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Toutefois, la communication environnementale présente des risques. Thierry
Libaert attire l’attention sur le paradoxe qui accompagne la communication sur le
développement durable : « Plus l’entreprise communique sur le développement
durable, plus elle dégrade la relation de confiance envers les entreprises. Plus elle
communique sur le développement durable, plus elle s’expose aux attaques sur la
réalité de son engagement » (Libaert, 2010, p. 93). L’auteur énumère les raisons qui
peuvent expliquer cet effet boomerang. La première est une raison identitaire. Ce
constat des spécialistes de la communication confirme nos propres observations.
L’analyse sémiolinguistique montre que malgré la présence des garanties susceptibles
de renforcer la confiance du consommateur, le discours manifeste parfois des
contradictions dans la représentation des contenus éthiques sécurisants de certains
produits, liée à l’association de la marque caution (actant source) et des labels (l’actant
contrôle). Nous faisons l’hypothèse que l’accumulation des labels sur le pack n’est
pas toujours bénéfique pour construire la relation de confiance et augmenter la force
persuasive du discours. L’étude récente « Multi-labellisation socio-environnementale
et consentement à payer du consommateur », effectuée dans le domaine du marketing,
nous a conforté dans cette idée. Selon les auteurs de l’article, « les effets produits par
des combinaisons des labels sont encore mal connus » (Dufeu, Ferrandi, Gabriel, Le
Gall-Ely 2014, p. 4.). En se référant à d’autres chercheurs, ils affirment que « la
présence de plusieurs labels peut accroitre l’incertitude et révéler des influences
diverses sur les comportements des consommateurs » (Tagbata et Sirieix, 2010 ;
Janssen et Hamm, 2012 ; Dekhili et Achabou, 2013). Ces observations nous ont
incités à faire une analyse plus détaillée sur l’expression de l’identité de la marque à
travers son discours et sur l’expression du degré de son engagement dans le discours
qui représente le produit.
Notre article se propose de montrer comment la sémiotique, et plus particulièrement
le modèle actantiel et le modèle de l’action de Jacques Fontanille (Fontanille, 2008a,
p. 280), appelé « la théorie du lien », vont permettre d’analyser la cohérence ou
l’incohérence dans la description de l’identité de la marque et du produit qui se
construit dans la situation même de la communication et ne peut pas en être détachée.
Pour mener à bien cette entreprise, nous analyserons d’abord les particularités du
discours du packaging qui déterminent les conditions dans lesquelles l’échange
commercial et discursif s’effectue. Nous définirons, ensuite, le cadre terminologique
et méthodologique de notre étude. Et enfin, lors de notre analyse, nous tacherons de
décrire la variation du lien éthique qui caractérise le discours des marques.
2. Le packaging comme genre discursif et le choix du
corpus
Nous avons choisi de travailler à partir du discours du packaging de différents
produits alimentaires. Cet intérêt envers ce type de communication n’est pas un