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2011). Les professionnels de la communication se trouvent non seulement aux
frontières d’organisations et de mondes sociaux, mais aussi de différents secteurs
professionnels. Kaciaf (2011) reprend le vocabulaire des sociologues interactionnistes
et note le flou constitutif des frontières de la communication « entre ses segments et
vis-à-vis des secteurs adjacents (publicité, marketing, journalisme, etc.) » (p. 9), mais
aussi, dans le cas qui nous intéresse, avec d’autres secteurs, comme celui de la
politique. Il est alors possible de mieux saisir la difficulté, pour la communication, de
s’établir dans de tels contextes hétérogènes (Coutant, 2009).
Cette recherche s’appuie sur un corpus d’une soixantaine d’entretiens semi-directifs
menés avec des personnels des institutions européennes chargés de fonctions de
communication, mais également avec des personnels d’agences d’affaires publiques
et de communication et des personnels d’agences de communication. Ceux-ci ont été
identifiés à partir de documents institutionnels récupérés sur les sites internet des
organisations en question (organigrammes notamment), mais également à partir d’une
recherche sur les dispositifs Twitter et, surtout, LinkedIn. Les entretiens analysés ont
été conduits essentiellement entre mars et juillet 2017, d’une durée s’étirant d’une
demi-heure à une heure et demie. Ils ont été conduits le plus souvent en anglais, plus
rarement en français. Quarante-cinq personnes interrogées proviennent des
institutions européennes, quinze d’agences, et deux sont freelance. Il convient
d’ajouter que ces entretiens s’inscrivent dans une recherche au long cours, entamée
en 2010, sur la communication et les communicateurs de l’Union européenne, qui
intègre d’autres dimensions et d’autres entretiens, qui – s’ils ne sont pas mobilisés
directement ici – participent néanmoins à la compréhension globale du contexte
d’étude.
Les entretiens semi-directifs permettent de « produire des données discursives
donnant accès aux représentations populaires, autochtones, indigènes, locales » (De
Sardan, 2008, p. 54). Les données en question ont « la particularité de “fixer” ou de
“geler” sous forme de corpus des produits directs et “palpables” de l’enquête
empirique de terrain » (De Sardan, 2008, p. 118). Ceux-ci ont été découpés
verticalement (entretien par entretien) pour une première analyse thématique, puis
horizontalement pour une analyse thématique transversale.
Nous nous intéressons, dans le corpus que nous étudions, aux logiques de
présentation de soi, d’exposition de soi, de justification. Dans le cadre d’une approche
compréhensive, il s’agit ainsi de restituer le sens que les acteurs donnent à leurs
pratiques et à leurs activités, pour approcher l’éthos que les individus produisent dans
leur discours.
Afin d’appréhender un tant soit peu le contexte dans lequel la recherche est menée,
quelques données descriptives et contextuelles s’imposent pour tenter, dans un
premier temps, de cerner le milieu. Même si l’évaluation statistique demeure aléatoire,
devant l’absence de littérature scientifique sur le sujet et des informations
institutionnelles très parcellaires, ces indications permettent toutefois de mettre en