158 P rof essio nna lis atio n d e la communi catio n : a pp roc hes sect oriel le s
Tout le débat sur les big data – à leur apparition, on parlait même d'évangélisation
– s'est cristallisé sur les 4 V : la vitesse, la variété, le volume et la valeur. Au début,
pendant des années, il n'y avait pas le 5ème V qui est celui de la vérité. L'idée de la
démarche est de dire que les 4 premiers V, notamment celui de la valeur, ne valent
rien s'il n'y a pas de véracité. Dans véracité, il y a la notion de juste propriété, la juste
collecte (éthique de la collecte, de son analyse), etc. La France fait partie des meilleurs
en matière de formation des data analyst, data scientist, etc. On devrait être capable
de produire aussi des datadéontologues qui viendraient proposer, encapsuler
l'ensemble des pratiques de data analyst pour leur donner un fondement d'éthique et
de véracité. En fait, ce que je constate dans la pratique, c'est un peu comme des
apprentis sorciers. On laisse les data analyst cruncher la data, collecter, etc. sans
jamais s'interroger sur pourquoi on le fait. Est-ce qu'on a bien le droit de le faire ?
Pour quelle finalité ? A la fin, ça produit des monstres. Et même si l'intention est
bonne, l'usage des données peut donner lieu à des effets indésirables, des effets
secondaires comme pour certains médicaments.
Si je me projette un peu dans le futur, si je regarde la masse de données qu'on va
continuer à collecter notamment avec les objets connectés et si on tend vers des usages
de plus en plus sérieux des data, de moins en moins récréatifs ou ludiques, il va falloir
mettre une couche, une membrane de déontologie entre la production et l'analyse des
données.
C'est-à-dire qu’un datadéontologue doit être « bilingue », capable de comprendre
comment les données sont produites, la structure des algorithmes, leurs dimensions
juridiques, avoir des connaissances sur le traitement, etc. et aussi être capable de parler
avec les utilisateurs de la data, c’est-à-dire presque toutes les fonctions de l’entreprise
(RH, DG, RSE, Commercial, etc.) : comprendre leur besoins, leurs usages. Dans cette
relation, le datadéontologue doit être en capacité de faire converser l’ensemble des
acteurs de la chaîne de valeur de la data.
Là, il y a un enjeu très fort et pas seulement juridique. Est-ce la loi, dans son
acception terre à terre, pure et dure ou est-ce l'esprit des lois ? L'éthique est plutôt du
côté de l'esprit des lois. C'est comme l'optimisation fiscale. Ce n'est pas illégal mais
ce n’est pas moral. C'est un peu le même sujet avec mon datadéontologue, on pourrait
imaginer des situations qui respectent scrupuleusement des textes de loi mais ce qu'on
est en train de faire n'est pas éthique.
6. Justement, quels sont les enjeux et les risques liés au big data aujourd'hui ? Quels
types de réponse envisager ? Concernant la judiciarisation de la question avec
notamment le RGPD 2018 ?
Ce que je vous disais au début, je trouve que les communicants ne se sont pas assez
emparés de la communication responsable, de l'ISO 26000, etc. Là, je vois arriver le