92 P r ofe ssi on nali sa tio n de l a comm unica ti on : ap pro che s sec tor ielles
de l'ensemble de ses interactions avec la marque sur les points de contact mis à sa
disposition par celle-ci » (Ibid., 15). Il apparaît que la personnalisation du parcours
reste toute relative, puisqu'encapsulée dans une vision schématisée et normative.
Ces points d’exemples permettent d’avancer l’hypothèse selon laquelle l’archétype
a une fonction stratégique : simplifier l’ordre des possibles et permettre le passage à
l’action. Parmi les outils pensés pour la mise en place et la gestion de l'expérience
client, les persona illustrent du reste bien la dimension outillée de la gestion en
marketing. Un persona est un portrait de client type, caractérisé par un certain nombre
de données signalétiques, des goûts, des pratiques de consommation : il « est un
archétype, construit à partir des caractéristiques de personnes réelles qui ont des
habitudes, des valeurs et des comportements similaires » mais aussi « qui réagissent
de la même façon aux stimuli d'une expérience client donnée » (Ibid., 16). C'est aussi
« un outil de communication très efficace en interne, qui permet de diffuser la
connaissance client à l'ensemble des employés » (Ibid.).
Aujourd’hui, la fonction marketing ambitionne précisément, avec le développement
du big data, de quitter l'artefact de l’archétype comme outil de représentation, pour
aller vers une connaissance réelle, plus immédiate du client. Se dessine ici un
imaginaire professionnel de l’accès à la connaissance – les nouvelles technologies
permettraient l’omniscience – et de la relation – disposer d’informations personnelles,
c’est pouvoir assurer par la suite le développement d’une relation.
La thématique de la confiance est enfin mobilisée dans une mouvance marketing
dont les catégories réflexives se sont déplacées d’un marketing transactionnel à un
marketing relationnel, envisagé non pas dans le sens d’une révolution éthique du
monde marchand mais dans une optique d’optimisation de la personnalisation de
l’offre : « il existe un modèle dominant d'une relation client réussie, fondée sur un
cercle vertueux : tracer les clients dans toutes leurs interactions, développer une vision
à 360°, personnaliser son offre, etc. » (Deslandres, 2015, 59).
2.3. Mobilisation de la notion de confiance dans l’expertise
professionnelle : la place de la croyance
Si les ouvrages de professionnels édités s’expriment sur la confiance dans un
langage spécifique, balisé par les catégories du métier, les sites web et les blogs de
consultants partagent quant à eux plus librement des opinions sur le rôle et
l’importance de la confiance dans la médiation marchande. Leur vision est moins
stratégique, davantage axée sur la pratique et les techniques de communication. Ces
textes, qui composent le second volet de notre corpus, s’adressent plutôt à des PME
ou à des entrepreneurs indépendants, potentiellement à des profils non marketing, et
se rend d’emblée plus perméable aux représentations collectives et stéréotypées
circulant dans la vie ordinaire.