Pour des territoires de droits et d'humanité : espoirs pour 2023
Notre dernier numéro de l’année 2022 est consacré notamment à la crise de l’accueil, laquelle s’enlise malgré les nombreuses condamnations de l’État belge par la Cour européenne des droits de l’homme. L’inaction de la Belgique nous interpelle et nous inquiète.
Cette année l’Équipe droits européens et migrations a fêté ses dix ans. Autant que possible, nous l’avons fait avec vous. La fête avait commencé en 2021 avec Patricia, pièce tirée du roman de Geneviève Damas, mise en scène par Frédéric Dussenne à l’Aula Magna. Elle s’est poursuivie lors du colloque intitulé Le temps des territoires les 9 et 10 mai 2022.
Entamant la onzième année, nous formons le vœu de poursuivre la réflexion en réseau pour enrichir mutuellement nos analyses d'un réel complexe et en perpétuel mouvement. Pour compléter les cahiers de décembre, nous voulions partager avec vous l’écrit d’un historien, le professeur Philippe Rygiel. Dans un article court et dense, il partage les réflexions présentées lors du colloque. Il débute en écrivant : « Le rôle de l’historien dans le contexte d’une réunion de juristes est de tenter d’apporter en quelques pages un aperçu de l’histoire du phénomène migratoire, en tant aussi que phénomène politique et susceptible de régulation, qui à la fois apprenne quelque chose à son lecteur et soit pertinent dans le contexte contemporain, alors même que les études consacrées à la gouvernance globale des migrations tendent à mentionner en quelques lignes les périodes antérieures aux années 1990 pensées comme irrémédiablement révolues ». Il invite à y revenir. Cette lecture est essentielle au travail du juriste, qui participe à la construction du droit mais ne doit pas oublier son caractère transitoire et contingent, et parfois insuffisant, face aux phénomènes migratoires – continus et perpétuels. Les autres disciplines sont d’autant plus indispensables que les déconvenues du droit contemporain doivent conduire à une grande modestie.
Au plaisir de vous revoir en 2023 en formant l’espoir que le droit et la garantie des droits fassent des territoires des lieux d’humanité.