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A. Castellani, E. Cobut et C. Donjean distinguent alors huit niveaux d’éthique, du
faible au plus élevé. Au stade 1, se trouve l’éthique dans les discours, il s’agit du
niveau déclaratif. Au stade 2, 3 et 4, l’éthique se met en place au sein du comité, de la
charte et de la déontologie professionnelle, il s’agit du niveau adaptatif, où l’entreprise
s’approprie l’éthique, met en place des plans éthiques, des audits et contrôles. Puis,
au stade 5, 6 et 7, l’entreprise met en œuvre l’éthique dans les formations, elle
l’introduit dans le management des ressources humaines et développe des
compétences éthiques dans l’entreprise. Le huitième et dernier stade est le niveau
synergique : l’entreprise met en œuvre un management socialement responsable qui
constitue un avantage concurrentiel sur le marché. Elle crée des procédures et
obligations de respecter des principes éthiques concernant toutes les fonctionnalités
de l’organisation et étapes du management.
L’éthique en communication n’est donc que la première étape d’un processus
complet. Elle fonctionne comme un système, dans lequel tous les éléments
interagissent : la structure de communication, la stratégie d’entreprise, les procédures
et règles, la culture d’entreprise, le leadership, le staff et les skills influencent l’éthique
de l’entreprise et de sa communication et inversement. Il est donc nécessaire pour les
auteurs de définir une politique comme fondement et formalisation du comportement
éthique. Ils livrent quelques pistes d’actions : en formation, proposer aux salariés des
études de cas relatifs à la prise de décision éthique ; en communication, diffuser un
document de politique d’éthique en interne et externe : en gestion RH, introduire le
critère d’éthique dans la procédure de recrutement du personnel, l’évaluation du
personnel, la mobilité et le licenciement.
Une fois comprise l’importance de l’éthique dans la communication, les spécialistes
du champ s’attaquent au questionnement qui constitue le cœur de l’ouvrage :
comment appliquer l’éthique à la communication ? « Parler d’éthique en
communication implique de définir la marge de manœuvre du communicateur »,
partagé entre le respect de valeurs personnelles et des impératifs de l’entreprise. Face
au dilemme éthique en communication, défini comme un choix d’actions dont
les conséquences sont « à la fois positives et négatives sur soi, autrui et son
environnement », les auteurs proposent une méthode d’analyse en sept étapes : 1)
Suis-je confronté à un dilemme éthique ?, 2) Quelle est la nature du problème auquel
je suis confronté ?, 3) Quels sont les acteurs concernés par le dilemme ? , 4) Quelles
sont les conséquences pour chaque choix face au dilemme ? , 5) Quelle alternative
vais-je choisir ?, 6) Quelle est la décision finale que je prends ? , 7) Comment faire
comprendre et accepter ma décision ?. Les traditions philosophiques de la réflexion
éthique peuvent alors constituer une aide à la décision selon que l’on choisit un
jugement éthique par les conséquences (conséquentialisme et utilitarisme), par les
principes (approche déontologiste) ou par la qualité de la personne qui agit (éthique
de la vertu) ou par l’impératif d’aider les autres et de prendre soin (éthique du care).