objets professionnels comme banals et sans noblesse. D’autres refusent
de se laisser manipuler dans une pure perspective d’entreprise (Jeanneret et Ollivier,
2004) et gardent leurs distances par rapport à une communication instrumentalisée






    



 (2018, 52)
Constatant l’existence des relations entre chercheurs et communicateurs ainsi
que les potentielles tensions à l’œuvre, nous nous proposons d’introduire à présent
Communication
& Professionnalisation.
6
2. Rééchirsurlesrelationsentrechercheurs
et communicateurs
2.1. Des relations amenées à se développer
Dans la plupart des pays industrialisés, l’innovation est présentée comme l’une des

malgré les annonces de « sanctuarisation » de la recherche
7
, à périmètre de responsabi-
lités constant, l’autonomie des universités semble avoir induit une diminution des
moyens alloués par l’État. D’une allocation annuelle de moyens tacitement reconduite,

et de projets aux ressources mixtes privées/publiques. La dynamique s’accompagne
d’une pression accrue en matière de retour sur investissement, de brevets et  de
gains de compétitivité pour le pays. Mercier constate : « 


 » (2012, 202).
           
notamment en France l’Agence Nationale de la Recherche, l’État souhaite favoriser
les synergies entre le public et le privé. Il s’agit notamment d’accentuer la valorisation
économique des résultats ainsi que les transferts de technologies. Cette obligation faite
aux organismes publics de recherche est d’ailleurs inscrite dans la loi française depuis
plus de trente ans
8
        
             

9
. » Sont alors invoqués
une transposition des compétences et du potentiel de la recherche publique vers
les entreprises, l’adoption d’une logique de valorisation entrepreneuriale, voire un

10
apparaît dès lors plus que jamais comme

liberté en matière de partenariats et de contrats de recherche, qu’ils soient de service
7 Par exemple lors du discours du Président de la République Française, F. Hollande, du 4 février
2013 au collège de France, repéré à www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid67060/discours-de-
francois-hollande-au-college-de-france.html - dernière consultation le 5 mars 2020.
8 Loi n° 82-610 du 15 juillet 1982 d’orientation et de programmation pour la recherche et le
développement technologique.
9 Repéré à 
 - dernière consultation le 5 mars 2020.
10 « 
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
» –

Introduction 7

avec les acteurs de la société civile (P
11
) et les entreprises (laboratoire commun,
pôles de compétitivité, I
12
, S
dédiés existent (C
13
, C...).
Dans ce contexte, les relations entre chercheurs et communicateurs sont susceptibles

nouvelles, elles peuvent également induire de potentiels écueils pour la science
(réductionnisme, confusion avec la consultance, instrumentalisation, marchandisation,

le chercheur doit se questionner quant à son implication dans la résolution de problèmes
d’organisation, envers une éventuelle rationalisation et/ou instrumentalisation de la
communication et de la science. En scotomisant le pouvoir inductif de l’acceptabilité
économique et sociale à visée notamment techniciste, il peut se demander s’il ne risque
pas de réduire les axes de recherche de sa discipline. De manière pragmatique, lors
des recherches impliquées ou appliquées, il peut être interrogé par les compromis
épistémologiques ou méthodologiques qu’il accepte et leurs conséquences sur la nature
et la valeur des connaissances produites. Par suite, entre des chercheurs qui pratiquent
la communication et des praticiens qui s’essayent à la recherche, il peut exister,
à terme, un risque de confusion entre les statuts du chercheur et du praticien, entre

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             
chercheur en communication peut se demander comment appréhender, sans le nier ni le

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dédiés.
2.2. Un numéro structuré en trois axes
Pour ce numéro 10 de la revue Communication & Professionnalisation, chercheurs


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recherches empiriques récentes et achevées ou des analyses de pratiques professionnelles


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11 Partenariats Institutions-Citoyens pour la Recherche et l’Innovation.
12 Les instituts de recherche technologique.
13 Crédit Impôt Recherche.
8

par les communicateurs, les compromis lors des recherches impliquées, appliquées et

le premier est dédié à la formation, le deuxième aux médiations entre communautés et
le dernier aux interactions à l’œuvre lors de recherches.
Le premier axe aborde donc la question de la formation des communicateurs. En
France, dès leur création les SIC ont produit des discours théoriques à destination de
secteurs d’activités et formé à exercer des métiers : journalistes, publicitaires, chargés
et responsables de la communication, attachés de presse, webmestres, documentalistes,
chargés de la veille, bibliothécaires... (Jeanneret et Ollivier, 2004). Ces cursus universi-
taires et diplômes spécialisés sont à l’origine soit relativement professionnalisés,
par exemple les maîtrises de sciences et techniques, soit très professionnalisés, par
exemple ceux des instituts universitaires de technologie (Meyriat et Miège, 2002). Si
les universités ne sont pas les seules à proposer des formations à la communication,
les praticiens qui en sont diplômés sont sensibilisés à la recherche et ont même géné-
ralement produit un mémoire en master. Les responsables pédagogiques se confrontent
d’ailleurs au fragile équilibre à trouver entre des enseignements à vocation pratique
attendus par les étudiants et ceux à vocation théorique indispensables à la distanciation

Patrice de la Broise, Olivia Foli, Erika Leonard, Céline Matuszak et Marie-Ève Saint-

l’apprentissage et de l’apprentissage sur la recherche dans certaines formations en SIC.
Pour ce faire, ils ont initié une étude dans les Hauts-de-France sur la place de la recherche
dans des formations de master par voie d’apprentissage. Ils ont mené douze entretiens
semi-directifs auprès de responsables de formations, analysé les travaux et mémoires
réalisés par les apprentis ainsi que les maquettes et documents pédagogiques. Leurs
résultats permettent de mettre en avant certains apports. Par exemple l’adossement
systématique à la recherche de ces formations apparaît comme un aspect distinctif et

aux apprentis-chercheurs des opportunités d’observations, d’analyses et de pratiques.
Néanmoins, la conciliation des impératifs et attendus de la recherche et de la pratique
dans un calendrier contraint n’est pas toujours aisée pour les étudiants. Au-delà de la

l’établissement de priorités et d’un échéancier, la construction d’une problématique qui

Aude Seurrat s’intéresse quant à elle aux formations dites « professionnelles ». À
partir d’une analyse sémio-discursive des catalogues de huit organismes de formation,
de quatorze entretiens semi-directifs avec des directeurs de gamme et des formateurs
ainsi que de sept observations participantes de stages de formation professionnelle à la
communication, l’auteure appréhende les théories qui y sont mobilisées. Elle constate
la valorisation des savoirs issus de l’expérience, des « best practices » et les modalités
de présentations des savoirs dits « théoriques ». Il apparaît que les modèles convoqués
Introduction 9
relèvent des sciences de gestion, des neurosciences et de la psychologie expérimentale
mais peu des SIC. L’une des raisons évoquées par l’auteure est que la discipline
produit peu de modèles axés sur la certitude, la prédictibilité, la maîtrise et le contrôle.
Pour autant, elle défend l’intérêt heuristique des SIC pour analyser les situations de

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communication.
Le deuxième axe propose des articles qui questionnent les médiations entre
communicateurs et chercheurs. La mise en relations de communautés distinctes peut en



de ses actions. Quand il mobilise des théories c’est pour créer, dans un environnement
de contraintes causales, de nouveaux conditionnements opérants. Le chercheur
travaille quant à lui « à la conception ou à la création de connaissances, de produits,
de procédés, de méthodes et de systèmes nouveaux
14
». Quand il mobilise des théories
c’est pour élaborer des connaissances qui disent, décrivent, permettent de comprendre
et d’expliquer (et parfois de prédire) la réalité de phénomènes. L’originalité des deux
articles présentés ici est que leurs auteurs n’hésitent pas à endosser un rôle de médiateur
entre les communautés de chercheurs et de communicateurs.
C’est ainsi qu’Anne-Marie Cotton interroge la posture singulière du professionnel
qui combine les identités professionnelles du chercheur et du praticien. Pour ce faire,
elle mène quatorze entretiens semi-structurés auprès de membres de l’European
Public Relations Education & Research Association (EUPRERA) qui sont à la fois
professionnels de la communication interne ou externe et chercheurs académiques.
L’analyse thématique réalisée sur les discours lui permet de constater que ce double

Pour autant, des négociations s’avèrent indispensables et mettent en avant tantôt

praticiens-chercheurs tentent d’élaborer des savoirs susceptibles de satisfaire des
         
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          
qu’académiques.
C’est à partir de son expérience de chercheur impliqué de longue date dans une
association professionnelle française de communication publique que Dominique
Bessières témoigne de certaines tensions et opportunités existantes. Il relate les proces-
sus d’institutionnalisation et de légitimation d’un champ mais également de l’association
qui veut le représenter. La médiation consiste alors pour lui à ériger des liens théoriques
14 Manuel de Frascati, www.oecd-ilibrary.org/science-and-technology/manuel-de-frascati-

10
et pratiques alors même que les attentes des deux catégories d’acteurs divergent a

aux pratiques observées et éclairent les enjeux sociologiques et communicationnels à


ces collaborations permettent le développement d’une grille commune de références
           
l’auteur, l’enjeu de la médiation réside aussi, surtout, dans le partage d’une légitimité
au service d’une continuité d’existence de la communication publique.
Le troisième et dernier axe de ce numéro porte intérêt aux interactions lors des

sol », c’est-à-dire sans une entreprise ou une institution comme terrain d’étude, ni ne

terrain) étant indispensable. Les interactions contribuant à la dynamique de recherche,


simples que ce qui peut être inscrit dans le contrat ou l’accord oral voire écrit qui est
censé organiser les relations. Elles imposent aux chercheurs des stratégies complexes
pour mener à bien leurs travaux puis rendre compte de façon utile aux responsables qui

C’est ainsi qu’Élodie Sevin et Thomas Heller témoignent de la « cuisine (scienti-

praticiens du secteur de l’alimentation. Ils interrogent la genèse du projet et montrent
un procès d’instrumentalisation programmée par les professionnels. La relation
ici, si elle n’est pas originale – on trouve ce cas fréquemment dans l’industrie du
médicament par exemple – met néanmoins en exergue et interroge la place des
chercheurs en sciences humaines et sociales vis-à-vis d’attendus économiques. Visées
managériales et politiques néo-libérales semblent orchestrer des enrôlements mutuels :
celui du chercheur dans l’activité entrepreneuriale et celui de l’entrepreneur dans la
recherche académique. Les auteurs soulignent d’ailleurs une corrélation logique entre

même qu’ils développent une recherche-action ou « projet de recherche appliquée ».


C’est une autre facette du prisme des interactions lors des recherches que Marine
Allein explore et qu’elle situe « entre scrupule éthique et crapule méthodologique ».
S’inscrivant dans la perspective des travaux critiques, son article étudie les pratiques
de pouvoir. Il montre que le chercheur peut se retrouver en situation de « contrebande
des organisations » ce qui oriente ses partis-pris méthodologiques et ne va pas sans

en tant que « projet d’encadrement de l’activité communicationnelle des managers »,
le travail s’intéresse plus particulièrement aux cadres. Assumer un désaccord potentiel
Introduction 11
entre le cadre qui porte le discours managérial et son contenu est le point nodal de
l’étude dans le sens de l’expérience du dissensus. L’interaction entre le chercheur
et sa population d’étude est ici décrite comme « sensible », « délicate », « fragile »
et 
dite orthodoxe paraît inévitable, mais dans le sens d’une créativité puisée dans les
interstices interactionnelles qui ne se départit pas d’éthique pour les personnes, une
« éthique du tact ».
Les coordinateurs de ce numéro tiennent à remercier les auteurs des articles pour

un travail fructueux à partir des évaluations. Ils tiennent également à remercier les
membres du comité de lecture pour leurs retours constructifs ainsi que les responsables

Bibliographie
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en mutation, profession en construction. 
   , 3, 182-202. doi : https://doi.org/10.14428/rcompro.
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