36 Profe ss ion nalisati on de l a comm u nic ati on : appro che s sec t oriell es
individus, dans la même situation, peuvent faire un autre choix. Elle serait relative,
c’est-à-dire propre à un individu, à ses préférences à un moment donné et enfin, elle
porterait sur des fins (Scieur, 2013). La déontologie fait, quant à elle, référence à
l’ensemble de règles dont se dote une profession « au travers d’une organisation
professionnelle qui devient l’instance d’élaboration, de mise en œuvre, de surveillance
et d’application de ces règles » (Mercier, 2004, p. 5). Comme nous l’avons mentionné,
les mots « éthique » et « déontologie » peuvent être intrinsèquement reliés :
Il y a entre l’éthique et la déontologie une relation nécessaire, sans quoi la seconde
représenterait un système normatif débouchant sur une codification vide de son
sens. Effectivement, dans une telle relation, la déontologie apparait comme une
série d’ordonnances et d’interdictions se superposant, de l’extérieur, à des activités
qui exigeraient pourtant une marge d’autonomie pour qu’elles puissent être
qualifiées de professionnelles. Il y aurait là une contradiction qui aurait comme
conséquence d’invalider la déontologie dans le champ du professionnalisme […]
La déontologie résulte de l’éthique, mais elle ne doit pas s’y substituer ou tenter
d’échapper à sa remise en question qui passe par la réflexion éthique […] L’éthique
professionnelle se situe en quelque sorte en amont et en aval de la déontologie […]
En amont, dans la mesure où elle nourrit cette dernière par des valeurs qui sont
susceptibles d’évoluer ; en aval, pour que les valeurs ayant déjà été normalisées ou
codifiées soient périodiquement remises en question puis révisées […] C’est la
réflexion éthique qui permet de décristalliser la déontologie […] (Giroux cité dans
Bernier, 2005, pp. 59-60).
Pour revenir sur l’articulation entre les concepts d’éthique et de
professionnalisation, de La Broise (2013, p.34) nous invite à considérer la
formalisation déontologique d’une éthique professionnelle ou d’une morale comme
étant des « indices d’une professionnalisation ». Les différents codes et chartes qui
suivent la réflexion éthique sont également vus par Walter comme « une pratique
sociale à part entière [jouant] le rôle d’indicateurs permettant d’évaluer les
transformations éthiques et techniques à l’œuvre dans un champ professionnalisé ou
en voie de professionnalisation » (ibidem). De plus, il insiste sur le fait que « pour les
professionnels, les codes forment bien une « ressource » construite et mobilisée pour
formaliser un modèle ou pour justifier leurs actions, voire leur existence » (de La
Broise, 2013, p.39). La composante éthique d’une activité professionnelle
participerait ainsi à la délimitation d’univers professionnels (Walter, 2005). Elle
constituerait un outil d’édification de l’identité et de la compétence (Walter, 1995).
Bernier considère, quant à lui, qu’il n’est pas possible de faire fi des aspects éthiques
et déontologiques d’une profession puisque c’est au travers de ces idées que peuvent
prendre forme dans la vie quotidienne les libertés et les responsabilités
professionnelles. Pour l’auteur, même s’il parle des journalistes dans ce cas-ci, éthique
et déontologie sont primordiales dans le processus de légitimation d’une profession
(Bernier, 2005, p.25).